USA. La violence néonazie à Charlottesville réveille la résistance

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Manifestation contre le racisme à Charlottesville

Ce samedi 12 août, une militante antifasciste a été tuée dans le cadre d’un rassemblement de néonazis à Charlottesville, dans l’Etat de Virginie aux Etats-Unis. La violente suprémaciste blanche qui fut à l’œuvre ce week-end à Charlottesville et à travers les Etats-Unis a agi comme un réveil collectif. Contre la violence raciste, l’intimidation et les politiques gouvernementales réactionnaires, il est nécessaire de construire une puissante force de gauche. Des dirigeants du mouvement social tels que Bernie Sanders, aux côtés des syndicats, des militants des droits civiques, des migrants, des marxistes et d’autres organisations progressistes, doivent intensifier la coordination des manifestations de masse dans chaque ville pour isoler et rejeter l’extrême-droite. Pour pleinement utiliser leur potentiel, ces actions de protestation de masse doivent être liées à la défense d’un programme anti-trump et anticapitaliste afin de rassembler la grande majorité des travailleurs contre le racisme et les idées conservatrices et réactionnaires.

Article de Ty Moore, Socialist Alternative (organisation soeur de la Gauche Révolutionnaire aux USA)

La menace de l’extrême-droite

Depuis l’élection de Donald Trump, les groupes d’Alt-right, de suprémacistes et de néonazis ont organisé des manifestations racistes de plus en plus audacieuses. Ces dernières ont beau être encore limitées en taille, leur nombre augmente et cela renforce la confiance des néonazis et autres suprémacistes réactionnaires. Les centaines de nationalistes blancs qui sont descendus sur Charlottesville le week-end dernier à l’occasion du rassemblement ‘‘Unite the Right’’ visaient clairement à franchir un palier dans l’organisation de leur mouvement.

Alors que le meurtre de la militante antifasciste Heather Heyer par le néo-nazi James Fields était toujours une nouvelle fraîche dans les médias, Trump est appart à la télévision nationale pour condamner la violence et la haine ‘‘de chaque côté’’. En refusant de la sorte d’explicitement condamner les suprémacistes et les néonazis, il a suscité l’indignation immédiate de millions de personnes. Au moins un site d’alt-right a par contre favorablement accueilli les remarques de Trump comme étant ‘‘vraiment, très bien’’.

La clameur générale contre cette manifestation de violence et de fanatisme à Charlottesville démontre quel est le réel rapport de forces dans la société américaine face à l’extrême droite. Des manifestations de masse ont spontanément éclos à travers le pays. Il faut maintenant les coordonner à l’échelle nationale et, à chaque fois que cela est nécessaire, la gauche doit rassembler les organisations communautaires et liées au monde du travail afin de physiquement défendre le mouvement social et les communautés contre les attaques.

Il est cependant de plus en plus clair que les protestations antiracistes ne suffisent pas à faire face à la croissance du nationalisme et du racisme dans la société. Repousser ce danger et construire une résistance efficace contre Trump nécessite une stratégie politique consciente visant à isoler l’extrême droite.

S’en prendre aux racines du trumpisme

La plupart des dirigeants républicains tentent de se distancier des groupes d’alt-right mais, en réalité, leur politique conservatrice et raciste a encouragé la croissance des idées racistes et réactionnaires. Les décennies de politiques menées par les républicains et les démocrates avec le soutien des grandes entreprises concernant la ‘‘tolérance-zéro’’ face au crime, ‘‘l’antiterrorisme’’ qui a servi de prétexte à une escalade islamophobe, l’explosion du nombre d’expulsion de travailleurs migrants, etc. ont créé un climat raciste dont profite l’extrême droite.

La croissance des forces réactionnaires et néo-fascistes ne peut être comprise qu’en tant que phénomène international résultant de la crise profonde dans laquelle est plongé le capitalisme mondial. Les gouvernements capitalistes ont partout assuré l’augmentation spectaculaire des inégalités. Quelques îlots de richesses extrêmes existent au beau milieu d’un océan de pauvreté, d’insécurité économique et de désintégration sociale en pleine expansion. Face à la crise de leur système et à la menace d’une résistance des travailleurs, une partie de la classe dirigeante recourt au racisme, au nationalisme et à l’intolérance pour diviser la population dans le but de rester au pouvoir.

Parallèlement, l’échec de la gauche et du mouvement des travailleurs à proposer une alternative politique audacieuse a ouvert l’espace à des personnages populistes comme Trump. Aux dernières élections, Trump a pu apparaître comme la seule alternative ‘‘anti-establishment’’ contre le règne de Wall Street et de l’élite politique corrompue après que la campagne populiste de gauche de Bernie Sanders a été bloquée par l’establishment du Parti démocrate. En vrai démagogue, Trump a donc pu faire appel aux millions d’électeurs blancs de la classe moyenne qui font actuellement face à la chute de leurs conditions de vie et qui sont furieux contre l’establishment politique corrompu. C’est ce contexte politique et social qui a permis à ses appels cyniques à la fierté nationaliste, à sa rhétorique de bouc émissaires face aux migrants, à sa misogynie crue et à son discours contre le ‘‘bourbier de Washington’’ de bénéficier d’un écho.

