2022 : pour une campagne offensive et anti-capitaliste

Membres de la Gauche Révolutionnaire devant notre stand aux AmFIs

Contribution de la Gauche Révolutionnaire pour les Amphis d’été de la France insoumise. Vous pouvez la télécharger au format pdf ici.

Cinq ans après 2017, la situation politique n’est plus la même. La France insoumise est restée pendant toute cette période une certaine boussole pour une partie des 7 millions de voix qui avaient été gagnées lors de la campagne présidentielle de 2017, face au terrible bilan du gouvernement Hollande-Valls-Macron, mais aussi face à la droite et à Le Pen. Aujourd’hui, la situation est différente après ces années où Macron a amplifié la politique au service des capitalistes du PS et de la droite. Certains, par recherche du moindre mal, peuvent se tourner vers le PS, même si celui-ci n’a pas pu redorer son blason aussi vite qu’il le voulait grâce à l’existence de la FI.

Pour autant, la France insoumise n’est pas devenue une force suffisamment solide, capable d’entraîner de larges couches de la population et des travailleurs avec elle. Quant au reste du mouvement syndical et politique, il est le plus souvent sans orientation indépendante des capitalistes et sans programme à opposer à Macron, comme la crise de la Covid-19 le montre. Les élections régionales ont rendu tout cela encore plus confus, avec des listes qui ont parfois vu cohabiter des membres de la FI avec le PS… On ne peut pas, comme certains dirigeants syndicaux ou du PCF, chercher toujours pour exister les points communs avec les socio-libéraux du PS ou d’EELV. Ce n’est pas ce qu’attendent de nous les jeunes, les travailleurs-es, et la majorité de la population, qui n’en peut plus de ces attaques permanentes sur les conditions de vie et de travail pour le profit des ultra-riches.

Notre politique est une politique de rupture !

La prochaine période va continuer à être pleine de colère. Depuis le mouvement contre la casse des retraites, elle ne cesse de monter, mais c’est sans pour autant trouver de débouché politique ni de structuration pour mieux discuter et s’organiser collectivement. Du coup, faute de discussions, de mises en commun d’expériences dans les luttes et de force politique structurée, aucun programme anticapitaliste n’est saisi comme instrument de contestation par les masses. Ceci laisse la place aux réactionnaires, dans les mobilisations anti-Macron comme ailleurs.

La situation est bien plus complexe qu’en 2017. A l’époque, une partie des jeunes et des travailleur-ses voyaient clairs dans la bourgeoisification du PS et n’en voulait plus au gouvernement, ni de Sarkozy et Cie. Désormais, la crise Covid, la colère exprimée par le mouvement des gilets jaunes mais aussi l’échec de certaines mobilisations comme sur les retraites, marquent notre période et entraînent beaucoup d’incertitude. Une partie significative n’a plus envie de voter, d’autres voteront Le Pen à nouveau, et une partie à gauche, qui a peur de l’avenir, votera peut être en espérant un moindre mal qu’incarneraient le PS ou EELV, espérant une situation sociale et politique moins tendue. Sans parler des candidatures nombreuses à la gauche du PS, aux électeurs-trices desquelles la FI doit s’adresser pour entrer en discussion.

Combattre la confusion politique

Il n’est pas sûr qu’on retrouvera un niveau de discussions et d’attention comme en 2017 autour de l’Avenir en commun et des meetings massifs où Jean-Luc Mélenchon pouvait à la fois présenter un programme de réformes sociales et une dénonciation forte du capitalisme. Même s’il faudra tout faire pour développer cette conscience anti-capitaliste et ce lien avec les luttes des travailleurs. Il faut donc concentrer nos forces sur des questions vitales. En finir avec les licenciements, défendre et étendre les services publics, stopper la destruction de l’environnement, un vrai avenir pour la jeunesse, une société tolérante avec la fin des discriminations racistes, sexistes…

