Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Le gouvernement a une nouvelle fois montré la justesse de ce proverbe, en revenant sur l’une des promesses électorales de Chirac : la baisse des impôt sur le revenu de 30% en 5 ans. Il avait pourtant juré, craché, que quel que soit la situation, il ne reviendrait pas sur cette promesse.
Article paru dans l’Egalité n°97
Pourtant dès la fin août, Raffarin a amorcé un virage dans la politique fiscale en prenant appui sur la difficile conjoncture économique : « Nous mettrons le curseur sur les priorités qui nous paraîtront les plus importantes dans les circonstances économiques de 2003 (…). Il va de soi qu’aujourd’hui, compte tenu de la situation de l’emploi, le dossier des charges sociales paraît prioritaire » , a-t-il annoncé le 26 août à La Rochelle.
Ainsi, la baisse des impôts sur le revenu, qui favorise principalement les gros revenus – les patrons et les gros actionnaires – mais aussi les classes moyennes, se transforme en baisse des « charges patronales qui favorise pour le coup uniquement le patronat ! La baisse des charges n’a jamais créé d’emploi. Cela se saurait depuis 30 ans que c’est l’une des seules mesure phares que les différents gouvernements de droite, mais aussi de gauche, propose pour lutter contre le chômage. Pourtant depuis 30 ans, le chômage ne fait que s’accroître, et les patrons continuent de licencier en masse. Des promesses de lendemains qui chantent pour les travailleurs, contre des cadeaux immédiats et bien réels pour le patronat, voilà le fond de la politique bourgeoise.
Pour nous faire patienter, Raffarin nous rejoue l’air trop connu du « bout du tunnel qui ne serait pas si loin, mais qu’en attendant, il va falloir se serrer la ceinture » : « Je crois que nous sommes dans la capacité de retrouver un rythme de 3 % [de croissance]. Est-ce qu’on pourra avoir ce rythme de 3 % sur l’année 2003 ? C’est une autre affaire que nous allons expertiser dans les jours qui viennent ».
En fait, ce dont viennent ingénument de s’apercevoir les « experts » et nos ministres c’est que la chute des Bourses – un véritable krach boursier sur le long terme (le CAC 40 à perdu près de 50% en 2 ans) – a d’ores et déjà un impact sur l’économie réelle : autrement dit que la finance et la production sont liées… étonnant non ? Mais le capitalisme n’a plus de « nouvelle économie » à proposer pour faire repartir la machine spéculative ou productive. Tous les marchés se resserrent et la crise de surproduction s’approfondit (une trop grande capacité de production du capitalisme par rapport à la solvabilité des marchés). Alors les licenciements de masse se multiplient. L’Europe, mais aussi l’Amérique du Nord, semblent entrer véritablement en récession à la suite des pays dominés. La panique est réelle chez les patrons, les boursicoteurs et les politiciens bourgeois. A tel point que des voix de plus en plus forte demande un assouplissement du Pacte de stabilité européen.
Alors le gouvernement continuent de faire payer leur crise aux travailleurs et aux jeunes des couches défavorisés : privatisation, diminution du nombre de fonctionnaires entraînant une dégradation du service public et dérégulation du travail.
Le gouvernement Raffarin ne fait que se servir des mesures instituées pas ces prédécesseurs tout en l’accentuant. Il en va ainsi de la politique de l’emploi instituée depuis plusieurs dizaines d’années par les différents gouvernements de droite ou de gauche qui n’a jamais visé l’insertion professionnelle dans les meilleurs conditions pour les salariés, mais au contraire dans l’intérêt du patronat et des actionnaires : flexibilité, casse des conventions collectives au profit de la contractualisation des rapports entre employés et patrons, dégradation des conditions de travail, facilité pour licencier, baisse des salaires, formations initiales ou continues selon les besoins du marché (des marchés locaux).
Pour faire accepter la situation, le chômage a toujours été une arme efficace qui permet de faire pression sur l’ensemble des travailleurs. D’un côté on culpabilise les chômeurs, tout en les baladant de stages en stages de recherche d’emploi plus ou moins utiles et en diminuant leurs indemnités ou en radiant ceux qui n’entrent pas dans le moule. De l’autre côté, le service de l’emploi est démuni face aux tâches qui sont les siennes par manque de personnel – le nombre d’inspecteurs du travail est quasi-insignifiant, et malgré l’embauche massive à l’ANPE, cela ne suffit pas pour faire correctement le travail surtout depuis la mise en place du PARE.
Par Yann Venier