Du neuf à gauche ?

Les récentes actions du gouvernement ont montré une fois de plus que la gauche plurielle n’entendait rien faire qui puisse gêner les patrons mais bien au contraire leur garantir la possibilité de licencier, précariser les travailleurs… La loi Guigou est loin d’interdire les licenciements, et aujourd’hui le PS joue globalement le rôle de « modernisation » de l’économie française pour son adaptation à l’accélération intense de la concurrence économique qu’on appelle mondialisation.

Article paru dans l’Egalité n°88

Dans ce cadre, la direction du Parti communiste a largement choisi son camp. Béquille d’un gouvernement qui mène une politique libérale, elle n’envisage pas d’autre orientation que celle-ci. A l’heure où la crise économique venue des Etats-Unis se confirme, la politique du PCF apparaît comme ce qu’elle est : une capitulation définitive devant les exigences de l’économie de marché.

C’est bien ainsi que de nombreux militants du PCF l’ont compris : les milliers qui l’ont quitté tout comme les centaines qui essaient encore de se battre en son sein. Réunies le 23 juin dernier à Paris, les  » gauches du PC  » (Gauche communiste, CNUC, etc.) tentent, un peu tard hélas, d’empêcher la liquidation définitive de leur parti. D’autres se sont regroupés autour du journal Communistes initié par Rolande Perlican à l’issue du congrès de Martigues : ils ont quitté le PCF, revendiquent 1 700 adhérents et effectuent un travail politique basé sur les entreprises, en vue de recréer un parti révolutionnaire que le PCF n’est plus. Mais depuis quand ? Car ces diverses initiatives ont le mérite de montrer que nombreux sont ceux qui refusent la capitulation devant le capitalisme mais elles arrivent bien tard. Et surtout, aucune de ces forces ne cherche à rassembler plus largement. La réunion du 23 juin tout en faisant un pas dans ce sens est restée dans le cadre d’une opposition au PCF et non d’un rassemblement de toutes les forces qui s’opposent au gouvernement.

A l’extrême gauche, l’écroulement du PC a aiguisé les appétits. La candidate de Lutte ouvrière, Arlette Laguiller, est créditée du même pourcentage que Robert Hue. Et LO continue sa politique centrée sur sa propre construction : on se rappelle Arlette félicitant Robert Hue du fait que son parti s’appelle encore « communiste » lors du congrès de Martigues. Lors des préparatifs de la manifestation du 9 juin, LO disait que la question la plus importante était de savoir si le PCF allait mobiliser. C’est certes lui qui a amené le plus grand nombre de militants, mais pour au final justifier sa politique : un pied dans le mouvement social, un dans le gouvernement. Et en fait, c’est une fois de plus surtout celui dans le gouvernement qui marche.

De son coté, la LCR a proposé une alliance pour les présidentielles à Lutte Ouvrière sans guère en préciser les bases politiques. LO a refusé, argant du fait qu’il ne serait pas possible d’arriver à un accord. Du coup, la LCR a désigné son candidat, plutôt que de lancer un appel plus large.

Le problème n’est pas simplement que LO et la LCR n’arriveraient pas à s’entendre. Il est réellement dans l’absence de volonté, de toute part, de proposer quelque chose qui permettrait réellement de réunir l’ensemble des forces qui s’opposent au gouvernement. Des « gauches » du PCF à LO, en passant par la LCR et les militants du « mouvement social », un front commun est possible mais la volonté a l’air de manquer.

Par Alex Rouillard