Prenons l’exemple du service public de santé : nous sommes pour le défendre. Comment ? Il faut évidemment des embauches, des augmentations de salaires, la gratuité des soins, la levée des brevets sur les vaccins, etc. Mais dans notre société où la dictature du profit écrase tout, cela ne peut suffire. Le privé et la loi du marché plombent tout, même les services publics. C’est justement parce qu’on a laissé coexister des secteurs publics et privés qu’aujourd’hui, même les derniers services publics obéissent à la loi de la rentabilité, contre les intérêts des personnels et des usagers. Le secteur privé doit être remplacé par des monopoles de service public, dans la santé, les transports en commun, l’eau, l’énergie, les banques/assurances, l’éducation… Et cela ne pourra se faire qu’en (re)nationalisant et expropriant les services publics privatisés. Celles et ceux qui travaillent et utilisent ces services doivent les gérer collectivement et démocratiquement. Si, par exemple, il y avait eu un contrôle et une gestion démocratique de la Santé, aujourd’hui, la question du vaccin ne se poserait plus de la même manière car tout le monde saurait comment il a été produit, combien il y en a… et il serait public et gratuit.

C’est ce type d’exemple qu’il faut dire et populariser ! Mais ce ne sont que des bribes de ce que ferait un gouvernement des travailleurs. Nous le savons, c’est tout le système qu’il faut renverser, tant pour l’humanité que pour la planète. Pour en finir avec toutes les horreurs et aberrations actuelles, la question d’en finir avec le capitalisme est posée. Et ainsi, l’enjeu de remettre à l’ordre du jour l’objectif d’un programme anticapitaliste ferme : la nécessité du socialisme, par la propriété publique des grands moyens de production, permettant de planifier et de gérer l’économie en fonction des besoins de toutes et tous, seul système capable d’en finir avec l’exploitation, la destruction de notre environnement, les guerres, les injustices et les discriminations. Cela devrait faire partie de nos discussions militantes aussi.

Une campagne JLM 2022 offensive : anticapitaliste et de classe

La France insoumise n’est déjà pas un outil suffisamment solide pour les insoumis-es et nos sympathisant-es pour résister. Mais ce n’est pas en se dissolvant davantage encore que cela s’arrangera. De nombreux-ses insoumis-es sont en attente d’un saut qualitatif. Il est donc important de pouvoir s’organiser efficacement de discuter et décider ensemble dès les mois à venir. Une campagne militante sera en priorité en direction des jeunes, des travailleurs-es, des luttes dans les entreprises, dans les quartiers car ce sont elles et eux qui sont essentiels pour la société ! Et d’essayer de créer et de se structurer autour de comités de soutien à la campagne qui peuvent discuter, agir ensemble et décider.

En 2022, la victoire politique, tout comme en 2017, ne repose pas uniquement sur l’élection ou non de notre candidat. Les 7 millions de voix constituaient une opportunité. Aujourd’hui, plus encore, notre camp a besoin de sentir sa force pour avancer. Il a besoin de victoires sociales et politiques. Si une force politique plus claire et solide émerge de cette campagne, même plus petite que les 500 000 insoumis de 2017, alors les capitalistes ne seront pas sereins et ce sera une des victoires nécessaires pour les travailleur-ses, les jeunes et la majorité de la population afin d’ouvrir la voie de la contre attaque face aux capitalistes.

Notre campagne doit permettre de renforcer nos idées autour d’un programme anticapitaliste, de classe et de se structurer et s’organiser. Il faut dans le même temps ouvrir les discussions et inviter largement à discuter de la création d’une nouvelle force politique, un parti de masse, de lutte, démocratique, anticapitaliste qui se bat pour le socialisme.

C’est ce que va défendre la Gauche Révolutionnaire dans les prochains mois, tout en développant notre propre programme socialiste révolutionnaire et nos propositions pour construire une lutte de masse contre la politique de Macron. Venez en discuter avec nous !