Après la victoire du NON… Contre le gouvernement et les patrons, il faut un nouveau parti des travailleurs et des jeunes !

Après la victoire du Non, le constat est clair, nous sommes une majorité à rejeter la politique du gouvernement, que ce soit celle de Raffarin, ou celle, qui va être la même, que vont faire de Villepin-Sarkozy. Le rejet de ces politiciens au service du capitalisme continue de croître.

De même, nous rejetons cette Europe des capitalistes, cette Europe des banques et des patrons. Car les deux sont liés : la politique que mènent les gouvernement et le type d’Europe qu’ils construisent.

Ce sont les travailleurs, les jeunes, les chômeurs, qui ont majoritairement rejeté le Traité constitutionnel européen. Mais chacun sait que le vote ne suffira pas à stopper leur politique. De Villepin et Sarkozy sont des serviteurs zélés du capitalisme. Le vote du 29 mai est un encouragement, mais il manque une force qui rassemble tous ceux qui veulent lutter contre les politiques néo-libérales, contre ces politiciens et ces patrons pour qui seule compte la loi du profit.

Parce que «constitution» européenne ou pas, les licenciements, les privatisations, les bas salaires et la précarité… vont continuer si on ne les stoppe pas par une lutte d’ensemble. Ce n’est pas parce que ce gouvernement est « sourd », mais bien parce que, tout comme les autres gouvernements d’Europe, ou comme le gouvernement Jospin avant, leur politique c’est de rester dans le cadre du capitalisme et donc d’obéir à la loi du profit.

Contre le gouvernement et les patrons, il faut du neuf !

Il faut un outil réellement solide, un nouveau parti de combat pour les travailleurs et les jeunes. Un nouveau parti qui lutte réellement contre les capitalistes et pour une société débarrassée de la loi du profit, une société authentiquement socialiste. Seule une telle société, enfin débarrassée de l’exploitation, où l’économie sera organisée démocratiquement par les travailleurs eux-mêmes, pour la satisfaction des besoins de tous et non les profits d’une poignée, permettra une démocratie véritable, et d’en finir avec les inégalités, la misère, le racisme…

Ce ne sont pas les dirigeants de la « vieille » gauche qui a tant de fois été au pouvoir pour mener une politique identique sur le fond avec celle de la droite, qui permettra de construire une alternative à la politique des capitalistes. D’ailleurs, aussi bien François Hollande que Laurent Fabius ne parlent que « d’alternance », et non d’alternative, et nous demandent tous deux d’attendre 2007. Si on les suit, il faut donc que les travailleurs, les chômeurs etc. acceptent encore deux ans de sales coups avant peut être que la « Gauche » n’arrive au pouvoir… Et encore, nulle part Fabius ou Hollande ne précisent quel serait le programme de leur alternance.

Quant aux principales forces du Non, le PCF et la LCR, leurs propositions restent très floues pour le moment.

D’un coté le PCF ne cesse de proclamer son opposition au « libéralisme » (et de temps en temps au capitalisme) mais il n’entend nullement se couper de son allié essentiel pour les élections qu’est le Parti socialiste. Sa dirigeante Marie George Buffet a clairement déclaré qu’il fallait désormais rassembler « au delà du oui et du non », sans jamais préciser si elle parlait des « simples » électeurs ou des dirigeants. La proposition « d’assise pour une autre Europe » auxquelles toute la gauche pourrait participer n’a guère d’autres perspectives que de maintenir la colère actuel dans un cadre qui permette au PCF de peser plus dans son alliance avec le PS.

La LCR se prononce elle aussi pour des assises, ou pour une nouvelle force. Elle parle de « proposer une alternative au capitalisme libéral ». C’est nettement en dessous des attentes de nombreux travailleurs, nettement en dessous également des nécessités actuelles pour faire face au patronat et au gouvernement. Plutôt que d’enclencher une démarche véritablement offensive et dynamique vers un nouveau parti de combat contre le capitalisme, la LCR propose de continuer avec ses partenaires des collectifs pour le non de gauche dans lesquels beaucoup de forces sont loin d’être anti-capitalistes.

Quant à son mot d’ordre « Chirac doit démissionner », à part créer l’illusion que c’est ainsi qu’on change les choses (et cela mettrait juste Fabius, Hollande ou Sarkozy au poste de président), il n’a aucune utilité immédiate. Que le score du Non montre que Chirac est complètement discrédité, sans légitimité, c’est sûr, mais le problème aujourd’hui pour les travailleurs et les jeunes c’est l’absence d’un parti qui leur permette de s’organiser et de lutter quel que soit le président en place, jusqu’à ce que le mouvement soit réellement assez fort pour le renverser et non se contenter de le remplacer.

Il existe un réel danger. Après avoir infligé plusieurs défaites électorales au gouvernement mais aucune par les luttes, beaucoup de gens pourraient être désabusés, et penser que rien ne peut changer. Sans être une perspective immédiate, une telle situation peut se produire si aucune alternative politique n’émerge face aux politiciens capitalistes.

