Face aux attaques contre le service public d’éducation, de quel syndicalisme avons-nous besoin ?

Le 11 février 2002 se sont tenus à Paris les Entretiens Friedland sur le thème : « enseigner demain, des enseignants qui innovent, pour un métier qui change ». Ils étaient organisés par la Chambre de commerce de Paris. Y participaient un représentant « éducation ! » du MEDEF,un membre de l’entreprise l’OREAL, un membre de l’OCDE, un professeur de Paris 9 et Claude Allègre.

Article paru dans l’Egalité n°94

A lire quelques extraits de déclarations des intervenants, tous unanimes, on peut mesurer combien la menace de démantèlement du service public d’éducation se précise. : « on commence à voir une reconnaissance du rôle formateur de l’entreprise » ou bien « c’est un i problème de management de l’éducation : les établissements doivent être gérés comme des unités autonomes ».

Ces responsables politiques ou patronaux ne se sont pas réunis , pour échanger des idées, mais parce qu’il y a urgence que se mette réellement en place leur transformation de l’enseignement public. La libéralisation de l’éducation et de la santé est au programme de l’AGCS (Accord Général pour la Commercialisation des Services) et celles-ci vont faire l’objet de négociations à terminer avant 2005-décision prise à Doha par l’lOMC. Et il y a longtemps que le gouvernement Jospin s’est mis au diapason.

Face au démantèlement programmé, que font les directions syndicales ? Et notamment, la FSU qui organise majoritairement les personnels d’éducation ?

Dix ans déjà, que la FSU existe- et les espoirs qu’on pouvait avoir que ce nouveau syndicat mène une politique différente de celle de feu la FEN se sont envolés. La FSU a signé les accords sur les 35h sans embauche équivalente pour les personnels non enseignants et le SNUIPP et le SNES, se cantonnent à accompagner les réformes du gouvernement en partenaires privilégiés de celui-ci avec des propositions « raisonnables » pour régler au coup par coup les problèmes.

La politique du gouvernement est cohérente, en adéquation avec les directives européennes de l’OMC. Sous couvert de « pédagogisme », par voie de circulaires, petit à petit les réformes s’appliquent : remise en cause des statuts (embauche massive des précaires, aides-éducateurs, vacataires langues, contractualisation, recours à des sponsors privés, remise en cause de la formation initiale, incitation aux partenariats avec les collectivités locales) le tout sur fond de rigueur budgétaire.

Quel syndicalisme pour défendre le service public d’éducation ?

Le SNUIPP et le SNES refusent d’analyser, de dénoncer clairement la politique scolaire du gouvernement Ils déboussolent les personnels de l’Education nationale qui ne voient aucune cohérence aux actions proposées par les directions syndicales. Seules les mobilisations des personnels et parents permettent de faire reculer les gouvernements. On l’a vu en mars 2000. Ces dernières semaines, c’est en Loire-Atlantique qu’enseignants et parents luttent pour des postes. Leurs revendications sont celles de tous les départements. A part la solidarité abstraite et formelle que propose la direction ? rien !

Face à ces attaques patronales et gouvernementales le syndicalisme doit être un syndicalisme de combat : « réagir dans chaque domaine revendicatif en replaçant chaque dossier dans la globalité de l’attaque gouvernementale en fournissant les éléments d’analyse et en proposant les mots d’ordre et les formes de mobilisation adéquate » (extrait d’un texte du groupe ECOLE né lors des luttes de mars 2000 en Seine Maritime. Il regroupe des syndiqués du SNUIPP qui pensent que l’orientation du syndicat doit changer grâce à un débat démocratique sans pour autant manquer à la tâche de construction). C’est un exemple à suivre et à généraliser.

Par Marie-José Douet