Non à la loi Sarkozy !

Sarkozy, comme tous les gouvernements de droite comme de gauche antérieurs, surfe sur l’idée que l’immigration serait un fléau subi par les populations des pays occidentaux. En ce sens il parle d’immigration « subie » qu’il oppose à son concept d’immigration « choisie ». Il y aurait les bons immigrés et les mauvais. Critère de sélection ? Leur rentabilité pour les entreprises, comprendre « les patrons et les actionnaires ».

Article paru dans l’Egalité n°118
Rentabilité et exploitation

De nouveaux titres de séjour à durée déterminée apparaissent. Quand un patron aura besoin des compétences d’un étranger, ce dernier pourra obtenir un visa pour la France de la durée de son contrat de travail. Le gouvernement indiquera chaque année le nombre prévisionnel de visas que la France serait en mesure d’accepter. C’est, à peine voilée, l’instauration de la politique des quotas et d’une immigration utilitariste, chère aux capitalistes et déjà installée entre autres aux Etats-Unis et au Canada. De même les étudiants étrangers seront sélectionnés par filière, nationalité, niveau d’études, au cas par cas uniquement selon les besoins des capitalistes français.

Tout étranger devra respecter le « contrat d’accueil et d’intégration » pour pouvoir rester en France. Il sera à l’appréciation des maires et des préfets de le vérifier au cas par cas. Mais que signifie cette notion d’intégration sauce Sarkozy ? C’est être bien vu par le maire de sa commune, apprécié par son patron, disposer d’un bon salaire et d’un grand logement ? En fait, en plus de tout cela c’est avant tout être un travailleur docile et licenciable à tout moment.

Il doit bien sûr être célibataire, sa famille étant une charge inutile pour le capitalisme français.

Le regroupement familial est donc une nouvelle fois attaqué et rendu quasiment inaccessible. Il est en effet demandé à l’étranger de justifier d’un niveau de vie supérieur au niveau de vie moyen en France. C’est purement une logique de classe : les riches auront les moyens d’accéder au regroupement familial, les pauvres ne resteront en France que le temps de leur contrat de travail et finiront sans-papiers.

Racisme : base du capitalisme

Car c’est le but des capitalistes : réduire les droits des travailleurs immigrés à néant. Sarkozy y répond en s’attaquant à « la prime à la clandestinité ». C’est ainsi qu’il qualifie le fait de régulariser un clandestin lorsqu’il arrive à justifier dix ans de présence en France, dix ans d’exploitation et de misère. Il veut donc supprimer la carte de 10 ans et ne plus régulariser sous ces motifs. Un clandestin restera clandestin, qu’importe qu’il ait pu créer des attaches, qu’importe qu’il ait passé plus de temps en France que dans son pays d’origine, il doit partir s’il n’est plus utile à son exploiteur. De même les mariages mixtes seront rendus de plus en plus difficiles et soumis au bon vouloir des autorités et les droits du conjoint immigré amoindris.

Ceci révèle la face cachée de cette loi. En effet le but n’est pas seulement de sélectionner les bons immigrés selon leur rentabilité pour les entreprises françaises, le but non avoué est aussi de développer et renforcer la clandestinité de travailleurs immigrés. Partout dans les pays occidentaux des secteurs entiers de l’économie fonctionnent essentiellement avec de la main d’oeuvre immigrée et sous-payée. Ainsi en Irlande, 40000 des 96000 nouveaux emplois créés entre septembre 2004 et septembre 2005 ont été occupés par des travailleurs immigrés.

Obliger les travailleurs immigrés non qualifiés à la clandestinité, c’est pain béni pour les patrons. Les déboutés du droit d’asile amalgamés désormais à des migrants économiques, les membres de familles de travailleurs immigrés ne donnant pas les garanties imposées par le Contrat d’Accueil et d’Intégration, les étudiants étrangers ne correspondant plus aux conditions « Talent et compétences » constituent une donnée économique totalement contrôlable et ajustable selon les besoins du patronat. Sélectionnables et exploitables, virables et expulsables à tout moment sans indemnité ni compensation : on prend,on pressure et on jette ! La loi raciste de Sarkozy répond donc au fonctionnement du système capitaliste.

Dans ce sens, cette nouvelle attaque contre les travailleurs immigrés participe à la politique des capitalistes d’attaque globale des intérêts des travailleurs. La similitude est en effet frappante entre d’un côté la loi Sarkozy et de l’autre le CPE et le CNE. Il s’agit toujours de détruire les droits et les acquis des travailleurs, de les précariser au maximum afin de pouvoir monter toujours d’un cran le niveau d’exploitation tout en bloquant toute possibilité de riposte. Ces attaques sont autant d’étapes dans la lutte des classes.

L’objectif, au delà de la précarisation et de la flexibilisation, est donc d’atomiser la classe ouvrière en la découpant artificiellement selon le statut, l’origine, les conditions de travail, les droits…

Le but est simple : diviser pour mieux régner. Tout d’abord en jouant sur le racisme, en opposant travailleurs immigrés et travailleurs français, présentant les premiers comme les responsables du chômage des seconds et faisant des immigrés des hommes sans droits, différents des travailleurs français. Et en jouant sur la concurrence entre travailleurs immigrés et français, en détruisant toute convention collective, en généralisant le cas pas cas, ce qui constituera une plus grande difficulté de riposte unitaire de la part des travailleurs comme on peut déjà le constater dans des entreprises employant des titulaires de CDI, des vacataires et des intérimaires, français comme immigrés.

Français/immigrés : unité des travailleurs

Face à cette attaque d’ampleur, la classe ouvrière doit se fonder sur sa force : son unité. La loi Sarkozy s’attaque aux plus fragilisés des travailleurs comme le CPE s’attaque aux jeunes, la couche la plus facilement attaquable des travailleurs français. Mais derrière, c’est toute la classe ouvrière qui est visée. C’est tous ensemble, jeunes et travailleurs, français et immigrés, que nous devons combattre l’arme de division des capitalistes. C’est tous ensemble que nous devons combattre l’ensemble de ce système d’oppression pour le renverser et instaurer un système socialiste, fondé sur l’égalité des droits et le contrôle de l’économie par tous et pour tous les travailleurs. Dans chaque lycée, fac, quartier, entreprise, syndicat…nous devons rapidement nous rassembler afin de construire le mouvement de riposte d’ampleur contre la politique du gouvernement et du patronat.

La campagne contre le capitalisme et le racisme lancée par la Gauche révolutionnaire cherche à répondre à son niveau à une telle exigence : en invitant tous ceux qui veulent combattre la politique du gouvernement et le système capitaliste à s’organiser au sein de cette campagne, à y élaborer une programme de revendications et d’actions pour contrer la politique gouvernementale et contre le système capitaliste. Rejoignez-nous !

Les mêmes droits pour tous !
Régularisation de tous les sans papiers !
Participez à notre campagne : Résistance contre le capitalisme et le racisme

Par Geneviève Favre