Quelles perspectives après la chute de la dictature en Syrie ?

La chute du dictateur Bachar el-Assad, le 8 décembre, a été un soulagement pour beaucoup d’habitants ou de réfugiés syriens. Après 13 ans d’une guerre civile ayant fait plus de 500 000 morts, une nouvelle période s’ouvre dans la région. Le régime de Bachar el-Assad était un régime musulman chiite dans un pays majoritairement musulman sunnite. Le dictateur avait le soutien des autres régimes chiites, le Hezbollah libanais et l’Iran. La chute du régime a isolé la classe dirigeante iranienne au profit des États-Unis et de l’Europe.

Une coalition hétérogène, dirigée par les islamistes

Pour mener l’offensive qui fera tomber el-Assad, les « rebelles » ont formé une coalition entre l’Armée nationale syrienne – soutenue par la Turquie d’Erdogan – les milices islamistes sunnites de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) ou de déserteurs de l’armée de Bachar el-Assad.

HTS, qui tenait une partie des gouvernorats (régions) de Idleb et Alep au nord de la Syrie, s’est imposé à la tête de la coalition. Il est issu du Front al-Nosra, branche syrienne du mouvement Al-Qaïda, mais dit aussi s’éloigner d’une partie du programme. Le HTS n’a pas appliqué une règle religieuse stricte – pour l’instant – sur les territoires administrés mais garde un discours extrêmement rigoriste.

Cette stratégie des groupes terroristes est celle de ne pas heurter les populations par une politique trop violente et de gagner en popularité sur le désarroi des populations qui ont tout perdu pendant la guerre civile, tout en se proposant de gérer les business, d’où l’ouverture des discussions avec les capitalistes américains et européens.

Quel avenir pour les peuples ?

Si la situation peut à très court terme sembler s’améliorer, à moyen terme rien n’est moins sûr avec les théocrates du HTS au pouvoir. Ces derniers peuvent reprendre à tout moment les mesures ultra réactionnaires pour écraser les femmes et la majeure partie de la population. La guerre civile ne semble pas s’arrêter, des loyalistes d’el-Assad résistent par endroit, l’ANS et l’armée turque bombardent les régions kurdes au nord-est du pays et des groupes armés ne veulent pas rendre les armes à l’administration du HTS. L’ouverture du HTS vers les impérialistes montre que le pillage de la région va se poursuivre et que des millions de personnes vont continuer d’avoir des conditions de vie désastreuses.

À Damas et dans d’autres grandes villes, des manifestations revendiquent la démocratie et s’opposent aux théocrates du HTS. Cela montre la volonté d’en finir avec la barbarie. C’est dans les mains des masses de Syrie que se tient le potentiel de mener une véritable révolution. Pour que la population puisse avoir un véritable avenir dans une société tolérante, démocratique et égalitaire, il faut qu’elle prenne en main le pouvoir et procède à l’expropriation des grands groupes capitalistes et de toutes les entreprises clés de l’économie afin de gérer démocratiquement les ressources dans l’intérêt de la population. Pour en finir avec la barbarie, place au socialisme.

Article paru dans l’Égalité n°226, par Y.B