Après que le gouvernement ait annoncé ces derniers jours un quasi doublement du salaire minimum pour les fonctionnaires ( un triplement par rapport à la situation d’avant la révolution de 2011), la principale confédération syndicale indépendante EFITU a exprimé tout son scepticisme et sa colère, disant que c’était trop peu et trop tard, menaçant d’une troisième révolution ouvrière, si le gouvernement ne tenait pas compte des réelles revendications populaires. En effet, la revendication de 1 200 LE était une demande qui date de 2008 mais depuis, une très forte inflation, de souvent 10% par an, a rendu cette revendication totalement dépassée. Par ailleurs cette mesure pourrait inclure un certain nombre de primes existantes ce qui réduirait la hausse promise à pas grand chose. Enfin le gouvernement ne semble pour le moment pas vouloir étendre cette hausse au privé qui forme les deux tiers du prolétariat égyptien .
L’Efitu déclare également que le projet du gouvernement de donner l’assurance médicale aux travailleurs journaliers ( 60 à 80% du marché du travail), paysans, vendeurs ambulants et pêcheurs (8 millions) tout en promettant l’âge de la retraite à 55 ans n’est que bluff pour faire patienter les travailleurs alors que leurs situation a subi une brusque dégradation et que leur rogne pourrait bien les faire sortir de leurs gonds.
En effet , la répression des Frères Musulmans et la menace de leur dissolution, ont amené à la fermeture ou disparition de nombre de leurs activités caritatives en matière de santé, école, ou vente de produits de première nécessité à bas prix, pénalisant un peu plus des millions d’égyptiens parmi les plus pauvres.
Malek Bayoumi, le nouveau président de l’Efitu, après que son ancien dirigeant, Kamel Abou-Aita, soit devenu l’actuel ministre du travail, a déclaré : « J’avertis le gouvernement. S’il ne tient pas compte des demandes ouvrières […] il y aura une troisième révolution ouvrière – dans les usines, contre le gouvernement, partout. »
Plusieurs autres groupes opposants ont déclaré conjointement à l’Efitu que les promesses gouvernementales ne sont que du bluff pour repousser et retarder l’explosion de la colère ouvrière qui gronde et fait peur à l’armée, dont les grèves dans la sidérurgie à Suez et dans le textile, notamment à Mahalla à la fin de l’été, et encore aujourd’hui dans diverses usines ont montré le potentiel et l’imminence.
Dans le même temps, complétant ce retour de la question sociale sur le terrain politique, bien des figures connues de la révolution de 2011 comme Ahdaf Soueif, Ahmed Maher, Haitham Mohamadei, Rabab El-Mahdi, Hatem Tallima, Mohamed El-Baqer, Mostafa Shawki, Ali Ghoneim, Mohamed Youssef et Alaa Abdel Fatah, ont annoncé la naissance d’un nouveau Front (le Front du chemin révolutionnaire) déclarant se battre tout à la fois contre l’armée et les Frères Musulmans pour la justice sociale, regroupant le Front Démocratique du 6 avril, le Mouvement de la jeunesse du 6 avril, Le Parti de l’Egypte Forte, les Socialistes révolutionnaires, le mouvement de jeunesse de Justice et Liberté, et un certain nombre de personnalités révolutionnaires.