Face aux attaques des capitalistes, la riposte nécessaire, organisée et combative, des travailleurs et des jeunes tarde à venir. C’est dans ce contexte qu’intervient la question des élections présidentielles.
Article paru dans l’Egalité n°120
En réponse à la véritable logique d’affrontement du patronat et du gouvernement, la colère reste forte dans une large couche de salariés et de jeunes. La lutte contre le CPE en a été une illustration. Néanmoins cette lutte, une fois le retrait du CPE obtenu, n’est pas allée au-delà. Cela n’a pas permis de constituer une première étape de construction d’un mouvement d’ampleur contre l’ensemble de la politique gouvernementale.
En conséquence, le soufflé est retombé. Ce qui permet à un gouvernement complètement décrédibilisé de continuer son programme d’attaques. Ce qui plonge aussi une large couche de travailleurs dans un défaitisme et un manque de confiance dans les possibilités de la classe ouvrière à gagner. Pourtant, de plus en plus de travailleurs et de jeunes refusent la cherté de la vie, les licenciements et le chantage sur les salaires, les conditions de travail de plus en plus intenables, tout en liant toutes ces questions à la politique d’un gouvernement au service des patrons et des actionnaires. Une lutte déterminée liant les revendications salariales et autres à un refus de compromission avec les capitalistes est possible et nécessaire, mais les travailleurs manque d’un outil collectif et national pour l’organiser.
Dans une telle situation, Le PS a eu les coudées franches pour se donner un petit air de gauche contre la politique de Villepin. Concentré sur l’objectif des présidentielles, il continue à tenir un double discours selon ses destinataires. Vu le manque d’une véritable alternative politique à sa gauche, il peut se permettre de jouer sur le mot « socialiste » comme l’a fait Ségolène Royal, tout en positionnant sa campagne bien à droite. D’un côté son programme économique comporte quelques revendications qui peuvent paraître à gauche. Mais d’un autre côté, tous les candidats du Ps passent leur temps à rassurer le patronat.
Il faudrait une candidature pour un nouveau parti des travailleurs
Le PCF avec la LCR font le constat de la nécessité d’une réelle opposition à la politique de la droite. Marie-George Buffet parle de « dynamique populaire antilibérale » construite à partir « d’un programme à partir des luttes ». La LCR met en avant dans sa déclaration après sa conférence nationale « une politique antilibérale conséquente, c’est à dire anticapitaliste, pour défendre et populariser un plan de mesures d’urgence ». Et les deux de souligner la nécessité d’une candidature unitaire pour correspondre au désir d’unité des jeunes et des travailleurs qui cherchent à se défendre contre le gouvernement et le patronat.
L’existence d’une telle candidature commune pourrait contenir en elle-même un certain dynamisme capable d’attirer des jeunes et des travailleurs cherchant une perspective concrète pour ne pas céder au chantage du « vote utile » contre Sarkozy. Mais pour ce faire il faudra que cette alliance dépasse le simple cadre de l’unité pour les élections. Car ce qu’attendent les travailleurs ce n’est pas de découvrir la liste de revendications qu’ils connaissent déjà mais les moyens de les réaliser, par quel programme…
Une alliance électorale ? mais dans quelle perspective ?
Or se limiter à une alliance électorale, c’est vouloir faire croire que cette élection est un moyen en soi pour obtenir une politique pour les jeunes et les travailleurs : par la présence de ministres de gauche voire d’extrême gauche dans un gouvernement PS ? C’est vouloir faire croire qu’il est possible, comme le déclare le PC, de « faire bouger toute la gauche » à gauche, PS compris. Se limiter à une alliance électorale rendrait donc celle-ci même complètement inopérante. Les travailleurs ont avant tout besoin d’un véritable et nouvel outil politique.
Faute de mieux, une grande partie ira voter pour le moins pire en voulant mettre une claque à la droite ou certains, par dépit, pourraient voter pour l’extrême droite. La vraie raison ne sera pas parce qu’il n’y pas de candidature « unitaire ». Mais parce que le refus du PCF, de la LCR, et de LO de tenter de trouver un moyen de mettre sur pieds une initiative basée sur un programme de lutte contre le capitalisme et dans la perspective de la construction d’un nouveau parti des travailleurs, brise toute possibilité d’une candidature « unitaire ».
Une attitude qui exclut les jeunes et les travailleurs du débat
Une fois de plus, une large majorité de jeunes et de travailleurs se retrouvent seuls face à cette question. La nécessité d’un parti qui « nous » défende, qui « nous » représente face aux « politiciens », est présente dans les discussions de nombreux travailleurs. Mais comment y parvenir ? En l’absence d’initiative de la part de forces qui ont une audience nationale, comment des travailleurs isolés dans leur usine ou leur quartier pourraient ils faire ? Du coup, non seulement les travailleurs se sentent impuissant, mais en plus ils ne voient pas quel rôle ils pourraient jouer. Le refus d’initiative de la part des partis à gauche du PS, leurs réunions au sommet mais jamais à la base et en public, sauf entre militants spécialistes, a aussi ceci de terrible qu’il maintient les travailleurs dans la pensée que tout cela se fait sans eux et qu’ils ne peuvent jouer aucun rôle. Pourtant les prochaines élections auraient pu et peuvent encore constituer un véritable tremplin pour avancer vers la création d’un nouveau parti.
Sans attendre, faire face à Sarkozy !
Dans les élections comme toute l’année, nous défendons toujours une telle perspective : celle d’un parti de lutte contre les patrons et le gouvernement, contre ce système capitaliste pourri. Et comme on ne veut pas rester à attendre que les calculs politiciens du PCF, les zig zag de la LCR, ou l’isolement de LO se modifient tous seuls, nous construisons notre organisation révolutionnaire pour le socialisme, en intervenant dans les luttes et en les construisant, en analysant la situation actuelle et en essayant de tracer une perspectives pour que les luttes actuelles préparent la victoire des travailleurs au moyen d’une révolution de masse.
Tous ceux qui pensent également qu’il est temps de s’organiser ne doivent pas hésiter à nous rejoindre !
Par Geneviève Favre