Quels collectifs pour lutter contre les licenciements ?

Face à l’aggravation de la crise économique, et à l’exigence de la concurrence internationale, le projet des patrons est de casser encore plus les droits des travailleurs. Ils licencient, délocalisent ou restructurent. Le chômage ne faiblit pas.

Article paru dans l’Egalité n°110

Même si des divergences apparaissent entre le MEDEF et le gouvernement, elles ne sont que tactiques. Le MEDEF trouve que le gouvernement ne démantèle pas assez vite le code du travail. Et Raffarin-Sarkozy lâchent des miettes, craignant une mobilisation des travailleurs. Mais leur projet commun est bien de s’attaquer aux acquis des salariés et des chômeurs.

La loi sur les licenciements prévue par le gouvernement en est un exemple

Face à ces attaques, les salariés, s’organisent, créent des collectifs pour des actions unitaires pour pallier à l’inaction des directions locales ou nationales des syndicats. En juillet, les ouvriers de STMicro de Rennes ont lancé avec ceux de Thomson un collectif « résistances 2004 » organisant des réunions ou des manifestations. Il demande également un durcissement de la législation contre les licenciements. Mais vouloir obtenir une législation de protection de l’emploi et demander l’interdiction des licenciements est illusoire et ne peut que désarmer la classe ouvrière si le rapport de force n’est pas en sa faveur.

Les directions syndicales sont évidemment plus promptes à mettre en avant les défenses juridiques des « plans sociaux » qu’à organiser les luttes des travailleurs. Les salariés de Lustucru -riz d’Arles qui occupent leur usine depuis le 26 mars viennent de perdre leur demande d’annulation du plan social déposée au tribunal. La fermeture de l’usine est programmée. Alors que Nestlé veut liquider à tout prix Perrier et l’usine Blédina à Marseille, seule une chaîne humaine a été organisée autour de cette usine le 16 octobre dans le cadre de Nestival.

Certains (LCR, LO…) revendiquent une “loi d’interdiction des licenciements”. L’exemple de Perrier montre le caractère illusoire de cette démarche. La CGT a bloqué la procédure de licenciement en utilisant son droit de veto. La direction de Nestlé a répondu en menaçant de fermer le site. La CGT a finalement du reculer et “accepter” les licenciements. Les travailleurs, eux, n’ont pas pu réellement lutter comme ils auraient pu le faire en occupant le site et en rejoignant les autres grèves de la région.

Que doivent défendre les militants révolutionnaires dans les collectifs ?

Contre les licenciements, il faut construire la grève, et que les travailleurs prennent en main eux-mêmes leurs luttes : .- avec occupation de l’usine, réquisition des stocks et des machines-outils avant que les patrons ne les enlèvent -organiser des assemblées générales de travailleurs syndiqués et non-syndiqués qui élisent un comité de grève révocable et qui discutent des actions de popularisation, d’extension de la grève aux autres sites, aux autres secteurs. Si les luttes doivent être effectivement unifiées, coordonnées, les collectifs devraient avant tout être des comités d’action pour construire des grèves locales qui préparent une grève générale public privé, pour bloquer l’économie et stopper cette politique capitaliste. De telles perspectives peuvent redonner confiance aux travailleurs dans leur possibilité à changer le rapport des forces en leur faveur.

Par Marie-José Douet