Cette présidentielle est inédite dans la 5ème République ; les deux partis de gouvernement du PS et de lR ne sont pas au second tour. Mais surtout le résultat a été incertain jusqu’au bout, en portant quatre candidats aux alentours de 20% dans les sondages.
MACRON LE CANDIDAT DU SYSTÈME CAPITALISTE SANS LÉGITIMITÉ
Macron, après avoir bénéficié d’une campagne médiatique incroyable grâce à ses amis patrons dans les médias, a su entretenir le flou sur son programme, à coup de grands discours et en surfant sur le renouvellement… alors qu’il a été conseiller puis ministre de l’économie de Hollande ! Du coup, ce qui est révélateur c’est que 46 % des personnes qui ont voté pour lui au premier tour l’ont fait pour qu’il arrive au second tour et batte Le Pen (au second tour 43 % des gens ont voté Macron pour battre Le Pen). Cela veut dire que la moitié de ses voix n’est en aucun cas un soutien à sa politique libérale. Il est en fait largement minoritaire dans la société.
LA VIEILLE DROITE CATHOLIQUE ET LES RETRAITÉS POUR FILLON
Fillon a été l’archi-favori des retraités avec 36 % (et 45 % chez les plus de 70 ans) mais ne dépasse pas les 25 % partout ailleurs. Cela représente un électorat pour lequel les « affaires » font sûrement partie intégrante de la vie politique… et il fallait bien voter pour le candidat de droite par tradition. Son positionnement sur la famille ou le mariage pour tous lui a donné la moitié des votes chez les catholiques. Son score, sans être nul, n’a rien avoir avec celui qu’on lui prêtait après la primaire – de l’ordre de 30 % – et sa chute a commencé dès l’annonce de sa volonté de casser de la Sécu. La droite, qui devait gagner avec Juppé, a réussi à perdre cette élection, mais c’est bien à cause de son programme antisocial.
LE FN MOINS HAUT QUE PRÉVU
Le score de Le Pen, même si il est passé de 16 % en 2012 à 21 % en 2017, est beaucoup plus bas que celui attendu, à 27 % dans les sondages. Cela est dû d’une part à sa tentative de se rendre plus crédible aux yeux de la bourgeoisie en mettant de l’eau dans son vin sur l’euro ou l’Europe et en étant même reçue par le Medef, apparaissant moins anti-système ; mais aussi à ses propres affaires ou à ses propos plus ouvertement racistes en fin de campagne.
Mais le plus marquant, c’est que Mélenchon a réussi à reprendre une bonne partie des électeurs chez les jeunes, les salariés, les chômeurs en incarnant une vraie opposition de gauche. Y compris dans les 14 villes FN, même si Le Pen arrive première, Mélenchon est deuxième avec de forts scores et passe même devant elle à Mantes-la-Ville (78).
SUCCÈS DE MÉLENCHON UN POTENTIEL ÉNORME POUR LA SUITE
Mélenchon et la France insoumise ont fait la meilleure campagne avec les plus gros meetings. Ça a été la première force sur les réseaux sociaux et des nouveautés comme les hologrammes ou le jeu en ligne « Fiscal Kombat ». Il est arrivé en tête en Seine-Saint-Denis, Ariège, Dordogne, Réunion, Guyane, Martinique et dans la plupart des grandes villes dont Marseille, Toulouse ou Lille. C’est celui qui a le plus convaincu chez les chômeurs et les jeunes avec 30 % chez les 18-24 ans. Il est au coude à coude avec Le Pen chez les employés avec 26 % et les bas revenus, à 28 %. Il a mobilisé 40 % des électeurs de gauche c’est à dire autant que Macron et beaucoup plus que Hamon (avec 14,4 %). À chaque fois avec des scores très important dans les bureaux de votes des quartiers populaires comme le Mirail à Toulouse. Ce vote populaire et des jeunes pour Mélenchon ne doit pas rester lettre morte. Il lui donne une grande responsabilité dans la recomposition d’une gauche de combat.
Matthias Louis