«On en a marre et ça ira peut-être mieux en le disant. Avant je payais les tomates 10 francs et maintenant 3 euros. Les salaires ne suivent pas. Cette constitution c‘est une constitution pour la bourgeoisie, pour les multinationales, pour les patrons. Jamais il n’y a eu un progrès pour les plus pauvres».
Ce sont quelques réflexions de travailleurs, salariés ou chômeurs qui s’expriment dans la presse au lendemain du référendum. La question de l’emploi et du pouvoir d’achat sont les préoccupations essentielles : 66% des gens gagnant moins de 1500 euros par mois ont voté Non. Le oui n’est majoritaire que chez ceux qui gagnent plus de 3000 euros. C’est on ne peut plus parlant.
Dans 18 régions sur 25, le clivage est frappant. Si on regarde la carte des votes, ce sont les régions où traditionnellement les votes ouvriers sont majoritaires où le vote Non arrive en tête : Nord, Haute Normandie Languedoc- Roussillon, et les départements du sud de la France. Le Pas de Calais a voté à 69,5% pour le non. Et nombreux sont les départements où le Non dépasse 53%.
Si Paris, Lyon Bordeaux Strasbourg et Toulouse ont voté oui mais ni Marseille ni Lille. Dans les villes des banlieues, le non est majoritaire la plupart du temps à plus de 70 %
Qui a voté Non ?
Selon l’institut de sondage CSA, 54% des hommes et 58% des femmes ont rejeté le projet de traité de constitution européenne Tous les sondages disent que sauf chez les retraités, le Non est majoritaire dans toutes les tranches d’âge. Il l’est tout particulièrement chez les jeunes : les 18/29 ans ont voté Non à 62% alors qu’on nous a rabâché les oreilles avec l’enthousiasme des jeunes pour cette « belle Europe ». Mais les jeunes, comme les travailleurs, en ont assez de la précarité, et du manque d’avenir.
79% d’ouvriers, 71% de chômeurs, 64% des salariés du public, 56% des travailleurs du privé ont rejeté le traité.
Ce vote est clairement un vote des ouvriers et des paysans. Derrière la formule, on veut autre chose, on veut du neuf, se cache le raz le bol du chômage, des licenciements, de la baisse du pouvoir d’achat. Le rejet de la politique des gouvernements qui se sont succédés au service des patrons est flagrant. Elles dépassent de loin les arguments des souverainistes, ou autres xénophobes.
D’ailleurs le vote Non de droite est minoritaire et seuls 18% des votes Non l’étaient par rejet de l’entrée de la Turquie (Sofres). Le Non est clairement celui des jeunes et des travailleurs. C’est un vote de classe qui a même entraîné les classes moyennes aux cotés de la classe ouvrière.
Article paru dans le supplément à l’Égalité n° 113