Pour le gouvernement Raffarin, services publics et fonctionnaires sont de trop !

Le gouvernement multiplie les cadeaux au patronat : baisse des charges, mesures fiscales favorables au plus riches, suppression de ce qui lui coûte le plus cher dans les 35h pour les heures supplémentaires. Pour qu’en même temps la réduction des dépenses publiques annoncée reste crédible*, il veut faire payer les salariés. En récupérant sur les impôts indirects, les plus injustes (TIPP, TVA…), ce qui va être lâché aux plus gros salaires sur les impôts sur le revenu. En privatisant les entreprises les plus rentables. Enfin en diminuant les crédits accordés aux services publics et en s’attaquant aux fonctionnaires.

Article paru dans l’Egalité n°97

Symboliquement, c’est le ministère des Affaires sociales et du Travail qui devra subir la plus forte baisse de ses crédits : – 6,34%. Mais d’autres ministères ne sont pas en reste : – 5,46% pour la culture, – 5,80% pour l’aménagement du territoire, – 1,31% pour la recherche.
Au total, les effectifs des fonctionnaires seraient réduits de 1619 : 2544 suppressions dans l’Education nationale, 1385 parmi les fonctionnaires des Finances, 747 à l’Equipement, 150 à la Culture, 100 à l’Agriculture et 100 dans la Santé. Une partie de ces suppressions serviraient à créer 1884 postes pour le ministère de l’Intérieur et 1926 à la Justice. Les priorités du gouvernement sont claires, la répression plutôt que l’éducation !

Pour la jeunesse : on construit des prisons, on ferme des classes

Les suppressions de postes d’enseignants, surtout dans les collèges (2 à 3 000 suppressions de postes alors que les conditions de travail y sont sans doute les plus difficiles), s’accompagnent d’autres attaques : suppression de 5 000 postes de surveillants, projets de déléguer aux collectivités locales l’embauche et la gestion des personnels non enseignants. Le plan Lang de recrutement pluriannuel ne sera pas appliqué pour le secondaire. Pour l’enseignement primaire, 1000 postes supplémentaires sont prévus (pris sur les crédits supprimés au secondaire) alors que 40 000 élèves de plus y sont attendus. La division est simple et son résultat peu encourageant. De plus le protocole Sapin dit de « résorption de la précarité » dans la fonction publique est remis en cause. Ce sont des milliers d’enseignants employés depuis des années dans des conditions précaires qui risquent d’être directement mis à la porte. S’ajoutent à tout cela l’annulation des 1 500 embauches de personnels non-enseignants prévues cette année.

Le ministère de l’équipement, qui a déjà perdu 18 000 fonctionnaires en 20 ans, va certainement subir plus de 1 000 suppressions de postes encore.
Au ministère des Finances, on s’attend également au pire, même si le gouvernement marche sur des œufs après les conflits qui avaient bloqué la précédente tentative de « réforme » (comprendre de suppressions de personnels).

Il faut sauver les services publics

Les attaques contre les personnels (suppressions de postes, modifications des statuts, dégradation des conditions de travail) font partie de l’ensemble des attaques qui sont menées contre les services publics. Pourtant, ceux-ci sont les seuls qui peuvent permettre à tous l’accès à ces droits fondamentaux que sont par exemple l’éducation ou la santé.

En France, on compte 3,7 millions de fonctionnaires représentant 67 % des agents publics. Les « libéraux » voudraient nous faire croire que c’est trop et que beaucoup seraient inutiles. Mais toute suppression d’emplois de fonctionnaires se traduit par une dégradation de la qualité des services publics. Evidemment, ceux qui ont les moyens de s’en passer s’en moquent…

La résistance des fonctionnaires aux réformes libérales et réactionnaires reste le principal obstacle au démantèlement des services publics. Les gouvernements successifs ont donc été obligés d’employer des moyens détournés, en particulier en développant la précarité. C’est ainsi que l’Etat est actuellement le plus grand employeur de personnels précaires. Ce n’est pas un hasard, mais le résultat d’une politique délibérée.

* Ce qui risque d’être bien difficile alors que le ministère des Finances est déjà obligé de truquer les comptes de l’Etat en « mettant en réserve » une partie de ses crédits, c’est-à-dire qu’une partie des dépenses ne seront imputées que sur le budget de l’année prochaine.

Par Pascal Grimbert