La SNCF dans les starting-blocks !

Avec le conflit du printemps dernier, la SNCF a trouvé un prétexte pour attribuer la perte de 250 millions d’euros aux grévistes. Afin de les minimiser, la SNCF a proposé le plan « Starter », qui se fixe comme objectif 100 millions d’euros d’économies. En réalité, ce n’est rien d’autre qu’un plan de casse du service public.

Article paru dans l’Egalité n°104

Au niveau de l’emploi, 2000 embauches sont gelées, voire supprimées. Ce qui se rajoute aux 2000 embauches, déjà réétudiées lors de la révision du budget 2003 et aux départs en retraite non remplacés.

De multiples réorganisations sont mises en oeuvre avec pour effet de fragiliser l’exploitation. Chose très rarement vue : des licenciements d’agents pas entièrement titularisés sont même envisagés. Et pendant ce temps-là, nombre de cheminots continuent à subir des refus massifs de congés, des dégradations de conditions de travail, des suppressions de formation professionnelle, y compris de sécurité ferroviaire. Mais le plus grave, qui concerne également les « clients » sont les suppressions de train par manque d’effectif !

Et quand bien même le train n’est pas supprimé, c’est au prix de conditions de transport dégradées. Par souci d’économies, la capacité de certains trains, surtout les TER, est réduite. La desserte Corail (à la charge de la SNCF) est restreinte aux lignes rentables. C’est surtout le Massif Central qui en fait les frais : les différentes transversales (Lyon-Nantes et Bordeaux) sont plus que menacées. Les trains de nuit, qui étaient le seul moyen pratique, compte tenu des temps de parcours, pour se rendre dans la capitale depuis Aurillac, Millau ont été supprimés… Notons au passage que les divers élus locaux, pour montrer leur protestation, ne sont pas allés jusqu’à bloquer les trains à Paris comme ils l’ont fait au fin fond du Cantal pour se faire photographier par la presse, et sans prévenir les syndicats et associations d’usagers.

Mais un train non supprimé n’est pas pour autant rassurant ! Faute de budget, RFF (voir l’Egalité N° 98) réduit les travaux d’entretien ou annule des travaux de rénovation. Résultat, même sur des lignes techniquement bien équipées, d’importantes secousses transversales rendent le voyage périlleux, à tel point que sur des petites lignes, on craint le déraillement ! De plus, la canicule d’Août, en dilatant les rails, n’a fait qu’aggraver les choses. La seule solution proposée est de réduire les vitesses ! Quant aux promesses de « développement durable », de doublement du trafic Fret, elles sont d’ores et déjà oubliées. Seuls les trafics rentables seront à terme maintenus.

Ce plan « Starter » est finalement une bonne vieille recette de culpabilisation des cheminots grévistes, préconisant des solutions décidées depuis fort longtemps. Ces 100 millions € d’économies ne permettront même pas de sauver la SNCF. Cette dernière supporte, à titre de comparaison, 380 millions €; de frais financiers par an, liés à une dette qui n’est pas la sienne, mais celle de l’Etat. Et surtout, pour renflouer RFF, les péages versés par la SNCF vont augmenter de 500 millions €; en cinq ans ! (voir l’Égalité n°98). « Starter » a quand même des applications ironiques. Lors de l’inauguration des trains Téoz, le président de la SNCF, Gallois, et d’autres dirigeants SNCF, ont dû se contenter de passer leurs nuits à l’hôtel Ibis à Vichy, tandis que Giscard et le sous-ministre Bussereau ont eu droit au Sofitel. Notons que Gallois aurait pu dormir au foyer des roulants, cela aurait coûté encore moins cher, et aurait pu ainsi découvrir les conditions d’hébergement des cheminots « d’en bas ».

Mais rassurons nous, les beaux forums au palais des congrès sont maintenus. Ainsi que – ou surtout – les petits-fours à gogo !

Par Stéphane