Brèves internationales

1er mai à Hong-Kong

Ce premier mai aura été un jour important pour notre section toute nouvelle section de Hong-Kong. Elle a sorti le premier numéro de son journal : Démocratie ouvrière. Dans un vent humide, banderole rouge déployée, les membres du CIO pouvait ainsi développer les revendications des travailleurs, notamment sur les salaires.

Hong-Kong est une des villes les plus polarisées en terme de différence de niveau de revenu. Les immenses flux de capitaux venus de Chine passent par là. 200 000 millionnaires vivent dans cette cité de 7 millions d’habitants. La misère la plus extrême côtoie le luxe.

Le salaire moyen d’un employé de sécurité est de 5000 dollars de Hong-Kong (540 euros), un tiers des ouvriers gagne moins que 970 euros : dans ce monde d’avidité, il est impossible de vivre correctement pour de nombreux travailleurs. 700 000 personnes travaillent plus de 60 heures par semaine, et il n’y a pas de système de protection sociale.

La revendication centrale mise en avant par notre section était un salaire minimum de 970 euros, et de nombreuses discussions sur le socialisme, les luttes… avec des travailleurs, notamment immigrés ont eu lieu. Une large partie des manifestants étaient en effet des travailleurs immigrés venus des Philippines et d’Indonésie. La manifestation était énorme, avec un fort cortège de la Coordination asiatique des travailleurs immigrés. 110 exemplaires du journal ont été vendus confirmant le potentiel qui existe pour le développement de notre section à Hong-Kong.

et à Kuala Lumpur

A Kuala Lumpur, en Malaisie, la manifestation a été impressionnante malgré la répression policière : des milliers de policiers en uniforme, unité anti-émeute, policiers en civils avaient été déployés. A l’appeldu PSM (parti socialiste de Malaisie, avec qui le CIO entretient des relations et des discussions fraternelles) et de nombreuses organisations de masse dont la Jerit (coordination des opprimés). Le 1er mai en Malaisie avait été une première fois célébré de manière à nouveau publique et significative en 1994. Par la suite, quelques petites manifestations ont été tentées, c’est en 2002 qu’à nouveau une manifestation importante fut organisée, avec l’arrestation d’une 20 aine de manifestants.

Cette année aura donc été un nouveau pas pour reprendre le 1er mai. Décision avait été prise de manifester coûte que coûte, même si cela signifiait des arrestations. Devant la détermination des organisateurs, les autorités ont été contraintes d’autoriser un rassemblement mais ne voulaient surtout pas voir une marche dans Kuala Lumpur.

Mais 2000 personnes ont pu manifester, malgré les hélicoptères et l’encadrement policier. 72 organisations soutenaient la marche, et les discours de travailleurs des plantations, des usines, des étudiants, des paysans… (traduits en tamoul et en chinois), ont eu lieu, ponctués à chaque fois de cris comme « vive les travailleurs » !

Cette percée du mouvement ouvrier pour reprendre le 1er mai en Malaisie fera date.

Grande-Bretagne : grève historique

Le 28 mars dernier, il y avait aussi plus d’un million de travailleurs en grève en Grande Bretagne pour défendre la retraite des travailleurs municipaux. Il s’agit de la plus grosse grève organisée en Angleterre depuis une vingtaine d’années, et même si les médias ont essayé de la passer sous silence, de nombreuses catégories de travailleurs y ont pris part, notamment dans les transports.

Cette journée fait suite aux deux journées de grève de 2005, auxquelles 250 000 personnes avaient déjà pris part et qui avaient fait reculer le parti travailliste de Blair pour maintenir dans l’éducation, la santé et d’autres secteurs de la fonction publique, une pension qui permet aux employés de partir en retraite à 60 ans au lieu de 65. Les principaux syndicats des travailleurs municipaux avaient, quant à eux, décidé de participer à des négociations séparées, pensant qu’ils feraient reculer le gouvernement de la même façon tout en évitant que des membres du Socialist Party, (organisation sœur de la Gauche Révolutionnaire, membre du CIO), élus nationaux du syndicat du secteur public, sans doute trop à gauche, ne participent aux négociations. Mauvais calcul ! Le gouvernement britannique, faute de n’avoir pu trouver un compromis conciliant la fermeté des élus travaillistes locaux et la nécessité pour les leaders syndicaux d’obtenir une petite victoire pour satisfaire leur base, n’a rien accordé aux employés municipaux.

La réussite de la grève du 28 mars montre clairement la colère grandissante en Grande Bretagne contre le gouvernement de Tony Blair, et met une pression considérable sur le parti travailliste avant les élections locales du 4 mai. Le jour même de la grève, les journaux capitalistes appelaient le gouvernement à la fermeté, et développaient l’argument classique des fonctionnaires privilégiés pour raviver les divisions entre le secteur public et le secteur privé. Quand aux principaux syndicats (UNISON, TGWU) ils subissent la pression des travailleurs et ont dû rompre leurs liens avec le parti travailliste en stoppant leurs dons pendant la durée de la grève, et en cessant d’apporter leur aide aux candidats travaillistes pour les élections locales du 4 mai.

Préparer la suite

Les principaux syndicats anglais ont évoqué un appel à deux journées de grève pendant les élections. Mais cela est resté à l’état de menace, et c’était surtout une manœuvre habile des dirigeants syndicaux pour modérer leur base et mettre le gouvernement dans l’embarras. Pourtant, pour obtenir un recul certain sur les pensions des travailleurs municipaux, les prochaines journées de grève doivent constituer un réel temps fort, mais aussi préparer une lutte plus importante. C’est maintenant la réforme des retraites du secteur privé qui est en préparation avec un allongement prévu de l’âge de départ à la retraite de 65 à 69 ans. Le conflit des travailleurs municipaux qui témoigne de la colère de la population anglaise doit être le point d’appui d’une véritable lutte du secteur public et du secteur privé, contre les réformes des retraites.

Le Socialist Party se bat pour que les syndicats appellent à une action nationale liant le public et le privé, et la population en général, pour défendre les pensions de retraite. Egalement, nos camarades ont continuer avec le 28 mars d’avancer l’idée qu’un nouveau parti de masse des travailleurs avec une orientation socialiste, manque cruellement, qu’il serait un outil pour construire cette grève public-privé indispensable et pour lutter contre la politique libérale de Tony Blair, en permettant aux travailleurs de s’organiser.

Par Luc de Chivré