Organiser la riposte syndicale

On pourrait croire en ce début d’année, avec les traditionnels  » bons vœux  » du Président, que les attaques du gouvernement ont cessé. Elles ont l’air de se calmer, c’est indéniable. Les annonces ne pleuvent plus et les licenciements ne font plus les gros titres dans les journaux. Une bonne raison à cela : les élections du mois de mars 2004.

Article paru dans l’Egalité n°105

Les attaques lancées en 2003 seront tout de même menées à terme ; toutefois si les travailleurs ne s’en mêlent pas avant… En effet, dorénavant le secteur du fret à la SNCF est ouvert à la concurrence. La Sernam a été privatisée. Les entreprises ont maintenant le droit de choisir leur fournisseur en énergie électrique et ce, malgré l’importante mobilisation des travailleurs d’EDF en octobre. A La Poste, les chèques postaux subissent la départementalisation annoncée en 2003, tandis que du côté de la distribution, les centres de tri (CT) disparaissent au profit des centres de traitement du courrier (CTC) et avec eux une partie de la masse salariale.

Il ne s’agit là que d’un très bref résumé des attaques subies dans les secteurs publics liés à la production. Des attaques similaires ont cours actuellement dans les hôpitaux, dans l’éducation et dans les administrations. Elles sont toutes le fruit d’une même logique et d’une même volonté : celle du patronat qui souhaite la disparition des services publics au profit d’entreprises avec « mission de service public » et dégageant des bénéfices pour leurs propres comptes.

Face à des attaques aussi similaires, les intérêts des travailleurs ne sont pas divergents. Des points communs peuvent être trouvés pour lutter sur le même terrain contre ce gouvernement qui est service au service du MEDEF. Tout en se gargarisant de mots comme  » interprofessionnel « , les directions syndicales ne donnent aucun moyen pour préparer des initiatives interprofessionnelles et encore moins une grève générale alors que cela devrait être leur rôle. Il faut d’ailleurs continuer à l’exiger d’eux.

Des initiatives de regroupement ont lieu dans le secteur de la chimie à Rouen, où des licenciements sont prévus dans plusieurs entreprises. A aucun moment les directions syndicales interprofessionnelles ne se font le relais de ces initiatives ou bien tentent de reporter l’expérience dans le secteur public.

Voilà ce qui est à construire actuellement : les liens entre les travailleurs des secteurs publics et entre travailleurs du public et travailleurs du privé. Partout où les travailleurs sont attaqués, où des emplois sont supprimés, il faut tenter d’organiser la riposte, informer les boites alentour et les habitants. Une réponse à toutes les attaques du gouvernement devient urgente et il nous faut dès maintenant tenter de construire cette solidarité entre les travailleurs afin de préparer la grande bataille sur la sécu que nous prévoient le gouvernement et le patronat après les élections.

Nos syndicats doivent être à nouveau des outils pour mener ces combats vitaux pour nos conditions de vie et de travail. Il va nous falloir peser sur les directions syndicales, les forcer à abandonner le syndicalisme de propositions sous la pression des salariés et revenir sur le terrain du contenu revendicatif et du rapport de force. Nous n’avons rien à gagner à parlementer avec le patronat et tout à gagner en décidant entre nous du but à atteindre et des moyens que nous nous donnons pour y parvenir.

Par Sylvain Bled