Sécurité sociale : qui veut se débarrasser de son chien, l’accuse d’avoir la rage !

Après les retraites, le gouvernement attaque sur un nouveau front : l’assurance maladie. Tout comme les retraites c’est un acquis gagné par les travailleurs, qu’ils font passer pour un privilège.

Article paru dans l’Egalité n°104

Le gouvernement reprend les mêmes arguments que pour les retraites : tous aux abris, la Sécu est en danger !

Si l’on considère les chiffres donnés par la Cour des comptes, le régime général de la sécurité sociale est déficitaire de 8,9 milliards d’euros en 2003, et cela pourrait atteindre 13,6 milliards d’euros en 2004 ; la branche maladie est déficitaire de 6,4 milliard d’euros et cela pourrait descendre jusqu’à 14,1 milliards d’euros en 2004. Un déficit c’est un rapport négatif entre les recettes et les dépenses.

Recettes et dépenses : ce qu’on  » oublie  » de nous dire…

1- La Sécu est financée par les cotisations des salariés (celles qui apparaissent sur le bulletin de salaire) et normalement par les cotisations patronales (une partie de la plus value générée par notre travail). C’est donc notre travail qui la finance, ces services représentent un salaire différé, une partie de notre salaire qui nous est reversée sous une autre forme. Il est donc normal que ces services ne soient pas payants et qu’ils ne soient pas soumis à la loi du profit et de la concurrence !

Si les charges payées par les salariés ont augmenté, celles des patrons ont énormément baissé sans aucune contrepartie en terme de salaire ou d’emploi. 20 milliards d’euro d’exonération pour les patrons (accordées pour création d’entreprise, embauche de jeunes, zones franches, contrats initiative emploi…) c’est autant de moins dans les caisses de la Sécu.

De plus une partie des profits des entreprises n’est pas taxée, c’est le cas des stocks options par exemple.

2- La sécurité sociale a été divisée en trois branches principales depuis 1967 : chômage, vieillesse et maladie. Cette division du régime général en trois branches, séparées au niveau comptable, était déjà un premier pas pour faire payer plus les travailleurs et les pousser dans les mâchoires des assurances privées. Avec l’allongement de la durée de la vie et les progrès médicaux, la caisse maladie a tendance à être régulièrement en déficit, mais elle ne peut plus être compensée par les deux autres branches. Cela permet donc au gouvernement une nouvelle fois de jouer sur le thème de l’urgence. C’était déjà le même scénario avec quasiment les mêmes acteurs en 1995 lors de la première attaque contre la Sécurité sociale!

3- L’Etat lui même est un mauvais payeur puisqu’il devait 4,2 milliards d’euro (fin 2002) à la Sécu. Cela veut dire qu’une partie des cotisations que nous payons ne sont pas versées à la Sécu.

4- Le budget de la Sécu est payé par les cotisations des salariés donc plus il y a de chômeurs moins il y a de cotisations. Si nous étions en période de plein emploi il n ‘y aurait pas de « trou de la Sécu » car il y aurait assez de cotisations pour financer cet outil de solidarité.

Le problème du déficit de la Sécu n’a rien à voir avec la mauvaise volonté des travailleurs ou leur irresponsabilité. C’est un problème causé par la logique même du capitalisme, un système qui veut tout marchandiser et ne peut tolérer de maintenir le moindre outil de solidarité.

Mais le gouvernement présente, volontairement, les choses par le petit bout de la lorgnette quand il dit que l’on ne peut pas se permettre autant de dépenses et lorsqu’il propose de faire peser l’augmentation des recettes sur les seuls salariés. C’est pourquoi les augmentations diverses sont le principal volet de la réforme : augmentation du tabac, des médicaments, du forfait hospitalier…et comme si ce n’était pas assez il va falloir travailler gratis le Lundi de Pentecôte.

Une fois de plus, le gouvernement prouve de quel côté il est : celui des riches (qui peuvent se payer des assurances privées) et des patrons qui s’enrichissent sur notre dos).

Nous devons exiger de nos syndicats qu’ils démentent publiquement et massivement tous ces mensonges et ne participent à aucune négociation, et surtout qu’ils commencent à préparer la riposte à ces attaques extrêmement graves pour tous les travailleurs et encore plus pour les précaires, chômeurs et exclus.

Par Virginie Prégny