Déremboursements, forfait hospitalier, pour Raffarin III, la sécu est politiquement cruciale. Après leur débâcle électorale, il leur faut démontrer au patronat français qu’ils sont encore les meilleurs pour gérer les affaires. Fin juillet 2004, les choses devront être réglées.
Article paru dans l’Egalité n°107
Quel est le rapport des forces ?
Des réunions unitaires, des réunions intersyndicales sont organisées pour informer des projets gouvernementaux. Les partis de l’ex “gauche plurielle” s’engouffrent dans cette brèche pour redorer leur blason social. Le PS, fort de ses scores, cache cependant difficilement qu’il est d’accord pour encore faire payer les travailleurs.
La riposte est dans l’action concrète dans les entreprises et les quartiers, contre cette réforme qui, si elle passe, ouvre la voie à de nombreuses autres. Pour mobiliser les salariés, il faudra dépasser ce stade de l’information. Tout le monde a, à peu près, conscience de la sauce à laquelle on va être mangé. Il faut prendre en compte le rejet global de la politique gouvernementale et patronale et mobiliser. Pour le moment, rien n’est fait dans ce sens par ceux qui se déclarent la pointe du combat.
A la gauche du PS, des appels à la mobilisation “citoyenne” (Appel Copernic) sont lancés pour opposer “une autre réforme réellement sociale”. Pour avoir l’’air responsable et crédible auprès des dirigeants, on avance des solutions alternatives en laissant penser que le capitalistes aujourd’hui pourraient être progressistes pour les travailleurs. Le système dans lequel on vit est en crise et attaque les acquis sociaux partout dans le monde.
Construire un mouvement fort
Le PCF, ATTAC, des syndicats et des organisations comme la LCR appellent à la création de comités unitaires de défense de la sécu. Dans ces collectifs unitaires, l’information des usagers prime mais les moyens concrets pour lutter sont très flous. Comment construire un rapport de forces contre la casse de la sécu, sur quelles mobilisations s’appuyer ? A l’exception d’une date en juin, rien de concret ne se dessine. Ce qu’il nous faut c’est pourtant une mobilisation d’ampleur des travailleurs et des jeunes pour défendre leurs acquis. Naïveté ou manque de perspectives, les forces qui animent ces collectifs refusent d’en faire de réels outils de mobilisation et déclarent qu’ils ne peuvent pas se substituer aux gens. Et comme, les “gens” ne peuvent pas se mobiliser individuellement, que les organisations de salariés sont faibles, la boucle est bouclée ! Tout se passe comme si mai juin 2003 et les difficultés liées à l’extension des luttes avaient été gommés. Nous avons besoin de perspectives pour lutter !
L’heure n’est pas aux négociations ! Non à la réforme de l’assurance-maladie ! Pour une journée interprofessionnelle de grève !
Les directions syndicales des grandes confédérations siègent dans de nombreuses réunions de concertation autour de l’assurance maladie avec le gouvernement et le MEDEF. Douste Blazy se drape dans de nouvelles négociations pour voiler le plan d’attaques qu’il cherche à mettre en place. Nous savons déjà le fond de la réforme et son sens général : passer aux assurances privées une partie de la sécu, faire payer aux plus malades leurs propres frais : une assurance maladie à plusieurs vitesses selon qu’on est pauvre ou non. Les salariés n’attendent pourtant rien de ce gouvernement, alors pourquoi continuer à faire semblant qu’on peut gagner quelque chose en négociant avec eux.
Au lieu de rejeter l’analyse des patrons et du gouvernement qui incriment les fraudes, les abus et un système trop généreux, ils acceptent de discuter avec eux des bases d’une future réforme. Les représentants des salariés doivent cesser de négocier. Nos intérêts sont bel et bien contradictoires. Les uns cherchent à tirer bénéfices de l’assurance maladie et les autres veulent préserver une protection collective. Quelle embrouille pour ceux qui veulent lutter : voir les directions syndicales clamer la nécessité de combattre la réforme et dans le même temps renforcer les fondements idéologiques qui permettent au gouvernement d’attaquer. L’exonération des cotisations patronales crée cette prétendue crise du système de protection sociale. Il faut s’en prendre au patronat et à leurs intérêts. Une mobilisation de tous reste à construire contre la réforme et l’ensemble de la politique patronale et gouvernementale qui va de pair.
Par Leïla Messaoudi