Aspocomp

Nous avons contactés Madame Guimpied, secrétaire Force ouvrière au comité d’entreprise d’Aspocomp-Evreux. Cette entreprise, dont la maison mère se trouve en Finlande, produisait des circuits imprimés. Malgré une lutte de plusieurs mois, la direction finlandaise a réussi à faire fermer le site ébroïcien. Madame Guimpied revient sur cette nouvelle fermeture d’usine dans l’Eure, qui en connaît beaucoup ces derniers temps.

Article paru dans l’Egalité n°97

L’Egalité : Pouvez-vous nous présenter le groupe ?
S.G.: Aspocomp est une firme finlandaise dans le secteur de l’électronique. Le site d’Evreux était le seul site français, mais certainement le plus performant. L’année dernière la direction finlandaise avait réinvesti sur le site : nous avions des locaux et des machines neuves. Mais ils ont décidé de délocaliser la production en Asie du sud-est. En Chine et en Thaïlande, exactement, car la main-d’œuvre y est moins chère. C’est une décision stratégique de la direction finlandaise qui n’a aucun rapport avec la réalité économique du site d’Evreux. Au bout du compte c’est 550 personnes qui ont été licenciées par Aspocomp.

L’Egalité : Comment s’est faite cette fermeture ?
S.G.: La direction finlandaise nous a enlevé petit à petit des commandes et des clients. Elle a annoncé un premier plan de licenciement économique en octobre 2001 concernant 202 salariés. Nous nous sommes mis en grève en décembre dernier et nous avons occupé l’entreprise durant la semaine avant Noël. Le numéro 2 du groupe est venu en France pour nous rencontrer. Il a eu peur d’être séquestré, alors il a refusé de nous rencontrer sur le site. Finalement, la rencontre a eu lieu dans un hôtel parisien. Un plan social en est ressorti. Il prévoyait, outre les indemnités légales de licenciement, des primes additionnelles de départ, d’ancienneté et de création d’entreprise. Nous devions apprendre plus tard – après la fermeture du site – que ces négociations n’avait qu’un seul but : nous faire reprendre le travail. Les licenciements prenaient effet le 24 mars.

L’Egalité : Que s’est-il passé par la suite ?
S.G.: En février, la direction finlandaise a déclaré le site ébroïcien en cessation de paiement. Nous avons repris la lutte : manifestations à Evreux, blocage de la RN 13 durant une matinée ou de la route qui vient de Lisieux, blocage de la gare d’Evreux, manifestation à Paris devant l’ambassade de Finlande, à Grand-Quevilly pour rencontrer Fabius, qui s’est défilé. Mais malgré tout cela et nos procédures devant le tribunal de commerce d’Evreux , Aspocomp a quand même réussi à fermer le site. La direction à annulé les premiers accords qui portaient sur les 202 premiers licenciements, et mis tout le monde au même niveau : nous n’avons au bout du compte le droit qu’aux indemnité légales de licenciements et la mise en place d’une cellule de reclassement comprenant un cabinet privé – le BPI [mais aussi le service public de l’emploi. NDLA].

L’Egalité : Comment se sont comportés les élus face à votre lutte ?
S.G.: Je dois dire que nous avons été abandonnés par les élus – mis à part le soutien moral ou verbal de quelques uns – et que j’ai l’impression que nous sommes devenus transparents depuis que la liquidation judiciaire a été prononcée. Nous avons la malchance d’avoir Jean-Louis Debré comme maire et interlocuteur. C’est un beau parleur et c’est tout. De plus il a agressé, lors de notre rencontre à la mairie le 16 mai, Anna Marguerite – représentante du personnel FO au CE et adjointe au maire de Brétigny – qui a d’ailleurs porté plainte et fait évacuer par les CRS la place de la mairie ou nous manifestions [il y eut 4 blessés dont une femme enceinte qui ne faisait que passer ici. NDLA]. Il avait promis d’aider au reclassement du personnel d’Aspocomp. Au final sur les 120 CV que nous lui avions envoyé, il n’y a eu que des retours négatifs de la part de la mairie d’Evreux. Mais il n’est pas le seul à nous avoir lâché : Guigou et Fillon en ont fait de même. Comme je vous l’ai déjà dit, Fabius ne nous a pas reçu non plus.