USA : Une fausse croissance

La “croissance” récente de l’économie américaine repose sur une baisse énorme des taux d’intérêts (proches de 0%) qui facilite donc la contraction de crédits. Grâce à ces faibles taux d’intérêts à court terme, les ménages américains ainsi que les entreprises peuvent acheter et investir. Cependant, cela signifie aussi que l’économie américaine fonctionne à crédit…

Article paru dans l’Egalité n°110

La récente croissance a créé 1,9 millions d’emplois de 2000 à 2003, mais en a détruit 3 millions (dont 1 million de délocalisations). Ces emplois sont surtout créés dans les services et sont des emplois précaires qui ne permettent pas vraiment aux travailleurs de vivre décemment (Et donc de ne pas consommer!).

L’économie américaine est face à un problème qui est lié à la façon même dont fonctionne le capitalisme. Pour augmenter leurs profits, les capitalistes doivent réduire les coûts de production ; cela passe par des baisses ou des gels de salaire, l’augmentation du temps de travail, ou des licenciements (même production mais avec moins de travailleurs à payer !), dans le même temps ces attaques sur les conditions de travail risquent de se répercuter sur la capacité des ménages à consommer. Aujourd’hui cette hausse de la consommation, donc de la production, crée une pression sur les prix et une concurrence accrue. L’offre de marchandises est supérieure à la demande : il y a un risque fort que les prix baissent sur une période prolongée, c’est la déflation.

Une crise de surproduction accompagnée d’une hausse des taux d’intérêts avec un déficit budgétaire de 422 milliards de dollars pourrait jeter l’économie américaine dans une crise sans précédent, qui du fait de la mondialisation aurait des effets immédiats sur l’économie mondiale. A cela on doit aussi ajouter une inconnue de taille : le coût futur de la guerre en Irak. Elle a déjà coûté 396 milliards de dollars en 2003 et pourrait atteindre 500 milliards de dollars en 2004 !

Bush et Kerry: deux partis, un même programme

Bush et Kerry sont tous les deux des candidats bourgeois, simplement soutenus par des lobbies différents. Leur politique économique et sociale est très proche, seules les modalités diffèrent. Etant donné la situation économique incertaine, leur principal souci est de convaincre les patrons qui financent leur campagne qu’ils vont s’en mettre encore plus plein les poches sans que les travailleurs soient trop suspicieux. Etant donné l’incertitude de l’économie leur marge de manœuvre est faible. Que ce soit la politique fiscale ou la réduction du déficit budgétaire, les résultats dépendent en grande partie de la situation en Irak et de la capacité de la classe ouvrière à continuer d’encaisser ou à entamer une ère de résistance.

Ces élections montrent de façon flagrante le manque cruel de représentation politique indépendante de la classe ouvrière américaine. Et l’attitude du principal syndicat, AFL-CIO, démontre que l’alternative ne viendra pas non plus de ce côté. Certains syndicats ont appelé à une marche d’un million de travailleurs pour le 18 Octobre. Au lieu de faire de cette date une échéance politique et de lutte centrale, l’AFL-CIO* a ordonné à ses syndicats de base de ne pas mobiliser pour cette initiative et de n’y apporter aucun soutien (pas même financier). Le principal syndicat US est engagé dans la campagne Kerry et a donné 160 millions de dollars à sa campagne, somme qui aurait bien plus utile pour organiser et étendre les luttes (qui existent, même si on en entend peu parler!) Pour renouer avec ses traditions de lutte des années 30, et dans une moindre mesure dans les années 1970, la classe ouvrière américaine a besoin d’un parti indépendant des lobbies patronaux et de la bourgeoisie qui défende ses intérêts, organise les luttes et leur donne une vraie analyse anti-capitaliste, pour une alternative socialiste. C’est ce que mettent en avant les membres de Socialist Alternative, la section du CWI aux USA.

Par Virginie et Gigliola

*AFL : American Federation of Labour
CIO : Congress of industrial organisations
CWI : Comité pour une Internationale Ouvrière (Internationale à laquelle la Gauche Révolutionnaire appartient)