Transdev : la lutte s’étend en Île-de-France

Des grévistes du dépôt Transdev de Chelles, le 6 octobre 2021

Rejoignant leurs collègues d’autres dépôts de Seine-et-Marne en grève depuis un mois, les chauffeurs de bus du dépôt Transdev STBC de Chelles ont démarré une grève très bien suivie mercredi 6 octobre.

Pour maximiser ses profits, le groupe Transdev ne cesse d’attaquer les conditions de travail. La direction impose des semaines de 45h – payées 35h – et des journées de 8h de conduite, voire plus. Les conducteurs sont essorés par la charge de travail : « On arrive le matin en mode zombie ! ».

Auparavant de 45 minutes, les pauses sont tombées à 20 minutes par jour – impossible de se reposer à mi-journée en si peu de temps. Et elles ne sont rémunérées qu’à 50% ! « Arrivés à la gare routière de Chelles, la moitié des collègues font la pause en dormant dans leur cabine » raconte un gréviste.

Au mépris de la sécurité des usagers et des machinistes, la direction du dépôt rogne sur la maintenance des bus, qui sont dans un état critique en raison du sous-effectif de mécaniciens. « À qui ce n’est pas arrivé de prendre un bus et d’en changer 3x dans la journée ? » demande un machiniste approuvé par les collègues grévistes. « Les véhicules sont tellement pourris que même le COVID ne voudrait pas aller sur le volant ! »

À la colère s’ajoute la honte de ne plus pouvoir rendre un service décent aux usagers. Dans de nombreux bus, la rampe d’accès pour personnes à mobilité réduite ne fonctionne plus !

La direction utilise toutes les occasions pour voler du salaire aux employés, qui doivent souvent réclamer pour que les heures supplémentaires soient payées, ou attendre des mois pour recevoir leur salaire après un arrêt maladie. Au début de la crise Covid, elle les a poussé à poser leurs congés pour ne pas leur payer le chômage partiel.

La seule concurrence, c’est celle à la casse des conditions de travail et des salaires

« Le problème est l’accord socle, on n’en veut pas. » pose fermement un gréviste. Cet « accord » est le plan par lequel la présidente de la région, Valérie Pécresse, veut créer un marché où les travailleurs seront tellement exploités que tous les groupes de transports privés pourront se régaler de profits.

Fixé pour 5 ans, il fera perdre 400 € par mois aux machinistes tout en augmentant le temps de travail. Les accords suivant ne seront que pires. Aucune discussion, sinon une ridicule commission par la direction : « En plus de 10 ans de boite, une seule commission de 2h pour présenter un accord, j’ai jamais vu ça ! D’habitude, c’était plusieurs jours. ».

Police, huissiers de justice, convocations, retenue de salaire, procès, etc. la répression qu’utilise le patronat contre les grévistes est la même que celle que Macron utilise contre les mobilisations.

Pour gagner contre une boite aussi dure, il faut une lutte massive et unie. Le minimum est que toutes les organisations syndicales rejoignent la lutte. Comme l’ont fait les grévistes du dépôt de Lagny venus soutenir ceux de Chelles, et ceux de Chelles en rendant visite aux collègues de Villepinte, un objectif stratégique est d’étendre la grève en refusant de se laisser diviser dépôt par dépôt, en allant discuter avec les collègues et les encourager à organiser des assemblées générales pour décider des revendications, organiser démocratiquement la lutte et les piquets de grève… Cela devrait être le rôle des syndicats d’encourager à cela.

Le but de Pécresse et de la direction de Transdev c’est de s’attaquer à l’ensemble des réseaux de transport en commun d’Île de France pour réduire encore les salaires des employés et faire du transport de voyageurs un marché juteux rapportant des millions sur le dos des usagers et des salariés. Il faut une solidarité active des autres travailleurs du secteur (RATP et SNCF inclus) et de leurs syndicats pour faire reculer Pécresse et la direction Transdev. Il faut appeler au soutien des usagers, dont beaucoup sont eux même travailleurs, qui subissent eux aussi les bas salaires et les mauvaises conditions de travail et sont chaque jour victimes de la dégradation des transport en commun.

Les syndicats du transport pourraient aider à lancer une grande campagne nationale de lutte contre la détérioration des conditions de travail, contre la mise en concurrence, les « délégations de service public » et les privatisations : pour un secteur du transport de voyageurs 100% public, avec des salaires décents et des moyens pour répondre aux besoins des usagers. Une telle campagne, basée sur une lutte aussi combative, aurait un grand écho auprès des voyageurs.

Un renforcement de la lutte des « Transdev » développera l’envie de lutter des syndicalistes des autres secteurs et des millions de travailleuses et de travailleurs qui en ont assez de la détérioration de leurs conditions de travail et des bas salaires. Cela pourrait faire jaillir autant de petits ruisseaux qui feront les grandes rivières d’une lutte de masse contre la dictature des patrons et des petits chefs, et la politique de Macron.

Victoire pour les grévistes ! À bas les plans de Transdev/Pécresse !

Un militant de la Gauche Révolutionnaire discute avec un gréviste sur le piquet du dépôt de Chelles