Bras de fer entre les cheminots de Montélimar – Pierrelatte et leur direction

Depuis le 1er mai, les cheminots des gares de Pierrelatte et Montélimar sont en grève tous les week-end pour défendre les emplois menacés sur leur bassin.

Voici une interview de Rémi Fumat, cheminot syndiqué à la CGT.

RM : Peux-tu nous expliquer ce qui a déclenché votre mouvement de contestation ?
RF : Les cheminots luttent contre une énième réorganisation sans fondement économique qui vise à supprimer 20% d’emploi de vente et d’escale dans les gares de Montélimar et Pierrelatte alors que notre bassin d’emploi est déjà sinistré par la mise en place de la commande centralisée des aiguillages à Lyon et bientôt une nouvelle réorganisation des brigades d’entretien du réseau.

Nous avons décidé d’engager le bras de fer par la grève tous les week-ends depuis le 30 avril et nous revendiquons un emploi supplémentaire sur le périmètre afin d’ouvrir les guichets de 6h à 20h tous les jours dans ces gares (1 pour Pierrelatte et 2 pour Montélimar).

Nous voulons étendre les horaires d’ouvertures pour répondre aux besoins des usagers et pérenniser nos emplois. Notre pétition, qui va dans ce sens, rencontre un vrai succès.

RM : Y a-t-il à ce jour un dialogue ou une réaction quelconque de votre direction ?
Qu’envisagez-vous pour la suite du mouvement ?

RF : Même avec 75% de grévistes en moyenne et 90% le 4eme week-end, la direction nous méprise parce que notre grève n’impacte pas la circulation des trains.

C’est pourquoi nous nous organisons pour durer plusieurs mois avec des actions de sensibilisation de la population et des élus locaux, et pour élargir le conflit sur Drôme/Ardèche.

Nous avons également ouvert une caisse de grève pour que les difficultés financières ne soient pas un frein à la lutte. Les dons sont les bienvenus, par chèque ou virement en demandant un RIB par mail : montelimar@cgtcheminot.fr

Nous envisageons un envahissement du siège mais nous savons que notre victoire repose avant tout sur la mobilisation de la population, usagers et élus locaux/régionaux.

RM : Les coupes dans les services publics sont devenus monnaies courantes sous les derniers gouvernements. Elles se sont accélérées avec Macron et ne sont pas prêtes de s’arrêter sous son 2ème mandat. Comment votre lutte s’articule-t-elle avec celles de la SNCF au niveau national ?

RF : Nous menons trois autres combats d’intérêt local ou national.

Celui du retour des trains de voyageurs en Ardèche.

Nous militons activement au sein d’un collectif qui regroupe des associations d’usagers, des partis politiques et de élus locaux.

Notre première bataille consiste à permettre à la population du Teil et alentours de pouvoir emprunter les trains de la région OCCITANIE. Trains, qui pour des raisons techniques viendront faire demi-tour au Teil avant de desservir les gares entre Pont-Saint-Esprit et Nîmes. Un premier rassemblement réussi le 20 mars devant la gare du Teil a permis d’entendre tous les exécutifs régionaux et locaux prendre position pour le retour du train et une motion a été déposée à la région pour que la SNCF fasse son maximum pour que des voyageurs puissent monter et descendre au Teil dès cet été. D’autres actions sont en cours de construction.

Nous menons également la bataille régionale pour la future convention TER AURA dont le contenu est en cours de rédaction par l’exécutif régional.

Notre action vise à faire s’exprimer les usagers sur leurs besoins de transport pour les allier aux besoins des travailleurs du rail.

On a organisé deux journées de diffusion à destination des usagers où l’accueil est toujours chaleureux.
Beaucoup nous parlent de la nécessité d’avoir de la présence humaine en gare et, pour nous qui sommes en limite de deux régions, de ne pas avoir de rupture de charge avec des correspondances trop longues en gare de Valence ou d’Avignon.

Bref, rien de mieux qu’une entreprise unique et intégrer pour réaliser plus de liaisons entre Marseille et Lyon et pour remettre des TGV pour Montélimar-Paris.

La mise en concurrence n’est pas l’expression d’un besoin des usagers. Ils sont conscients que ça n’apportera aucun bénéfice mais plutôt des complications.

Enfin, nous luttons contre le libéralisme sous toutes ses formes.

Le 28 juin, les ministres des transports européens seront présents à Lyon et la CGT entend bien porter ses revendications ce jour-là ! Nous serons en manifestation à 13h Gare des Brotteaux.

Les politiques libérales européennes sont des points d’appuis de nos gouvernants pour détruire méthodiquement les services publics français alors nous n’allons pas rater l’occasion d’exprimer notre opposition et faire connaître nos propositions alternatives en matière de gestion des transports.

RM : Comment tous ceux qui veulent vous soutenir dans la défense d’un véritable service public du transport sur rail peuvent-ils s’y prendre ? 

RF : Nous constatons que les associations usagers ou les collectifs locaux bien structurés ont un poids important quand ils mobilisent les citoyens et interpellent les élus.

C’est le cas dans la vallée du Diois où le collectif « ligne de Die ligne de Vie » sauve depuis plusieurs années le train dans la vallée et la présence humaine dans les gares de Die ou Crest.

C’est ce qui nous manque actuellement à Montélimar ou Pierrelatte car la mobilisation seule de travailleurs du rail ne suffit pas.

Les partis politiques ont un rôle important dans la structuration des collectifs. Chaque ville, chaque village gagnerait à monter un collectif militant de sauvegarde de tous les services publics.

Faire bloc à chaque attaque et savoir défendre ses intérêts de classe est primordiale. Tout comme savoir dépasser les clivages partisans quand les objectifs de lutte sont clairement définis et partagés.