Democratic Socialist Movement

C’est par le Nigeria que s’ouvre une série d’articles de l’Egalité qui présenteront les différentes sections de notre Internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière.

Article paru dans l’Egalité n°103

Le DSM (Democratic Socialist Movement) a été fondé en 1986 par des militants socialistes ouvriers et étudiants. C’était sous la dictature militaire, et l’organisation n’a été que semi-ouverte jusqu’en 1998. Durant cette période de semi-illégalité, l’organisation était surtout identifiée par le nom de son journal, Labour Militant (de 1987 à 1994) puis Militant (de 1994 à 1998). L’organisation milite pour la transformation socialiste de la société et s’oppose au pillage des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine par les puissances impérialistes.

La lutte contre la dictature militaire, pour un régime civil et les droits démocratiques a été l’une des campagnes centrales du DSM pendant les 13 premières années de son existence. En conséquence, beaucoup de membres du DSM ont été arrêtés et emprisonnés sans jugement pour de longues périodes, sous les régimes de Babangida et d’Abacha. L’engagement du DSM dans cette lutte a culminé lors de la révolte du 5 juillet 1993, pendant laquelle ses militants ont vendu plus de 10 000 tracts dans les rues de Lagos, après l’annulation des résultats de l’élection présidentielle par la junte du général Babangida. Les conditions du militantisme au Nigeria sont très dures. A la répression continuelle (intimidations, agressions physiques, arrestations arbitraires, licenciements des militants se poursuivent sous le régime d’Obasanjo) s’ajoutent des conditions matérielles très difficiles : par exemple les militants doivent souvent se passer de manger pour pouvoir payer le prix du bus pour venir aux réunions.

Depuis l’instauration d’un régime civil en mai 1999, le DSM a mené plusieurs campagnes pour :

un salaire minimum de 20 000 nairas (environ 135 €) par mois, indexé sur l’inflation.

une éducation et des soins médicaux gratuits pour tous.

une bourse annuelle de 20 000 nairas pour les étudiants de l’enseignement supérieur.

la propriété publique des secteurs essentiels de l’économie sous le contrôle et la direction démocratiques des travailleurs.

la réintégration des militants étudiants et ouvriers expulsés de leur université ou licenciés de leur emploi.

la formation d’un parti de masse des travailleurs indépendant avec un programme socialiste.

Le DSM a aussi fait campagne contre :

la privatisation des entreprises publiques et la commercialisation des services publics.

les suppressions d’emplois.

Il travaille à former une nouvelle génération de militants ouvriers et jeunes dans les idées du marxisme et du trotskisme. Le DSM a également contribué à la construction du NCP (National Conscience Party) depuis sa formation en octobre 1994. Le NCP attire actuellement beaucoup de ceux qui veulent un vrai changement. Le DSM y milite pour la création d’un parti de masse des travailleurs Le DSM édite un journal bimensuel  » Socialist Democracy « .

Retrouvez également les militants du DSM sur leur site Internet : http://www.socialistnigeria.org

Le Nigeria : quelques repères

Avec près de 130 millions d’habitants, le Nigeria est le pays le plus peuplé d’Afrique. C’est un état fédéral depuis son indépendance en 1960. La capitale est Abuja mais la ville la plus importante est Lagos. Le Nigeria est le sixième producteur mondial de pétrole et possède d’énormes réserves de gaz naturel. Plus de 95% des revenus de l’Etat proviennent des taxes sur le pétrole, qui est exporté surtout vers l’Union Européenne. On comprend que cela excite la convoitise des puissances impérialistes qui exploitent les travailleurs et les ressources du pays en soutenant des régimes corrrompus et dictatoriaux. Après l’indépendance en 1960, le Nigeria est marqué par les coups d’état qui se succèdent et une guerre civile qui a fait 1 million de morts entre 1967 et 1970. Une longue période de dictature militaire écrase le pays de 1983 à 1998, sous les régimes successifs des généraux Buhari (qui interdit toute activité politique), Babangida puis Abacha. Depuis 1999, un régime soi-disant démocratique a pris place, dirigé par Olasegun Obasanjo. En fait, c’est toujours un régime violent, autoritaire et corrompu.

Par Pascal Grimbert