Pour la construction d’un nouveau parti des travailleurs

L’absence d’un parti des travailleurs s’est fait sentir ces dernières années dans les luttes, mais aussi récemment dans les élections présidentielles. Dans cette campagne électorale les travailleurs et les jeunes n’ont pas eu un parti de masse à leur disposition capable de construire les luttes d’ensemble et de représenter une véritable alternative politique aux candidats au service des capitalistes.

Article paru dans l’Egalité n°125

Après la « victoire » de Sarkozy ces questions s’imposent d’autant plus : comment peut-on se défendre contre les attaques violentes de Sarkozy ? Comment les travailleurs et les jeunes peuvent s’organiser dans un parti de combat ? Les attaques prévues des capitalistes et de leurs représentants au gouvernement nécéssitent que nous construisions des luttes massives pour les faire reculer. Mais c’est aussi une nécéssité que nos luttes trouvent une expression politique : un nouveau parti des travailleurs qui deviendra moteur des luttes, rassembleur de tous ceux qui veulent se battre et qui créera le cadre pour discuter collectivement des revendications propres aux travailleurs et d’un programme qui s’en prendra aux politiques capitalistes et au capitalisme même.

Le nécessité objective d’un parti des travailleurs

Le capitalisme est une société de classe qui fonctionne uniquement en faveur de la classe dirigeante : la bourgeoisie qui ne représente qu’une petite minorité de la population. Nous – les travailleurs, chômeurs, jeunes et retraités – faisons parti de l’autre classe sociale – la classe ouvrière – exploitée par les capitalistes et dominée politiquement par leurs représentants comme Sarkozy et cie. Nous voulons vivre correctement, avoir du travail, un logement décent et des services publics gratuits et de qualités et les capitalistes veulent faire un maximum de profit en nous exploitant. Ces deux intérêts sont diamétralement opposés et il est impossible de « réconcilier les entreprises et les salariés » (Ségolène Royal). Aujourd’hui, les capitalistes dominent non seulement l’économie mais aussi la société et la politique puisque la majorité des partis politiques soutiennent leur système ce qui aboutit à chaque fois à des gouvernements pro-capitalistes et à une politique contre les travailleurs. Il est nécessaire et urgent que tous ceux qui sont exploités, tous ceux qui subissent la précarité, le chômage, les discriminations et la misère s’organisent dans un parti fondamentalement opposé aux politiques capitalistes et entièrement indépendant des autres partis qui soutiennent celles-ci, notamment indépendant du PS. Un nouveau parti des travailleurs sera donc l’expression concrète des intérêts communs des travailleurs car il permettra que des milliers de travailleurs et de jeunes s’organisent, discutent collectivement et se battent pour leurs propres revendications telles que « Un emploi pour tous » ou « un logement décent pour tous ».

Comment pourrait se construire un nouveau parti des travailleurs aujourd’hui ?

Environ deux millions de travailleurs et de jeunes ont voté pour les candidats anticapitalistes Olivier Besancenot (LCR) et Arlette Laguiller (LO) au premier tour des présidentielles. Ceci montre le rejet des politiques capitalistes, mais aussi le potentiel important qui existe pour la construction d’un nouveau parti. Ceci veut dire que ces 2 millions sont à la recherche ou en faveur d’une vraie alternative politique et certainement ouverts à l’idée d’un nouveau parti combatif et anticapitaliste. Mais il est évident que ce parti ne tombe pas du ciel et qu’il faudrait des initiatives concrètes pour engager largement les discussions sur la construction d’un nouveau parti. Un tel parti ne se limitera pas aux éléctions mais se construira tout d’abord dans les luttes et par des luttes. Les luttes des travailleurs et des jeunes permettent à chaque fois de sortir du cadre individuel que crée le capitalisme et de se battre collectivement. Il faut donc se saisir de ces moments importants pour discuter collectivement d’une stratégie pour la lutte et de comment nous pouvons faire les premiers pas vers un vrai outil pour des luttes, vers un parti qui aura pour but de lier les secteurs différents du monde du travail, de faire le lien entre travailleurs et jeunes, entre travailleurs francais et immigrés. Les AG de grévistes, les comités de grève, les sections syndicales locales pourraient être le lieu pour prendre des initiatives, pour lancer un appel pour la construction d’un nouveau parti des travailleurs, pour proposer des meetings-débats, des conférences régionales et nationales sur cette question. Ces meetings-débats et/ou conférence des travailleurs permettraient de discuter du programme et des revendications du nouveau parti et de sa construction concrète : une mobilisation pour un congrès de fondation dans les entreprises, les quartiers populaires et dans la jeunesse, des campagnes publiques avec tracts et affiches pour faire connaître le nouveau parti et pour faire adhérer des nouveaux membres, des interventions dans les luttes en cours et des campagnes de solidarité pour des travailleurs en grève. Avec cette approche ouverte, de nombreux travailleurs et jeunes pourraient être encouragés à prendre des choses en main, de s’engager dans ce nouveau parti et de débattre collectivement et démocratiquement de quel type de parti il nous faut, sur quelle base et sur quel programme.

Un nouveau parti pourrait être lancé aussi par des organisations révolutionnaires et anticapitalistes comme c’était le cas au Brésil avec la création du P-SOL (Parti pour le socialisme et la liberté). L’initiative pourrait également partir des militants des organisations à gauche du PS et des militants syndicaux qui pensent – comme la Gauche révolutionnaire – qu’il faut dépasser le cadre des organisations déjà existantes pour construire un nouveau parti en s’adressant largement à tous les travailleurs et jeunes aujourd’hui non-organisés.

En l’absence d’une initiative nationale un nouveau parti des travailleurs pourrait se construire d’abord à l’échelle régionale avec l’objectif de s’implanter à l’échelle nationale ensuite. Dans tous ces cas de figures, il est indispensable que ce nouveau parti ait la volonté ferme d’intervenir dans les luttes, de se construire dans celles-ci et d’ainsi impliquer des milliers de travailleurs et de jeunes dans la bataille contre les politiques capitalistes et contre le systéme capitaliste dans son ensemble.

La Gauche révolutionnaire soutiendra chaque initiative allant dans ce sens, sera partie prenante pour un nouveau parti des travailleurs et construira celui-ci activement. La Gauche révolutionnaire argumentera dans ce nouveau parti pour un programme authentiquement socialiste car seul le renversement du capitalisme et la construction du socialisme mettra fin à l’exploitation de l’Homme par l’Homme.

Par Olaf Van Aken