Comment construire ce nouveau parti ?

Une nouvelle force est possible avec un programme de combat contre les patrons et le gouvernement. Autour de la perspective d’une société débarrassée de la misère et de l’exploitation engendrées par le capitalisme, une société authentiquement socialiste, des revendications nous uniraient tous : non aux privatisations, nationalisation sous le contrôle démocratique des travailleurs des services publics déjà privatisés et des entreprises qui licencient, hausse des salaires d’au moins 250 euros, fin des mesures d’annualisation et de flexibilité contenues dans les « accords 35 h » avec embauches équivalentes aux heures ainsi libérées, réduction du temps de travail jusqu’à disparition du chômage, Education gratuite, un logement décent pour tous, égalité entre français et étrangers, contre l’Europe capitaliste pour une Europe des travailleurs…

Cette force devra être démocratique. Un nouveau parti ne se construira pas si dès le départ ses structures empêchent de débattre librement du programme. Il devra donc être ouvert et démocratique, permettant à chacun de s’exprimer, élisant ses responsables de manière démocratique et permettant à tous ceux qui le souhaitent de prendre des responsabilités, autorisant la constitution de plates-formes ou courants pouvant se doter de leurs propres publications.

Ce devra être une force de combat : un parti dont la tâche centrale est d’aider les travailleurs à organiser leurs luttes, à discuter ensemble de la tactique et de la stratégie à adopter pour gagner. Une telle force se construira avec tous les syndicalistes qui veulent réellement lutter, contre les dirigeants syndicaux qui freinent les luttes. Les militants syndicaux pourraient jouer un rôle central dans le lancement de cette nouvelle force en adoptant des motions pour aller dans ce sens, en lançant des appels pour développer concrètement les luttes, pour qu’elles soient les plus massives, organisées et démocratiques possibles. Dans les luttes contre les licenciements par exemple où seule la solidarité active entre travailleurs (par la grève ensemble, les blocages etc.) peut permettre de faire reculer les patrons, le rôle d’un nouveau parti serait crucial. Et surtout, les moyens ne sont pas séparés de l’objectif. C’est par des méthodes de luttes démocratiques, combatives que les travailleurs gagneront, et c’est également ainsi qu’il sera possible de renverser le capitalisme au profit du socialisme.

Le combat de la Gauche révolutionnaire

C’est à la construction d’une telle force que nous voulons contribuer. Un nouveau parti de combat pour les travailleurs et les jeunes est une nécessité aujourd’hui. C’est cela qui fait défaut face aux différents gouvernements et au patronat. Dans de nombreux pays, nos sections participent activement à la création de nouveaux partis. C’est le cas au Brésil notamment, où nous participons à la construction du Parti socialisme et liberté, le P-sol. Ce nouveau parti, co-fondé avec d’autres courants, surtout se réclamant du Trotskysme, a récolté plus de 500 000 signatures de soutien. C’est le seul parti là bas qui se présente en alternative de masse à la politique libérale de Lula.

Un véritable parti révolutionnaire de masse, luttant clairement pour le socialisme reste notre objectif. Seul un tel parti permettra de renverser le capitalisme et de le remplacer par une société démocratique, débarrassée de l’exploitation, une société socialiste. Mais pour construire un tel parti, les travailleurs doivent pouvoir se réapproprier les débats politiques. S’ils avaient réellement cette perspective d’un parti révolutionnaire de masse, la LCR et LO auraient pu lancer une telle initiative : il y aurai eu les haut et les bas de la lutte des classes, mais la radicalisation croissante des travailleurs et de la jeunesse auraient trouvé un instrument et un espace de débat pour aller dans ce sens. De plus elles auraient pu lancer un tel parti sur des bases bien plus offensives que les nouvelles formations qui existent dans différents partis d’Europe. Ces deux organisations ont préféré se limiter à des alliances électorales, et le retard pris semble à chaque tournant de la crise (élections de 2002, grève de 2003, luttes de 2005, référendum…) plus handicapant.

La Gauche révolutionnaire n’a pas d’autre intérêt que l’émancipation de l’humanité par la fin de tout régime d’exploitation. Nous défendrons la nécessité d’un nouveau parti de combat pour les travailleurs et les jeunes dans toutes les réunions, assemblées populaires etc. que ce soient celles initiées par le PCF, la LCR ou autre. Et si de véritables pas en avant sont proposés nous y participerons.

Sans attendre cela, nous souhaitons regrouper tous ceux qui se battent authentiquement dans ce sens, pour la victoire de la révolution socialiste, et en finir avec ce monde où dominent la guerre et la misère. Tous ceux et toutes celles qui se retrouvent dans ce combat et qui aspirent à une société vraiment équitable, démocratique, tolérante, une société authentiquement socialiste, doivent nous rejoindre.