Les travailleurs en lutte contre le gouvernement Berlusconi

A l’appel de la CGIL, première fédération syndicale en Italie, les travailleurs étaient massivement en grève le 18 octobre. Par centaines de milliers, ils sont descendus manifester dans les rues contre la politique du gouvernement réactionnaire des Berlusconi, Bossi et autres Fini.

Article paru dans l’Egalité n°98

Après la journée historique du 16 avril, où 13 millions de travailleurs italiens étaient en grève, la classe ouvrière a une nouvelle fois montré qu’elle comptait se battre contre les attaques du gouvernement. Une nouvelle fois, le mot d’ordre était la défense du fameux article 18 protégeant un peu les salariés licenciés « abusivement ». Mais la mobilisation s’est faite plus globalement contre la politique de Berlusconi et de la Confindustria, l’organisation patronale italienne, dans un contexte où Fiat annonce des milliers de licenciements.

Cette journée de grève était particulière, car appelée par la seule CGIL, soutenue par les syndicats de base (COBAS). C’est la première fois depuis 40 ans qu’elle lance seule un mot d’ordre de grève, sans les syndicats « modérés » de la CISL et de l’IL. Le succès de cette grève et des manifestations portera d’ailleurs un coup à ces organisations dont les membres se sont sentis trahis par leurs dirigeants à propos de l’article 18.

A Milan, la plus grosse manifestation a rassemblé 250 000 travailleurs. L’ancien dirigeant de la CGIL, Sergio Cofferati y a pris la parole. Il aurait l’ambition de prendre la tête des DS (Démocrates de Gauche, ex-communistes), ce qui signifierait un tournant à gauche pour ce parti, même si Cofferati n’est absolument pas un anti-capitaliste.

Les autres manifestations ont compté 200 000 personnes à Turin ainsi qu’à Florence, 150 000 à Rome, 85 000 à Bologne, 70 000 à Gênes et 50 000 à Palerme.

Alitalia a dû annuler 275 vols, les trains ne circulaient qu’à 40%. Les transports urbains se sont arrêtés de 9 heures à 17 heures et le métro de Rome était fermé.

Parallèlement, les jeunes  » désobéissants  » (ex- tutti bianchi) ont organisé trois journées d’action débutant le 16 octobre contre MacDonald, son exploitation des « MacWorkers » et sa politique environnementale, et plus largement contre la mondialisation capitaliste et la prochaine guerre du Golfe.

En Sicile, les étudiants ont manifesté en même temps contre les réformes de la ministre de l’éducation, Letizia Moratti, surnommée la Thatcher italienne.

Partout, les manifestants ont adressé des messages de soutien aux travailleurs de Fiat en lutte. Le gouvernement de Berlusconi est donc en position difficile, pris en tenaille entre une classe ouvrière très mobilisée, poussant ses organisations syndicales et politiques à la radicalisation, et un patronat en proie à la récession économique et qui entend bien faire payer la crise aux travailleurs, d’abord par des plans de licenciements massifs.

La CGIL développe une critique de la politique libérale et antisociale de Berlusconi. Refondation Communiste appelle maintenant à la nationalisation de Fiat. Mais ce n’est pas suffisant pour mettre à bas le gouvernement Berlusconi comme seule pourrait le faire une organisation des travailleurs et des jeunes offrant une alternative socialiste à un capitalisme dans l’impasse.

Par Pascal Grimbert