Défier Macron et les politiques capitalistes. Quel programme pour un gouvernement Mélenchon ?

Avec l’alliance électorale de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES), des millions de travailleurs et les jeunes entrevoient enfin la possibilité qu’une autre politique soit menée. Une politique en rupture radicale avec celles que nous subissons sous Macron, Hollande, Sarkozy… qui n’ont servi que les intérêts des plus riches et des grands capitalistes, précarisé la population, tout en s’appuyant sur le racisme pour nous diviser. Profitons de cette période de secousses politiques pour discuter de comment défendre nos intérêts.

Par Cécile Rimboud, article paru dans l’Egalité n°210

Un échec à Macron et une brèche

Un gouvernement Mélenchon, par une victoire aux élections législatives des 12 et 19 juin de la NUPes, serait un véritable échec pour Macron. Ça voudrait dire un nouveau rejet massif de la politique du Président des riches et l’exigence d’autre chose. Et la classe capitaliste, qui n’a pas de solution de rechange à Macron pour le moment, se retrouverait dans une formidable crise politique, ne sachant pas quoi faire. On voit déjà qu’ils paniquent, et font tout, à travers leurs politiciens et leurs médias, pour discréditer Mélenchon.

À la Gauche Révolutionnaire, nous luttons pour chaque opportunité qui permette aux travailleurs et aux jeunes de faire avancer leurs revendications et de prendre confiance en leurs propres forces. Et justement, la formation d’un gouvernement Mélenchon ouvrirait une brèche dans laquelle pourraient s’engouffrer massivement les travailleurs et les jeunes pour dire : « Allez, maintenant, mettez des profs dans l’Éducation et des soignants à l’Hôpital ; créez des emplois publics partout, mettez la retraite à 60 ans et une 6e semaine de congés pour toutes et tous, rendez-nous notre EDF, et toute l’Énergie tant qu’à faire, nos autoroutes et tout ce que vous avez ouvert à la concurrence/privatisé, et allez donc prendre l’argent dans les poches des capitalistes plutôt que dans les nôtres… ».

En fait, une telle brèche pourrait vite se transformer en vraie ouverture, avec une situation très favorable à des mobilisations telles qu’on pourrait obtenir bien plus que ce que défend le programme de Mélenchon, l’Avenir en Commun.

Préparons les batailles nécessaires

Mais ce gouvernement sera aussi limité. Déjà parce que les institutions sont nombreuses pour le bloquer. À commencer par la présidence elle-même ! En effet, le Président peut tant refuser de signer les décrets que dissoudre l’Assemblée nationale, mais aussi s’accorder des pouvoirs exceptionnels (comme on l’a déjà vu à plusieurs reprises : état d’urgence sanitaire par exemple) et, en gros, décider tout seul.

Par ailleurs, l’Histoire récente a déjà montré, avec des exemples comme la Grèce, que même les plus combatifs peuvent vite capituler. Alexis Tsipras, qui s’était ainsi fait élire sur un programme très combatif d’en finir avec l’austérité et les privatisations, a très vite fini par accepter, au contraire, sous pression de l’UE et du FMI, une nouvelle série de mesures d’austérité à une Grèce déjà ravagée par la crise.

Mélenchon dit que la Grèce n’est pas la France. En effet : la classe capitaliste française est l’une des pires et des plus puissantes du monde. Il est certain qu’ils ne laisseront pas grignoter leurs intérêts sans rien dire, juste parce que Mélenchon a dit que ce serait mieux comme ça. Au contraire, ils vont mettre une pression énorme pour saboter tous ces efforts. Et il faudra que notre camp soit plus fort qu’eux pour empêcher Mélenchon de reculer.

Rapport de force

Mélenchon lui-même l’a dit : « on ne changera pas tout du sommet ». Il faut préparer cette situation au sein même de la campagne législative en s’organisant dès maintenant, et en se préparant à des mobilisations de masse qui devront à la fois soutenir certaines mesures (retraite à 60 ans, augmentation des salaires avec des mobilisations dans les entreprises…), mais aussi pousser sur nos revendications. Pour que l’économie soit réellement « au service des êtres humains et soucieuse de la Nature », comme dit Mélenchon, alors il est nécessaire qu’on puisse la contrôler. Et donc que non seulement EDF, mais aussi toutes les grandes entreprises qui dominent l’économie, y compris tout le secteur bancaire, soient mises en propriété publique, et sous le contrôle démocratique des travailleurs et de la population. C’est ainsi qu’on pourra planifier démocratiquement et écologiquement l’économie et satisfaire peu à peu les besoins de toutes et tous.

Que ce soit avec Mélenchon 1er ministre ou un grand nombre de députés NUPES à l’Assemblée, il faudra une lutte de masse de toute la classe ouvrière et de la jeunesse, pour faire appliquer les mesures phares du programme l’Avenir en commun mais aussi pour obtenir les hausses de salaires et les embauches dont nous avons besoin. Il faut se préparer dès maintenant en s’organisant. Car si un gouvernement Mélenchon peut être un pas en avant dans la défense de nos intérêts, il faudra un véritable gouvernement des travailleurs, des jeunes… un gouvernement qui mène une politique de rupture avec le capitalisme, et pour une société socialiste, démocratique, au profit de la majorité de la population et non des capitalistes !