CNE, CPE… et fin du CDI ?

Depuis de longues années le patronat souhaite un assouplissement des contrats afin de pouvoir licencier les salariés plus facilement. Pour le capitalisme français c’est une nécessité urgente pour qu’il soit aussi concurrentiel que celui des autres pays impérialistes tels que les Etats-Unis, l’Angleterre ou l’Allemagne.

Article  paru dans l’Egalité n°118

En effet, augmenter la précarité du travail accentue la concurrence entre les travailleurs et permet ainsi de baisser le coût du travail (cf L’Egalité n°116). Le patronat pourra plus facilement imposer ses conditions aux travailleurs pour les embaucher. La précarité permet aussi au capitalisme de s’adapter plus facilement aux changements rapides de la conjoncture économique. Autrement dit, les capitalistes veulent faire payer aux travailleurs la crise perpétuelle de leur système économique.

Des petites touches

Le patronat réclame à corps et à cri dans les salons feutrés du gouvernement une refonte du code du travail et des contrats de travail. La mise en place du CNE l’été dernier et du CPE cet hiver par ce gouvernement au service des capitalistes fait parti d’une politique générale de casse des contrats un tant soit peu protecteur pour les salariés. C’est un pas de trois pour mettre fin au CDI et imposer la précarité généralisé.

Une attaque frontale contre le CDI aurait certainement entraîné une réaction massive de la part de la classe ouvrière. Ce genre d’attaque aurait mis les directions des confédérations syndicales dans une situation difficile ; que négocier si un gouvernement du jour au lendemain veut faire disparaître le CDI ? Il est plus simple d’y aller par petites touches, qui en outre rendent plus difficile les mobilisations d’ensemble (selon le principe de diviser pour mieux régner) et qui permettent aux directions syndicales de se montrer dans les cabinets ministériels pour négocier tel ou tel assouplissement sans trop mobiliser. Elles minimisent ainsi les risques de débordement de la part des travailleurs et des jeunes.

Un pas de trois

Le gouvernement a fait passer dans un premier temps l’accroissement de la précarité dans les entreprises de mois de 20 salariés : le CNE. Dans un deuxième temps, il fait passer exactement la même chose dans toutes les entreprises mais pour une seule catégorie de travailleurs – les moins de 26 ans. Parallèlement, une commission ministérielle, à laquelle participe les directions syndicales, travaille à une  » simplification du code du travail « . Elle doit rendre ses résultats cet été. Il est clair que les conclusions de la commission sont déjà connues : plus de flexibilité et de précarité pour tous les travailleurs. Enfin, le gouvernement, prenant appui sur ces conclusions et sur le fait que le patronat et les libéraux disent qu’il y a trop de types de contrats de travail en France, décidera d’élargir les contrats de type CNE-CPE à l’ensemble des entreprises et à l’ensemble des travailleurs. Ainsi, le CDI disparaîtra sans hésitation en trois temps.

Un gouvernement sur le fil du rasoir

Cependant, le fait que le gouvernement ne souhaite pas s’affronter directement à l’ensemble des travailleurs et des jeunes montre qu’il n’est pas si sûr de lui. Depuis quelques années les attaques pleuvent. Et la colère s’amoncelle au sein de la classe ouvrière. Si le gouvernement peut faire passer toutes ses attaques contre les acquis c’est à cause de la désorganisation des travailleurs et de la trahison systématiques des directions syndicales et des organisations politiques de « gauche gouvernementale/capitaliste ». Une mobilisation massive pourrait permettre de revenir sur le CPE et le CNE et empêcher ainsi à court terme la disparition du CDI. C’est dans la rue et en grève que nous mettrons un coup d’arrêt à cette politique et certainement pas dans les négociations avec le gouvernement.

Par Yann Venier