Santé: les fausses économies qui ont un coût dramatique aujourd’hui

Entre 1993 et 2018 selon le géographe E. Vigneron, ce sont 83 000 lits d’hôpitaux (médecine, chirurgie etc) qui ont été supprimés, public et privé confondus. Entre 2012 et 2018, 78 % de ces suppressions concernent les hôpitaux publics, avec 13 600 lits de nuit supprimés. En psychiatrie, c’est encore pire : en 15 ans, 31 600 lits ont été supprimés sur les 87 600 qui existaient en 1993.
La population française a augmenté de 8 millions de personnes dans la même période… de 58,6 à 66,6 millions d’habitants et alors que la population vieillit et donc a besoin de plus de soins.
Des « lits de jours », imposant de rentrer chez soi après les soins, ont bien été créés, mais 11 000 seulement et ils ne servent à rien dans le cas actuel de la pandémie Covid-19.
Décidée en 1991 avec le ministre de la Santé de Mitterrand, C. Evin, cette politique de suppressions de lits mais aussi de structures hospitalières s’est faite au prétexte « d’économies » et de « maîtrise des dépenses de Santé ». Dans les faits, il n’y a ni l’un ni l’autre. Par contre, d’une part les patients payent de plus en plus de leur poche (depuis le ticket modérateur, reste à charge du patient inventé en 1983, encore sous la « gauche »… à l’annonce ces dernières semaines d’un forfait de 18 euros à la sortie des urgences en cas de non-hospitalisation…) et d’autre part, le secteur privé lucratif voit ses bénéfices augmenter de manière constante et par dizaine de milliards d’euros et représente désormais 33 % de « l’offre hospitalière », évidemment la plus rentable.
En 2007, le ministre du budget Woerth, a même osé dire qu’il y avait « trop d’hôpitaux en France »…
Et pour 2021, le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale prévoit encore une baisse de 800 millions d’euros dans le budget de l’Hôpital Public.
On voit aujourd’hui la catastrophe : des hôpitaux incapables de faire face à une pandémie qui n’est pas plus mortelle qu’une autre mais qui demande une infrastructure de Santé publique que le pays n’a plus. Au prétexte d’économie, ce sont des dizaines de milliards d’euros qui sont aujourd’hui gaspillés, et des centaines de milliards qui sont perdus dans l’économie.
Comme pour toute autre privatisation (énergie, Éducation…), le bilan est là : seuls les groupes capitalistes en profitent tandis que la population a un service de plus en plus cher, de plus en plus dégradé, et de moins en moins efficace malgré le courage et le dévouement des personnels soignants.

Par Alex Rouillard