Bush s’affronte aux dockers américains !

Début octobre, et ce, pendant 10 jours, plus de 10 500 dockers des 29 ports de la côte-ouest américaine ont entamé une grève contre leurs compagnies. Le conflit du troisième complexe portuaire mondial portait sur l’automatisation du processus de suivi des conteneurs actuellement effectué par les dockers qui craignent que cette automatisation n’entraîne le licenciement de plus de 300 personnes.

Article paru dans l’Egalité n°98

Cette grève fait suite à un lock-out imposé par les armateurs depuis le 29 septembre et ce, après plus de cinq mois de négociations. Ces compagnies reprochaient aux dockers de ralentir délibérément leurs cadences de travail et donc de leur faire perdre des millions de dollars par jour !

Une économie américaine fragilisée par les flux tendus

Cette grève a bloqué des tonnes de marchandises sur les quais. Fonctionnant sur la stratégie économique du  » temps réel « , l’économie a très vite été touchée par l’absence de transit avec l’Asie notamment pour les puces électroniques et autres composants. Le 7 octobre, alors que l’économie américaine se trouvait de plus en plus bloquée par le conflit, Bush décide d’entamer une procédure légale basée sur la loi Taft-Hartley de 1947 pour suspendre la grève pendant une durée de 80 jours, temps soi disant prévu pour une médiation fédérale (de l’Etat). En fait, pour Bush, il s’agit d’envoyer plusieurs messages aux salariés et chômeurs américains. Le premier est d’accuser cette grève d’être responsable de licenciements et de chômage technique, le deuxième est de montrer que c’est le marché qui prévaut en toute circonstance et le troisième, l’impossibilité d’un tel conflit avant et pendant des préparatifs de guerre. Bush a besoin de calme politique en interne pour mener sa sale expédition au Moyen-Orient. Une grève des dockers gêne ses manœuvres et sa propagande face à un sentiment anti-guerre grandissant dans le pays.

Des conflits de plus en plus tendus

Malgré les événements du 11 septembre 2001, souvenons-nous que dès le mois de novembre, les pompiers de New York s’étaient mis en grève contre le manque de moyens et de personnel en se confrontant à la police directement lors de leur manifestation. Cet accroissement des conflits sociaux et des luttes des travailleurs américains se développe dans un pays où l’Etat prétendait sortir de la crise économique rapidement et qui sombre de nouveau en ce début novembre. L’endettement des foyers américains est aujourd’hui de plus de 85% des revenus réels en moyenne. En 2001, l’endettement s’est accru avec la hausse du coût de la vie sans aucune hausse salariale. Aujourd’hui, la propagande ne fonctionne plus aussi bien car les ménages américains sont obligés de ralentir leur consommation , surtout ceux, nombreux, qui ont perdu des millions de dollars dans la crise boursière et les fonds de pension !

Cette situation politique laisse présager d’autres mobilisations plus importantes comme celles qu’avait connu le mouvement anti- mondialisation capitaliste aux Etats-Unis en 1999 et 2000. Cette perspective se perçoit déjà dans les formidables et massives manifestations contre la guerre en Irak qui regroupent des centaines de milliers de personnes dans le pays (26 octobre dernier : 200 000 personnes à Washington). Si la classe ouvrière américaine relève la tête et se bat, gageons que celles d’Europe emboîteront le pas ; pas décisif dans le combat international contre le capitalisme et la guerre.

Par Leïla Messaoudi