Tchad, Mali, Guinée… une vague de coups d’État militaires pour écraser les peuples

En un peu plus d’un an, une vague de coups d’États militaires (et même deux pour le Mali) a touché de nombreux pays.

Dans d’autres pays comme la Centrafrique, on voit l’apparition de milices armées privées russes de l’entreprise Wagner, qui fournit des mercenaires au gouvernement, lesquels ont été chargés d’éliminer les « rebelles » du pays. Poutine prétend ne pas être lié à Wagner mais des dizaines de blindés russes ont été livrés à la Centrafrique. Et c’est également un dirigeant de Wagner, Valery Zakharov, ancien officier des services secrets russes lorsque Poutine les dirigeait, qui est chargé de la sécurité du président centrafricain. Il a aussi obtenu de nombreux avantages dans les mines du pays pour la société Lobaye Invest, elle aussi aux mains de dirigeants de Wagner.

Au Mali, cette société est entrée en négociations pour fournir des mercenaires aux nouveaux dirigeants du pays, après le 2è putsch en avril. En septembre, déjà des hélicoptères russes de combat étaient livrés à la capitale, Bamako.
En Guinée, la population, excédée par le pouvoir de plus en plus autoritaire du président Alpha Condé (qui a fait modifier la constitution pour pouvoir être élu une 3è fois) a accueilli le coup d’État militaire avec un certain soulagement.

La même attitude semblait animer la majorité de la population du Mali qui en avait assez de la dictature d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), le valet de l’impérialisme français, autorisant la présence de plus de 5 000 soldats sur le sol du pays.

Manifestation organisée par Wakit Tama à N’Djamena (Tchad) le 29 juillet 2021

Ni dictateurs civils, ni chefs militaires !

La pandémie de Covid-19 et la crise économique mondiale ont durement frappé la plupart des pays d’Afrique. Les risques d’effondrement complet de certains États, d’une misère croissante et d’une contestation sociale sont indéniables. Les travailleurs et la population n’en peuvent plus de voir les immenses richesses de leurs pays volées par des multinationales, aussi bien européennes, chinoises que nord-américaines.

La France a mené ses opérations dans la région en multipliant les pressions politiques et la présence militaires. Mais c’est un véritable échec, qui a amené encore plus d’instabilité à mesure que les différents groupes rebelles, et notamment les groupes islamistes, ont multiplié les actes de pillage et d’extorsion auprès des habitants.

Les populations de tous ces pays n’ont rien à attendre de bon des coups d’État militaires ou de la venue de compagnies qu’elles soient russes, françaises ou chinoises, qui ne sont intéressées que par les profits qu’elles peuvent réaliser en exploitant les populations et les richesses des pays.

Depuis le début des années 2010, de vastes mouvement de contestation avaient pu parfois chasser certains dictateurs et des mouvements de lutte et de grève ont été menés par les travailleurs, comme en Guinée, au Mali, au Soudan… mais à chaque fois, les plateformes larges d’opposition étaient limitées par leur absence de vrai programme économique et social et leur refus de lutter contre le capitalisme. La dernière en date, Wakit Tama, au Tchad, s’est construite en opposition à la prise du pouvoir par Mahamat Déby suite à l’assassinat du dictateur Idriss Déby, par ailleurs son père. Mais la manifestation organisée par Wakit Tama le 2 octobre a été réprimée par les militaires, montrant ainsi que la démocratie n’est pas à l’ordre du jour.

La lutte est rendue difficile par la dégradation de la situation économique et sociale, par l’omniprésence des militaires, mais aussi par les activités de violence et de banditisme de nombreux groupes. Face à autant de difficultés, la nécessité de combattre les illusions dans la seule « démocratie », qui ne peut exister dans une Afrique écrasées par les impérialistes, doit être au cœur des mouvements de la jeunesse, des travailleurs et des petits paysans de ces pays. La construction de véritables partis révolutionnaires luttant pour le socialisme et la véritable indépendance des pays d’Afrique est la seule voie, et la Gauche révolutionnaire, avec notre organisation internationale le CWI/CIO, nous ferons tout notre possible pour aider nos frères et sœurs de lutte dans tous les pays du continent.

Article paru dans l’Egalité n°207