Après quelques péripéties, c’est Noël Mamère qui aura été choisi pour représenté Les Verts à l’élection présidentielle. Mais il n’est pas le seul à chasser sur ces terres, puisqu’ils y a pas moins de trois autres candidats qui se réclament de l’écologie : Corinne Lepage (ex-ministre de Juppé), Antoine Waechter le centriste et Brice Lalonde qui fut de gauche lorsqu’il pensait pouvoir y faire sons trou et qui quelques années plus tard soutint Alain Madelin. Il n’est pas sûr, cependant, que ces candidats obtiennent le sésame des maires.
Article paru dans l’Egalité n°94
Le moins que l’on puisse dire du programme de Noël Mamère et des Verts – appelé le Contrat Vert – c’est qu’il abonde en propositions diverses : 160 – c’est mieux que les 101 propositions de Mitterand en 1981, dont 2 ou 3 furent effectivement mise en œuvre. Elles sont divisées en quatre catégories, elles-mêmes subdivisées : La préférence citoyenne et humaine reprenant des propositions sociales ou démocratiques ; la maîtrise des évolutions, des choix scientifiques et techniques, où l’on retrouve les propositions écologiques ; la démocratie participative, où l’on change de République ; et le choix de l’Europe pour une mondialisation écologique et solidaire. Ce Contrat Vert est un véritable florilège de propositions.
Elles sont parfois floues : « défendre le retraite par répartition ». Cela n’implique pas l’interdiction de toute autre forme de retraite. Sa formulation est assez floue pour laisser présager le pire. D’autres fois, les vertes propositions de Mamère sont précises : « plan d’urgence pour la prévention : embauche de 10.000 éducateurs spécialisés ». Parfois elle sont anodines : « pour une loi vélo et roller », mais parfois elles sont ambitieuses : « 400.000 logements pour les SDF ». Il est dommage qu’il ne précise pas si ces logements seront neufs ou s’il les obtiendra par l’application de la loi sur les réquisitions. En somme, on trouve de tout dans le Contrat Vert… un peu comme dans le catalogue de la Samaritaine !
Il serait fastidieux de reprendre une à une, les propositions de Noël Mamère et de les décortiquer. Cependant, je voudrais m’attarder sur ce qui fait prétendument la spécificité des Verts : les propositions écologiques. Les grandes inquiétudes écologiques du moment s’y retrouve.
En ce qui concerne les mesures-phares, il propose l’interdiction des OGM, ainsi que celle des brevets sur les sur les gênes. Mais les brevets dépendent des lois internationales sur le commerce. Noël compte-t-il rompre avec les instances du capitalisme internationale ? La réforme de la PAC pour une agriculture de qualité respectueuse de l’environnement qui permette à tous les paysans de vivre dignement. La PAC ne dépend-elle pas de l’Europe ? Noël compte-il rompre avec l’Union européenne ? La mise en place du protocole de Kyoto.
Il est étonnant que les écologistes s’accroche à cet accord qui permet aux pays riches de polluer en achetant leurs droits aux pays pauvres et en les maintenant sous la domination impérialiste. La transformation de 25% de l’énergie en énergie renouvelable, la sortie progressive du nucléaire. Pourquoi les ministres Verts au pouvoir depuis 1997 n’ont-ils jamais mis en œuvre de telles mesures ? Le développement du ferroutage. Noël est-il prêt pour cela à donné un coup d’arrêt à la politique de privatisation de la SNCF et à donner le budget suffisant pour l’embauche de personnel et la réouverture de lignes. Sans cela, cette mesure restera lettre morte. L’interdiction des sites industriels dangereux au sein des cités. Où les mettre ? A la campagne ? Dans les pays du Tiers-monde ? N’aurait-il pas été plus judicieux de proposer l’obligation de prendre sur les profits patronaux afin de sécuriser tous les sites et de proposer la réquisition sous contrôle ouvrier (et des riverains) des entreprises qui refusent de se soumettre à l’intérêt général.
Depuis cinq ans qu’ils sont au pouvoir, pourquoi n’ont-ils pas mis en œuvre ces revendications, qui sont souvent légitime ? Au lieu de cela, tous leurs ministres ont mené une politique écologique minimaliste, essayant de ménager la chèvre et le chou, où culpabilisant les individus sur leurs comportements – imposés par la société de consommation – sans jamais donner les moyens de changer. La réponse qui s’impose est simple. Les Verts et leur candidat sont incapables de mener la politique qu’ils nous proposent, pour la bonne et simple raison qu’ils ne s’attaquent pas au fond du problème : le capitalisme. C’est le capitalisme qui engendre ce gaspillage et la destruction de l’environnement pour satisfaire à la loi du profit. Et ce n’est qu’en changeant de société pour une société géré par et pour les travailleurs – le socialisme – qu’une politique écologique pourra être mené.
Par Yann Venier