Comment mettre en place une politique de gauche ?

Face au gouvernement Villepin-Sarkozy, beaucoup de travailleurs et de jeunes attendent qu’une nouvelle politique stoppe la précarité, les licenciements, la casse des services publics et l’aggravation des conditions de vie et de travail que connaît la majorité de la population. Certains espèrent que la gauche parlementaire aura une nouvelle politique plus sociale. Beaucoup aussi en doutent après l’expérience de la gauche plurielle au pouvoir.

Article paru dans l’Egalité n°123

Du nouveau à gauche en 2007 ?

Lors de sa visite à l’usine Suchard de Strasbourg, où 123 emplois sont menacés, le 21 décembre dernier, S. Royal a dénoncé des licenciements de « confort » et le soir même s’en prenait aux « licenciements inciviques qui n’ont même pas de raisons économiques ». La candidate PS défend l’idée d’une confiance et d’une responsabilité partagée entre travailleurs et entrepreneurs à égalité. Elle annonce que toute entreprise qui délocaliserait alors qu’elle perçoit des aides publiques, devra les rembourser et dit aussi que l’Etat modulera, (c’est à dire baissera) l’impôt sur les bénéfices si une entreprise innove et investit. Mais elle dit peu des mesures concrètes qu’elle prendrait pour stopper les vagues de licenciements.

Ses positions ont l’air plus sociales, mais la réalité est toute autre. Le PS, avec Ségolène Royal dénonce « les désordres de la mondialisation non maîtrisée » mais ne rejette pas le fondement du système capitaliste, celui d’une minorité, les capitalistes, exploitant pour ses profits la majorité, les travailleurs.

Les vagues de licenciements, les délocalisations, et la rentabilisation et privatisation des services publics sont devenues une nécessité vitale pour les capitalistes pour maintenir leurs profits face à une concurrence toujours plus forte. C’est spécialement vrai pour les capitalistes français en retard et actuellement en mauvaise posture. Malgré cela, pour revenir aux affaires, dans cette situation de crise sociale et politique, le PS préfère faire croire que le capitalisme s’aménage et se contrôle.

Grâce à la spéculation effrénée, les 86 000 plus riches de la planète voient aujourd’hui leurs revenus croître de minimum 6,5% par an et possèdent 24 % de la richesse mondiale. Comment le PS peut-il prétendre que les gros capitalistes vont préférer investir, c’est à dire dépenser de l’argent et bien payer les travailleurs plutôt que de continuer à spéculer ? En fait, le PS se prépare à gérer les affaires des capitalistes sur le dos des travailleurs.

Un vrai programme au service des travailleurs

Un gouvernement réellement au service des travailleurs, des chômeurs, des jeunes et des retraités devrait prendre des mesures claires en faveur des travailleurs. Il annulerait les privatisations comme celle d’EDF GDF et les ouvertures de capital des services publics et re-nationaliserait ces services mais en les plaçant sous le contrôle des travailleurs du secteur et des usagers.

Face aux bas salaires, il les augmenterait immédiatement à 1500€ net et imposerait ce minimum de salaire pour tous les chômeurs et retraités. Contre le chômage, il mettrait en place une véritable réduction du temps de travail, sans perte de salaire et en embauchant avec des emplois stables pour compenser la baisse du temps de travail.

Contre les licenciements et les délocalisations, seule la lutte des travailleurs paiera. Soutenus par le gouvernement, et en grève, ils pourront bloquer la production et prendre contact avec ceux des pays où la production est délocalisée pour se battre ensemble pour des salaires et conditions de travail décents.

Ces mesures ne sont pas révolutionnaires en elles mêmes mais elles s’en prennent directement aux intérêts des capitalistes et donc entrent en rupture avec le système capitaliste. Cette politique est la voie permettant une amélioration durable de la vie des travailleurs et des jeunes en France et devrait être le programme d’un candidat réellement anticapitaliste. Elle montrerait aussi aux travailleurs d’Europe pourquoi entrer à leur tour en lutte et pourquoi s’organiser et prendre en main la société.

Par Leila Messaoudi