Depuis l’élection de Bouteflika, le 8 avril 2004, la marche vers l’économie de marché s’accélère en Algérie. Début février, A.Benachenchou, ministre des finances a déclaré devant 120 patrons français : « On n’a plus le choix. Le développement de l’économie étatique a été insupportable pour la nation. » C’est on ne peut plus clair.
Article paru dans l’Egalité n°112
Le gouvernement s’apprête d’ailleurs à ratifier un accord de libre-échange avec l’Union européenne et sa prochaine adhésion à l’OMC (organisation mondiale du commerce) pourrait être effective en 2005 ou 2006.
De 2,1% en 2000, la croissance est passée à 5,6% en 2004 et une croissance de 5,3% en moyenne est prévue de 2005 à 2009.
La dette extérieure se réduit. 6 milliards d’euros ont été apportés par les investissements étrangers dont 4 milliards pour les hydrocarbures, principale richesse nationale. Le gouvernement a de l’argent.
De l’argent, mais pour qui ?
Sûrement pas pour les habitants des villages qui subissent les coupures d’électricité ou l’absence de gaz de ville mais plutôt pour favoriser les investissements étrangers (Total, MIchelin, BNP Paribas), et satisfaire le FMI (fond monétaire international). Le gouvernement accélère les réformes : démantèlement des services publics, ouverture à la concurrence dans les télécommunications, privatisation dans l’agro-alimentaire, la sidérurgie ou l’immobilier. Les villages détruits par les inondations et les séismes sont très peu reconstruits mais le groupe ACCOR va construire 36 hôtels pour les touristes. Ils n’ont pas privatisé l’entreprise phare du pays, la Sonacotra, mais un projet de loi beaucoup plus favorable aux entreprises étrangères a reçu l’aval du principal syndicat l’UGTA, rassuré sur le reclassement éventuel des salariés !
Pour répondre aux exigences de la commission européenne, le gouvernement prévoit des mesures drastiques dans la fonction publique ! Les coûts salariaux qui représentent 50% des dépenses doivent être réduits. Les subventions pour l’eau, l’éléctricité continuent de baisser et donc leur prix augmente. Il accentue en même temps l’arsenal contre les libertés syndicales.
Une situation insupportable pour les travailleurs, les jeunes, les chômeurs et les femmes !
De nombreuses manifestations d’habitants des villes ont lieu pour obtenir un raccordement aux oléoducs qui transportent le gaz naturel, le prix du butane étant devenu exorbitant. Après les grèves d’autres secteurs, les personnels de l’éducation se mobilisent à nouveau. Le CNPEST et des organisations étudiantes ont fait grève le 7 février et un nouvel appel contre le non paiement des salaires, l’atteinte aux libertés syndicales et la répression farouche des grévistes est lancé pour le 1er mars. Le gouvernement choisit ce moment pour faire une pseudo-réforme du code réactionnaire de la famille, octroyant quelques miettes mais laissant les femmes sous tutelle d’un père, d’un frère, d’un mari toute leur vie !
Riposter en construisant l’alternative socialiste dans les luttes
Comme, nous l’écrivions dans le numéro109 de l’Egalité, les nationalisations, le développement industriel sont des acquis que les travailleurs algériens défendent.
Les jeunes et les familles réclament des conditions de vie décentes. Cette bataille entre en conflit direct avec les intérêts capitalistes. Aucune lutte ne peut gagner en restant isolée. C’est autour des revendications pour de véritables infrastructures (routes, eau, raccordement du gaz, logements), contre les privatisations, pour la défense des services publics, que les travailleurs peuvent se rassembler et se doter d’un programme qui s’attaque au système, au capitalisme car celui-ci ne peut satisfaire les besoins vitaux des travailleurs algériens.
Pour cela, il faut construire un outil politique, un parti qui défende sans compromis, au quotidien, cette perspective de lutte et d’alternative socialiste au capitalisme, celle d’une société gérée démocratiquement par tous.
Par Marie-José Douet