Nigeria : Grève générale contre le prix du carburant, le gouvernement Obasanjo obligé de reculer

Après 8 jours de grève générale contre l’augmentation du prix du carburant (voir le précédent numéro de L’Egalité), le gouvernement d’Obasanjo a été contraint à réduire cette augmentation de 15%. Le prix officiel de l’essence est maintenant de 34 nairas au lieu de 40, celui du fioul de 32 nairas au lieu de 38. Par rapport aux prix antérieurs (respectivement 26 et 24 nairas), cette réduction est insuffisante. Mais la révolte des travailleurs nigérians, au-delà de cette victoire partielle, a montré que la victoire électorale frauduleuse d’Obasanjo en avril était réellement usurpée.

Article paru dans l’Egalité n°103

Ce fut la troisième plus longue grève générale au Nigeria, après celle de 1945 qui dura 45 jours, conduite par 45 000 travailleurs du chemin de fer, et celle de 1964 où 800 000 travailleurs firent grève pendant 12 jours.

Comme d’habitude, la police et la justice ont joué leur rôle de fidèles laquais des classes dirigeantes capitalistes, traînant en justice militants et grévistes, les arrêtant par centaines. Au moins 9 personnes ont été tuées par la police durant les manifestations.

Pendant 8 jours, la grève a reçu le soutien massif des travailleurs à travers tout le pays. Le neuvième jour, le 8 juillet, la direction du NLC (principal syndicat) a suspendu la grève. Pourquoi, alors que la grève était massivement suivie et soutenue, n’a-t-il pas été possible d’aller plus loin, d’abord en obtenant le retrait total des augmentations mais aussi le renversement du gouvernement Obasanjo ?

Les camarades du DSM voient deux raisons à cela : d’abord l’absence d’une réelle organisation des travailleurs. Le mouvement de grève a toujours été dirigé et contrôlé par la hiérarchie dirigeante des syndicats, ce qui a freiné le potentiel de la grève. Ensuite, les dirigeants du NLC manquent d’une analyse économique et politique claire et n’ont pas en fait une stratégie politique très différente de celle menée par le gouvernement Obasanjo. Face à cela, le DSM appelle les travailleurs et les jeunes, les militants du NCP qui adhèrent aux idées socialistes, à le rejoindre pour reconstruire le mouvement des travailleurs dont la classe ouvrière a besoin pour se libérer de la pauvreté et de la misère engendrées par le capitalisme.

Par Pascal Grimbert