Après la victoire du NON, développer et amplifier les luttes !

Le rejet du traité constitutionnel européen est une victoire pour les travailleurs et les jeunes qui se sont massivement exprimés pour le NON. Même si cette victoire est une véritable claque pour les capitalistes, ceux-ci ne reculent pas et poursuivent leurs offensives. L’arrivée de Villepin-Sarkozy au gouvernement, confirme la volonté d’accentuer la politique de répression menée jusqu’à présent par Raffarin. Il s’agit de la mise en place d’un véritable gouvernement de combat contre les travailleurs.

Article paru dans le supplément de l’Egalité n°113

Il y a les dossiers qu’il veut ouvrir : réforme du Code du travail en vue de plus de flexibilité (et donc de précarité), imposer un « service minimum » dans les transports en commun (pour ainsi amoindrir la force des grévistes et faciliter la privatisation)… Et il y a les dossiers en cours mais qui avaient été suspendus : privatisation effective, par l’ouverture du capital, de GDF, d’EDF et de sa filiale RTE, d’AREVA, démantèlement de La Poste, poursuite de la « réforme » de l’Assurance maladie, du flicage des chômeurs… Tout ça sans parler des salaires qui sont toujours très insuffisants et que ni les patrons, ni le gouvernement ne vont augmenter tant qu’une véritable lutte ne sera pas organisée pour les y contraindre.

Le manque d’alternative et de propositions claires des syndicats et des forces de gauche ne favorise pas la mobilisation. Or, il est nécessaire de concilier la victoire du non, révélatrice d’une augmentation de la radicalisation des travailleurs et des jeunes, et le développement des luttes, afin de construire un véritable rapport de force face au gouvernement et au patronat.

Des directions syndicales qui favorisent l’inertie

Après les mouvements de janvier/février 2005, la journée de grève commune public-privé du 10 mars, la radicalisation se poursuit. Les dirigeants syndicaux parlent sans cesse de négociations, de réunions… mais jamais de véritables actions.

De nombreuses luttes ont eu lieu dans des secteurs différents mais même si elles ont été combatives, elles sont restées isolées. C’est l’exemple des salariés de Total (8 jours de grève après refus de la direction de prendre en charge le lundi de Pentecôte : la direction de Total a du céder), ou des postiers à Marseille pour le secteur public.

Contre les prochaines attaques du gouvernement, pour l’augmentation des salaires, contre les licenciements, il faut une nouvelle journée de grève commune aux travailleurs du public et du privé, aux jeunes…

La classe ouvrière aujourd’hui a remporté une semi-victoire qui lui redonne une certaine confiance. Elle a maintenant besoin de s’organiser pour développer les luttes et les unifier afin de renverser le rapport de force actuellement en faveur de la bourgeoisie et d’enrayer les attaques gouvernementales et patronales.

Les directions syndicales doivent répondre à la radicalisation des travailleurs et appellent donc à ces journées de mobilisation. Mais leur manque de proposition claire quant à la construction des luttes, leur faible mobilisation et leur volonté affichée de sectoriser le mouvement constitue un frein au développement des luttes. Leurs propositions sont bien en dessous des attentes des travailleurs et des jeunes, surtout après la journée du 10 mars.

Les thèmes mis en avant (services publics, emplois, salaires…), sont ceux qui l’étaient lors des mouvements interprofessionnels de ces derniers mois. Les cheminots (rattachés à un secteur traditionnellement ancré dans les luttes) peuvent être à l’origine d’un mouvement d’ampleur. Car il est nécessaire de renforcer et d’élargir leur lutte aux autres secteurs du public et du privé et ce dès le début du mois de juin car le gouvernement et le patronat n’attendront pas pour passer à l’attaque : Schneider electric annonce déjà des licenciements, une obligation de service minimum pour la RATP va être discutée le 17 juin.

Il faudra certainement attendre l’automne pour qu’un mouvement d‘ensemble s’organise. Mais dès maintenant, nous pouvons soutenir et participer aux luttes contre les licenciements, pour les salaires…

Ce qui manque à la classe ouvrière aujourd’hui, c’est un parti des travailleurs de combat qui défende ses intérêts, organise, développe et unifie les luttes dans cette perspective. Un tel parti permettrait aux syndicalistes les plus combatifs de se regrouper et de ne pas laisser les bureaucrates à la tête des syndicats continuer à bloquer les luttes. Doté d’un programme socialiste, il fournira aux travailleurs et aux jeunes les outils nécessaires pour établir le socialisme authentique, seule véritable alternative au capitalisme.

Par Lise de Luca