Retour sur l’attentat de Bali

L’explosion meurtrière survenue dans la zone touristique de l’île indonésienne de Bali a été attribuée par les gouvernements occidentaux au groupe islamique Jemaah islamiah en lien avec le réseau terroriste Al Qaïda d’Oussama Ben Laden.

Traduit de « The Socialist », journal du Socialist Party, section du CIO en Grande-Bretagne et Pays de Galles. Article paru dans l’Egalité n°98

Ce groupe opère à travers le sud-est asiatique et réclame la construction d’un Etat islamique incluant des parties de la Malaisie, de l’Indonésie et des Philippines. En juin, un activiste d’Al Qaïda a été arrêté et placé sous détention américaine. L’Indonésie est une poudrière de conflits nationaux et de divisions ethniques attisées par des éléments des classes dirigeantes qui ont vu décliner leur pouvoir depuis la chute de la dictature de Suharto en 1998 et ont essayé de provoquer un nouveau coup d’Etat militaire. Cette région a donc depuis longtemps été un objectif pour les panasiatiques islamistes.

En particulier, ils avaient comme objectif l’actuel gouvernement capitaliste faible de la présidente Megawati Sukarnoputri, la plus populaire femme dirigeante d’un pays musulman dans le monde, et l’allié de l’impérialisme américain. L’usage croissant de la répression par Megawati a échoué pour stopper la croissance de ces groupes. Clairement, en visant la destination vacancière qu’est Bali, il s’est agi de mettre en avant une de leurs revendications, d’entamer les revenus en devises étrangères pour les remboursements de la dette et de porter un coup de récession à l’Etat-archipel. C’est seulement très récemment que les Etats-Unis ont réduit de 500 millions de dollars les dettes indonésiennes, en contrepartie de la collaboration grandissante entre les forces armées indonésiennes et l’armée américaine.

Une histoire sanglante

Les médias ont intitulé l’attentat de Bali comme le « pire événement terroriste de l’histoire de l’Indonésie ». Mais aussi terrible qu’il soit, ceci ne devrait pas masquer le fait que la violence sécessionniste dans la région troublée d’Aceh, riche en pétrole et en gaz largement contrôlés par Exxon Mobil, a déjà coûté 800 vies cette année et quelques 10 000 ces vingt dernières années. Des éléments militaires ont clairement fomenté cette violence (ou sont parfois devenus tout simplement des bandits). Souvent ils entraînent des milices ethniques ou religieuses à commettre des pogroms ou des luttes sécessionnistes. Il s’agit de faire ainsi pression sur le pouvoir central afin qu’il concède plus de pouvoir aux militaires pour écraser ces mouvements.

De plus, les 32 années de dictature de la clique Suharto épaulée par les gouvernements des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Australie ont été responsables de la disparition brutale du parti communiste indonésien, de syndicalistes et des opposants dans les années 1960. Certains estiment que le nombre de morts s’élève pour cette période à plus de un million !

Plus récemment,le monde a été témoin du massacre de plus de 200 000 personnes du Timor oriental (un tiers de la population) par l’armée indonésienne et des milices. Pendant ces terribles et sanglantes journées, en 1999, le gouvernement de Tony Blair autorisait la vente d’un Hawk jet et d’armes à feu à l’Indonésie, malgré la politique soi disante « éthique » du Labour party et la révélation de ces faits. Le président corrompu Abdurrahman Wahid a beau avoir été remplacé par Megawati, les guerres sécessionnistes continuent et la pauvreté se répand et grandit.

Les luttes des travailleurs et des étudiants pour renverser Suharto ont été trahies par les partis des classes dirigeantes. Les politiques néo-libérales de Megawati ont accru l’exploitation des travailleurs tout en attaquant leurs droits démocratiques très limités déjà. Les forces armées de l’ombre liées à l’Etat ont attaqué les organisations des travailleurs. Toutefois, la lutte unie de la classe ouvrière contre les forces réactionnaires et le gouvernement peut accélérer le développement d’une alternative socialiste de masse contre les partis pro-libéraux et le capitalisme dans son ensemble.