Gauche révolutionnaire congrès de (re)fondation

La Gauche révolutionnaire va franchir une nouvelle étape. Les progrès significatifs faits ces derniers mois, depuis l’amélioration de notre intervention politique jusqu’au recrutement de nombreux nouveaux membres, les batailles auxquelles nous allons devoir participer de manière directe (attaque sur la Poste, nouvelle loi contre le service public d’éducation…) sont autant d’éléments qui demandent que la Gauche révolutionnaire renforce ses structures et se dote de textes plus approfondis permettant de se positionner comme une organisation à vocation nationale.

Article paru dans l’Egalité n°110

Nous avions décidé en septembre 2001, après plus de six mois de débats, de nous relancer en tant qu’organisation indépendante. Ceci faisait suite à la décision de l’ancienne direction nationale de la Gauche révolutionnaire d’intégrer la LCR au motif que celle-ci aurait évolué sur la gauche et constituerait le passage obligé vers un nouveau parti des travailleurs. Force est de constater que notre analyse contenue dans le texte adopté en septembre 2001 s’est révélé plus juste : « l’émergence d’un nouveau parti des travailleurs reste une nécessité. (…) un espoir pouvait naître autour des élections européennes de 99. La liste commune LO-LCR résonnait comme le début d’une alternative. (…) l’alliance LO-LCR s’est cantonnée à n’être qu’un bloc électoral. (…) La question [d’un nouveau parti des travailleurs] n’a pour l’instant aucune traduction concrète. »

Nous avions alors décidé de « reconstruire la Gauche révolutionnaire, c’est à dire une organisation révolutionnaire solide, dynamique » et qui ne « ménage pas ses efforts pour que les luttes visent bien le renversement du capitalisme et l’instauration d’une société socialiste et démocratique ».

La GR partait avec des forces assez faibles : une douzaine de militants sur Rouen, et des militants isolés sur deux ou trois villes. C’était notre volonté, dès le départ, de nous consolider politiquement, de nous comporter comme une organisation, qui s’adresse de manière large aux travailleurs et aux jeunes tout en essayant de recruter les plus conscients d’entre eux, que nous avons passé la première étape. Le fait d’aborder l’ensemble de l’analyse de la situation politique, économique et sociale d’un point de vue international (et le fait d’être membre du Comité pour une internationale ouvrière a joué un rôle énorme pour cela) nous a permis de ne pas tomber dans le sectarisme ou l’opportunisme.

Un bilan plus qu’encourageant

Nous avons cherché avant tout à consolider le groupe initial sans jamais nous isoler ni nous replier sur nous mêmes. Il était évident que nous ne pouvions nous contenter d’un groupe local, mais également qu’il n’y aurait pas de réelle construction dans d’autres villes tant que la section dans la ville d’origine n’était pas suffisament consolidée. Toutes les positions, et la publication de l’Egalité en attestent : s’efforcer de partir d’un point de vue national ou international et non partir d’une réalité locale. Nous sommes intervenus dans un maximum de luttes (depuis les plans de licenciements de LU-Danone en 2001 à Calais et Evry jusqu’à la lutte contre les licenciements à l’usine Blédina du groupe Nestlé à Saint Memet près de Marseille), dans la plupart des manifestations nationales ou des rassemblements.

Nous avons à chaque fois que possible donné une analyse et une orientation qui s’efforçait de tracer la route vers le socialisme en partant des questions concrêtes et immédiates. Nos analyses sur les dernières élections, la lutte à EDF-GDF, etc. se sont à chaque fois vérifiées. A aucun moment, nous n’avons mis en doute la capacité révolutionnaire de la classe ouvrière et la nécessité de renverser ce système pourri qu’est le capitalisme. Notre objectif est la création d’un parti révolutionnaire de masse, seul moyen de permettre aux travailleurs de prendre le pouvoir et d’organiser l’économie de manière planifiée et démocratique pour la satisfaction des besoins de tous.

C’est fort de cette orientation que notre croissance faible entre 2002 et fin 2003, s’est accélérée. Notre analyse de la crise du capitalisme qui s’enfonce chaque semaine dans des contradictions plus importantes encore (à l’image de la situation en Irak), révélée juste et indispensable pour avoir une orientation correcte dans la période actuelle.

D’une intervention régulière dans deux villes (Rouen et Nanterre), nous sommes désormais en mesure de nous construire également à Caen, Marseille, Amiens, Paris, Lille, Le Havre, Evreux…

Congrès en décembre

Ce sera le premier congrès car nous souhaitons indiquer clairement qu’il n’y a pas de continuité complète avec les années précédant septembre 2001. Lors de ce congrès, nous allons notamment discuter de nouveaux statuts, débattre d’une résolution analysant la période actuelle, et adopter un texte fondateur : « notre projet politique ». Il s’agira dans ce texte, qui sera nourri de nombreux débats dans l’organisation, de préciser quel parti nous voulons construire, dans quel objectif, etc. Ce texte permettra de présenter plus précisément la Gauche révolutionnaire aux nouveaux membres, mais également de comprendre quelle est l’ampleur de la tâche qui nous attend : un parti révolutionnaire devra faire face à de grandes dificultés et à de grandes attentes de la part de la classe ouvrière.

C’est avec un véritable enthousiasme que nous allons travailler dans les semaines qui viennent, tout en continuant de mener les combats qui sont les nôtres dans le quotidien de la lutte des classes. Nombreux sont les travailleurs et les jeunes qui veulent lutter et s’organiser, mais la trahison des anciens partis ouvriers, l’inertie des directions syndicales, le refus des principales organisations d’extrême gauche de prendre de véritables initiatives en rendent plus d’un méfiant. La classe ouvrière est la seule classe révolutionnaire, la seule qui par sa place dans l’économie peut émanciper toute l’humanité. La jeunesse peut jouer un grand rôle en se tournant vers les travailleurs, en redonnant une véritable actualité au programme socialiste révolutionnaire, en refusant les compromissions et les manoeuvres politiciennes. La Gauche révolutionnaire se tourne résolument vers ces jeunes et ces travailleurs qui veulent non seulement lutter contre les attaques des capitalistes et veulent en finir avec elles. Il n’y a pas de fatalité, si on lutte, il est possible qu’on perde, si on ne lutte pas, on est sûr de perdre.

Nous sommes confiants, en France comme dans les 37 autres pays où le CIO est présent, qu’une nouvelle génération va reprendre le drapeau du socialisme révolutionnaire, et ayant compris les leçons du passé, sera prête à aller jusqu’au bout pour en finir avec ce système qui n’engendre que guerre et misère, et pour construire le socialisme dans le monde entier.

Par Alex Rouillard