Haro sur les HLM, les squatters et la loi de 1948

Après les mesures sociales de la Libération, la funeste loi de 1948 avait rétabli la liberté des loyers pour les immeubles neufs et les logements anciens confortables. C’est à elle que l’on doit la montée régulière des quittances.

Article paru dans l’Egalité n°98

Mais elle avait maintenu le blocage des loyers pour les appartements dépourvus du confort de l’époque. Le nombre des bénéficiaires a diminué régulièrement du fait des démolitions ou des remises aux normes. Mais, sous prétexte que quelques occupants jouissent pour un prix modique d’un logement confortable modernisé par eux-mêmes ou leurs parents, le gouvernement veut abolir cette disposition transitoire plutôt que de la laisser tomber en désuétude. Tant pis pour ceux qui vivent dans des taudis qui n’ont qu’un avantage : leur faible loyer.

Et qu’ils ne s’avisent pas de squatter un logement vide ! Non seulement ils risqueraient comme par le passé l’expulsion à la demande du propriétaire, mais ils auront droit en plus à un relogement provisoire en prison. Les juges pourront éventuellement faire le distinguo entre ceux qui s’installent chez quelqu’un pendant qu’il est en déplacement ou à l’hôpital et la grosse majorité des squatters qui occupent individuellement ou réquisitionnent collectivement (Comité des Mal-Logés, DAL, etc) des logements laissés vides depuis des années par incurie ou spéculation.

Et qu’ils n’envient pas trop les locataires de vieux HLM qui ont des logements modestes et des loyers raisonnables : tous les prétextes sont bons pour raser les cités des années 60 et 70. Il faut démolir 15000 appartements par an. A qui fera-t-on croire que l’on pourra reloger autant de monde à des prix accessibles ? Même si cette guerre aux pauvres provoque le départ de milliers de retraités ou de chômeurs immigrés, il va y avoir rapidement une situation explosive du côté des mal-logés et des sans-logis !

Pour l’anecdote, précisons que la loi SRU, dite loi Gayssot, qui imposait 20 % de logements sociaux dans toutes les villes sous peine d’amende n’a pratiquement amené aucun HLM supplémentaire dans les communes qui étaient en-dessous de la barre fatidique. Si la Droite veut abroger ces articles, ce n’est pas pour rendre la loi plus contraignante, plus « constructive », c’est pour supprimer les amendes frappant les villes trop bourgeoises ! Braves gens !