Elections en Irak : une victoire pour qui ?

Les élections qui se sont déroulées en Irak le 30 Janvier dernier n’ont rien réglé à la situation pour le peuple irakien et ont révélé de gros problèmes pour les USA et leurs alliés. Contrairement aux déclarations de Bush et Blair, la façon dont se sont déroulées ces élections va renforcer l’opposition à l’occupation et les tensions communautaires.

Article paru dans l’Egalité n°112

La seule chose qu’ils ont a offrir aux Irakiens est une occupation violente et le pillage de leur économie. Les élections elles-mêmes ne peuvent pas être qualifiées de démocratiques puisqu’elles se sont passées dans un climat de terreur. Les rues ont été vidées quelques jours avant, les frontières et certaines routes fermées. Il y avait des soldats américains armés jusqu’aux dents à chaque coin de rue. Il a fallu attendre 2 semaines avant d’avoir les résultats définitifs… Les tractations ont commencé bien avant la proclamation des résultats pour les postes de président, vice président et premier ministre. L’assemblée doit, d’ici la fin de l’année, produire une constitution.

Des divisions ethniques renforcées

Ces élections ont mis à jour tous les problèmes créés par les Etats-Unis en envahissant l’Irak. Il y a eu de forts taux de participation dans les zones chiites et kurdes, alors que les élections ont été boycottées par la majorité des sunnites. Pour la première fois les chiites, qui représentent 60% de la population vont pouvoir diriger le pays.

Les Kurdes, qui ont la majorité absolue dans la province de Kirkouk, comptent bien peser dans les décisions du futur parlement et obtenir plus d’autonomie. Les différents partis kurdes s’étaient alliés pour les élections, mais certains sont en faveur d’une autonomie alors que d’autres veulent une indépendance totale. Ces oppositions se réveillent avec pour toile de fond le contrôle des puits de pétrole de cette région (entourée de zones à majorité arabe), et les menaces militaires de la Turquie qui voit d’un mauvais œil tout changement de statut de la région.

Enfin, l’absence de représentation des sunnites risque de nourrir un ressentiment encore plus fort envers l’occupation, sur fond de divisions ethniques fortes. Depuis les élections, il y a eu plusieurs attentats ciblant des civils chiites.

La nécessité d’un mouvement de masse des travailleurs irakiens contre l’occupation impérialiste

Pendant ce temps le pouvoir économique et militaire est toujours entre les mains des Etats-Unis. La grande majorité des Irakiens veulent en finir avec l’occupation, et surtout avec la misère que cet état de guerre engendre. A cause de ces divisions, ces frustrations et la colère qui en découle risquent de plus en plus de se transformer en guerre civile. Il faut un mouvement de masse qui unisse tous les travailleurs et tous les opprimés, quel que soit leur appartenance ethnique ou religieuse, et crée une force capable d’organiser la lutte pour la libération de l’Irak.

Alors seulement, il sera possible de convoquer une assemblée constituante, formée de délégués démocratiquement élus, chargée de former un gouvernement des travailleurs et paysans pauvres et organisant une confédération socialiste d’Irak respectant les droits de chaque groupe.

Par Virginie Prégny