Le congrès départemental du SNUipp de Seine-Maritime qui s’est tenu en décembre est l’occasion pour nous militants dans l’éducation de montrer comment développer une alternative à ce que sont devenus les syndicats sous la main de leurs directions.
Article paru dans l’Egalité n°105
Le SNUipp est le premier syndicat d’enseignants du premier degré. En Seine-Maritime, un regroupement d’opposition s’est constitué en 2000, le groupe » ECOLE « , dont font partie les militants enseignants de la GR. Lors du congrès de 2000, le groupe ECOLE a remporté un tiers des mandats et des élus au CS (Conseil Syndical, organe directeur départemental du syndicat), sur les bases d’un syndicalisme de lutte, proposant à la fois une analyse cohérente des attaques des gouvernements contre le service public d’éducation et des modalités concrètes d’organisation sur le terrain. L’action des militants sur le terrain est reconnue et les secteurs où le groupe ECOLE intervient ont vu se développer l’activité syndicale. Cela s’est vu de manière significative lors des luttes du printemps dernier. Et même si le regroupement n’est pas majoritaire, son influence et ses propositions pèsent sur l’orientation de la section départementale du SNUipp. Celle-ci a adopté à plusieurs reprises des positions intéressantes, originales par rapport à l’orientation nationale du syndicat (comme contre la mise en place des Assistants d’Education).
Après 3 ans d’existence, le groupe ECOLE a montré dans ce congrès qu’il a consolidé son assise, obtenant davantage de mandats, proposant et faisant adopter par le congrès un certain nombre de motions (Assistants d’Education, Décentralisation, Sécu, Salaires, Fonctionnement de l’école, Organisation de la section). Assurément, on a marqué des points pour réorienter l’action du syndicat. Mais il faut resituer cela dans un contexte très difficile pour le syndicalisme : désyndicalisation, glissement de plus en plus droitier des orientations (de la CFDT qui collabore ouvertement avec le MEDEF, à la CGT qui se revendique de plus en plus d’un syndicalisme de « négociation »). Le secteur de l’éducation reste un peu à part avec un taux de syndicalisation plus important qu’ailleurs (sans dépasser les 20%), mais est très marqué par le corporatisme.
Notre intervention dans le SNUipp et dans le groupe ECOLE veut peser à plusieurs niveaux. Passer du sentiment » anti-libéral » (ECOLE = Ensemble Construire l’Opposition au Libéralisme à l’Ecole) à une réelle analyse anti-capitaliste. Organiser un réel travail interprofessionnel, en particulier dans les luttes, qui dépasse la simple solidarité pour créer des liens entre le secteur de l’éducation et la classe ouvrière. Faire franchir une étape au regroupement en prenant place dans la direction départementale, ce que refuse pour le moment une majorité du groupe ECOLE. Nous voulons que notre regroupement ne se cantonne pas dans un rôle d’opposition mais constitue une réelle alternative. Notre orientation est la seule permettant de mettre en œuvre une politique syndicale liant les principes, l’analyse avec l’action et les luttes sur le terrain.
On va devoir faire face à de grosses attaques cette année : d’abord dans notre secteur avec 33 suppressions de postes (77 déjà l’an dernier dans notre département), plus largement ensuite, et avec l’ensemble des travailleurs de tous les secteurs, sur la question de la Sécu. Les luttes du printemps dernier pour la défense des retraites nous ont montré la voie pour des actions interprofessionnelles. Dans bien des secteurs, les travailleurs de l’éducation ont commencé à prendre conscience que leurs intérêts sont les mêmes que ceux de tous les autres travailleurs. A nous de consolider et d’étendre ces acquis.
Par Pascal Grimbert