Il nous faut une alternative de gauche

La racine fondamentale du trumpisme, c’est la crise du capitalisme. Tout mouvement désireux de lutter efficacement contre la droite doit combiner la résistance au racisme et au fanatisme religieux avec un programme tout aussi audacieux contre la pauvreté, le chômage, l’insécurité du logement, le sous-financement chronique de l’éducation, de l’infrastructure en général, et des services sociaux. Faisons payer les riches ! Vaincre Trump et les groupes d’extrême-droite nécessitera de construire un mouvement de masse reposant sur une vision politique clairement de gauche.

Ce potentiel a déjà été illustré par le large soutien dont a bénéficié Bernie Sanders dans sa campagne pour les primaires démocrates, en particulier dans les Etats qui ont par la suite largement voté en faveur de Trump contre Clinton. Sanders s’est déclaré partisan du socialisme démocratique et est rapidement devenu le politicien le plus populaire du pays. Il s’agit de la plus importante voix d’opposition à Trump. Sa popularité est enracinée dans son appel à ‘‘une révolution politique contre la classe des milliardaires’’ et dans ses revendications concernant un système d’assurance de soins de santé universel, un enseignement gratuit, un programme d’emplois payé par une plus grande taxation des grandes fortunes. Il a su attirer l’attention par ses critiques portées contre les Républicains, mais aussi contre l’establishment du parti démocrate soutenu par le monde des grandes entreprises.

Malheureusement, Sanders n’a pas combiné son programme politique radical à la nécessité de construire un nouveau parti politique de masse pour et par la classe des travailleurs, une étape pourtant résolument essentielle pour unir la résistance croissante contre Trump et en faire un mouvement de masse cohérent.

Actions de protestation de masse et coalitions de défense communautaires

La marche « Unite the Right » de Charlottesville a indigné des millions de personnes, qui cherchent aujourd’hui un moyen efficace de riposter. Il est compréhensible que la violence néonazie ait créé une large sympathie parmi une couche des militants en faveur d’une riposte physique, sous le slogan populaire “Any time, any place, punch a nazi in the face” (À tout moment, n’importe où, mettez une droite à un nazi).

Cette approche risque d’isoler les militants antifascistes et de réduire notre capacité à construire un soutien de masse. Vaincre Trump et l’extrême-droite nécessite de reposer sur la mobilisation de la majorité de la société. Si des dirigeants progressistes comme Sanders – à côté de groupes de défense des droits civiques, des socialistes et des organisations syndicales – construisent énergiquement une force organisée avec des manifestations non-violentes massives, des centaines de milliers de personnes – peut-être même des millions – pourraient être attirées dans les rues dans une démonstration de force décisive contre le racisme et les idées réactionnaires.

Parallèlement, une amère expérience a permis de clarifier que nous ne pouvons pas compter sur la police pour protéger notre mouvement, et encore moins pour défendre les communautés de couleurs et migrantes contre l’intimidation et la violence racistes. Nous ne pouvons compter que sur notre propre force collective et sur notre propre organisation. Chaque fois que cela est nécessaire, le mouvement anti-Trump doit organiser des coalitions démocratiques de défense communautaires pour assurer la défendre de nos manifestations et venir en aide aux communautés menacées.

Depuis les premières heures de la présidence de Trump, Socialist Alternative a été à l’avant-garde de la résistance contre son projet raciste, sexiste et pro-capitaliste. À chaque étape, nous avons voulu lier le mouvement contre Trump et ses partisans d’extrême droite à une stratégie et un programme capables de réunir les travailleurs de toutes origines en un puissant mouvement de masse. Notre message central est que pour lutter efficacement contre la droite, nous ne pouvons pas limiter notre message au fait de simplement dire « non ».

Nous devons lier les luttes défensives d’aujourd’hui à un programme et une stratégie visant à prendre en main le contrôle des entreprises pour mettre fin à l’insécurité économique et sociale qui est le terreau sur lequel se développent le racisme, le nationalisme et le conservatisme.

Le capitalisme plonge le monde de plus en plus profondément dans la crise, l’inégalité sociale, la destruction écologique, les conflits et les guerres. L’élimination complète de tout cela nécessite une transformation socialiste de la société, en expropriant les 500 plus grandes entreprises et banques pour les placer sous propriété et contrôle publics démocratiques afin que les vastes ressources de la société puissent être pleinement utilisées pour satisfaire les besoins humains. Si vous êtes d’accord avec cette approche, rejoignez-nous dès aujourd’hui !