Pour contrer le « dumping social », les faibles salaires de certains pays dont les produits viennent « inonder » le marché français, voire par rapport aux fameuses « délocalisations », certains démagogues, au FN ou autre, mettent en avant l’idée du « protectionnisme ».
En gros, on ferme les frontières à certains produits, et on met des taxes énormes sur certains autres. Bien sûr, il faudrait que les autres pays soient gentils et n’augmentent pas leurs taxes sur les produits français ou ne les bloquent pas aux frontières. Sinon, finis les bons chiffres d’exportation des vins, parfums et autres produits « typiquement » français.
Il faudrait ensuite, que les matières premières et les produits bruts que l’économie française importe (on pense évidemment tout de suite au pétrole et à ses dérivés, mais on peut aussi parler de certains produits agricoles, de certains métaux, des matières premières du textile…), ne soient pas concernés. Parce que sinon, on pourra toujours relocaliser des usines, mais s’il n’y a pas de coton, de caoutchouc, ou autre ou s’ils sont payés à un prix exorbitant, l’avantage va être moins que maigre.
En fait, de manière bien plus sournoise,il s’agit de faire entrer dans la tête des travailleurs l’idée que les travailleurs des autres pays sont leurs ennemis, leurs adversaires et que nous aurions intérêt à participer à cette guerre économique.
Du rôle réel des patrons français dans les délocalisations ou la recherche de la main d’oeuvre à bas coût, les « protectionnistes » ne disent rien. Et pourtant, ce sont bien les grandes entreprises françaises (Airbus, Renault, Peugeot etc.) qui font produire dans des pays à moindre salaire. Les mêmes qui nous exploitent ici surexploitent des travailleurs ailleurs. Le protectionnisme leur permettrait juste de faire encore plus monter les enchères au moindre salaire sous prétexte cette fois-ci des droits de douane trop élevés…
Et ces mêmes qui prônent le protectionnisme sont pour la libéralisation des services publics : ils soutiennent ou ont soutenu le démantèlement de la SNCF, la privatisation d’Air France, celle de France Telecom… de même que la libre concurrence dans le secteur financier et bancaire. C’est en fait logique, les protectionnistes défendent une forme de capitalisme, pas les travailleurs et la population, ils sont pour l’exploitation et tentent d’utiliser le mécontentement en avançant une idée fausse, irréalisable, pour pouvoir accuser l’Europe, le mondialisme ou la fatalité… en dressant une barrière nationaliste entre les travailleurs. Car d’un côté, ils prônent le protectionnisme, mais de l’autre ils défendent l’ultralibéralisme.
Au contraire du protectionnisme, nous sommes pour le monopole de service public sur les transports (ferroviaire comme aérien), la nationalisation de l’ensemble du secteur financier, et que la législation sociale pour tout travailleur en France soit celle défendue par les syndicats en France.
Par Alexandre Rouillard