Afrique : colère des masses face aux catastrophes sanitaires et sociales

Tous les pays d’Afrique ont subi les conséquences de la crise de la pandémie de Covid-19 dans des proportions bien plus dramatiques qu’en Europe ou en Amérique du Nord. Le continent, déjà durement touché par les conséquences du changement climatique et les crises économiques à répétition, est la proie des grandes puissances et des multinationales qui pillent les richesses des pays.

Avec les confinements et le ralentissement de l’économie mondiale, la misère s’est accrue : l’ONU estime que 490 millions de personnes (sur 1 250 millions) vivent désormais sous le seuil de pauvreté, soit une hausse de 3 % en 2021. Mis à part quelques pays, dont ceux du Maghreb, moins de 10 % de la population a reçu un vaccin pour la Covid-19 contre 80 % en Europe de l’Ouest.

Depuis des dizaines d’années, en échange de prêts financiers toujours plus durs à rembourser, les puissances impérialistes (Union Européenne, FMI… mais aussi la Chine) imposent aux pays de livrer leurs richesses nationales (l’Afrique est une de plus vastes ressources de métaux rares, pétrole…) aux grandes compagnies, et de détruire le peu de services publics qui existaient.

Entre la compétition entre puissances impérialistes et inégalités, l’instabilité politique est permanente, donnant tout autant une vague de coups d’États (depuis 2020 : Tchad, Mali, Soudan, Guinée…), de guerres civiles régionales, de montée en puissance de groupes de trafiquants/terroristes mais aussi de révoltes de masse.

L’impérialisme français, qui opprime de nombreux pays, notamment en Afrique de l’Ouest, subit une contestation de plus en plus importante. Venu occuper militairement le nord du Mali au prétexte de la lutte « contre le terrorisme islamiste », il est en train de subir un échec de la même importance pour cette partie du continent que la défaite des USA en Afghanistan.

Carte de l’impérialisme de l’état chinois en Afrique. Le même type de carte peut être réalisé pour beaucoup de pays, notamment la France.

Mobilisation anti-impérialiste ?

L’opération Barkhane prétendait éradiquer les groupes terroristes au Sahel mais elle a avant tout servi à exercer pression et contrôle sur le Mali avec l’assentiment de l’ex-président, IBK, renversé par un putsch pratiqué, en 2020, par des militaires emmenés par le colonel Goïta. Cela faisait suite aux manifestations de masse réclamant le départ d’IBK. Goïta organisa ensuite un second putsch en 2021 pour écarter du pouvoir une partie du gouvernement de transition. Il bénéficie d’un certain soutien dans la population, car le nouveau gouvernement de transition dénonce fortement les agissements impérialistes de la France. Les propos régulièrement méprisants de Macron ou de son ministres des Affaires Étrangères, Le Drian, illustrent en parole une pratique qui était bien d’assujettir le Mali.

Mais le choix du gouvernement Goïta de se lier à l’entreprise de mercenaires russes Wagner (qui sert de vitrine aux agissements des compagnies militaires et minières russes comme cela est établi en Centrafrique) n’est pas une voie vers la véritable libération du pays des griffes de l’impérialisme.

Le sentiment anti impérialiste monte dans plusieurs pays : Tchad, Sénégal,… et contre les dictateurs mis en place souvent avec le soutien des multinationales ou de gouvernements des pays dominants.

Une partie des multinationales présentes en Afrique qui exploitent dans tous les pays africains tout comme ils exploitent les travailleurs à travers le monde.

Construire des mouvements anti-impérialistes et anti-capitalistes

Mais le vaste mouvement qui a eu lieu au Tchad, celui qui existe encore au Soudan, et la large base qu’à la plateforme M5-RFP au Mali se trouvent à chaque fois dans la même impasse, celle de négocier avec des pouvoirs en place, des dirigeants militaires, qui n’ont aucune envie de réellement changer le pays mais seulement, tout au mieux, d’amener quelques modifications constitutionnelles tout en devenant les nouveaux partenaires des impérialistes.

Pourtant, dans tous ces pays, des luttes et des grèves existent, et une grande partie des travailleurs, de la jeunesse et des masses pauvres, cherche une issue à la situation économique et sociale terrible qu’elle subit. Il est indispensable que ces masses en lutte s’organisent de manière indépendante des militaires et autres notables revenus au pouvoir, et construisent un mouvement réellement anti-impérialiste et anti-capitaliste. Seul le socialisme, en mettant en propriété publique, c’est à dire aux mains des travailleurs et de la population, les immenses richesses des pays, pourra réellement libérer le continent et en finir avec la misère, les guerres et le terrorisme.