Buffet, Bové : une fausse alternative

Au premier tour des présidentielles, Marie-george Buffet a remporté 1.92% des voix et José Bové 1.32%. Le faible score de la candidate du parti communiste confirme celui de Robert Hue en 2002 et avec cela les désillusions des travailleurs et des jeunes dans la politique menée par la direction de ce parti. De son côté, la candidature de Bové n’a pas plus convaincu. Ces deux candidats « anti libéraux » n’ont pas été vus par les travailleurs et les jeunes comme une alternative face aux politiques capitalistes des principaux candidats bourgeois.

Article paru dans l’Egalité n°125

Un programme qui ne rompt pas avec le capitalisme

Les collectifs pour une candidature unitaire et antilibérale (suite des collectifs du non au Traité constitutionnel Européen) se sont soldés par un échec, n’arrivant pas à s’accorder sur le candidat à désigner pour les présidentielles. Une des principales faiblesses de ces collectifs reste la question du programme politique. Dans le « Ce que nous voulons », base programmatique des collectifs, on trouve des mesures sociales qui s’attaquent partiellement à la logique économique de ce système mais ce programme ne représente pas un outil de lutte pour les travailleurs et les jeunes. Par exemple, les revendications autour de la sauvegarde des services publics ne proposent que la création d’une mission nationale chargée des services publics alors qu’il faudrait mettre en avant la question centrale de la renationalisation sous contrôle des travailleurs. Or un tel programme ne pourrait être mis en application sous le capitalisme sans qu’il y ait d’importants mouvements de masse de la classe ouvrière car bien évidemment les classes dirigeantes (la bourgeoisie et le patronat) s’y opposeraient. La question des luttes et de moyens de lutter ne peut donc pas être détachée du programme politique.

Une position floue vis-à-vis du PS

La position de la direction du PC est claire : bien que portant un regard critique sur la politique libérale proposée par le parti socialiste, la stratégie à mettre en avant est de pouvoir peser sur le programme du PS en espérant le pousser a gauche et en y mettant en avant les questions sociales. Or croire aujourd’hui pouvoir modifier le programme du PS c’est aussi ne pas vouloir voir que ce parti est devenu un parti bourgeois qui lorsqu’il a été au gouvernement a mené toute une série d’attaques contre les travailleurs et les jeunes. Avec notamment la loi sur les 35 heures, qui a participé à dégrader les conditions de travail en flexibilisant au maximum les temps de travail ou la préparation des privatisations de certains secteurs du publics. Avec la gauche plurielle sous Jospin, le PC a participé à tout cela et il veut nous faire croire qu’aujourd’hui il mènerait une politique différente ? Quant à Bové, il est finalement revenu sur sa décision de ne pas se présenter aux présidentielle suite au refus de la candidature de la secrétaire nationale du PC par de nombreux militants des collectifs. Bové et Buffet se sont présentés sous le même programme en entretenant des positions tout aussi floues vis-à-vis du PS et en se positionnant pour un vote Royal au second tour dès le début de leur campagne. Ces deux candidats se sont présentés comme des candidats unitaires alors que nous étions bien loin dans ces élections d’une quelconque unité puisqu’il y avait du côté des anti-libéraux 4 candidatures différentes avec celles de la LCR et de LO.

L’absence de la question du nouveau parti des travailleurs

Si nous étions pour une candidature unitaire anticapitaliste, nous avons toujours mis en avant la nécessité que celle-ci se fasse dans la perspective de la construction d’une nouvelle force politique qui soit réellement indépendante des partis bourgeois et dont le programme soit le plus discuté possible avec les travailleurs et les jeunes. Mais les collectifs unitaires étaient loin d’une telle orientation. Il s’agissait à l’origine plus d’un cartel d’organisations qui ont surtout essayé d’éviter d’évoquer la nécessité de la construction d’un parti plus large qui aurait pu mener un programme défendant les intérêts des travailleurs et des jeunes, soutenir et donner une stratégie aux luttes pour que celles-ci ne restent plus isolées. Ce parti aurait un fonctionnement démocratique ce qui permettrait aussi que tous ses militants puissent débattre des éléments du programme politique et participent à la construction de ce nouveau parti. C’est aussi ce manque de structure qui fait que même si Bové est censé représenter les comités, il peut se permettre de déclarer lors de l’entre deux tours qu’il est disponible pour être chargé de mission sur l’alter mondialisme d’un gouvernement PS, et ce même si cette déclaration est loin d’être partagée par la majorité des militants qui l’ont soutenu.

Pourtant, ce nouveau parti de lutte pour les travailleurs et les jeunes, est aujourd’hui une nécessité pour organiser la résistance et combattre les violentes attaques qui seront mises en place par Sarkozy. C’est pour cela que nous pensons que les discussions autour de la question d’un nouveau parti doivent s’ouvrir entre les forces anti capitalistes et c’est aussi pour mettre cette question en avant que nous mènerons campagne dans les villes où nous intervenons.

Par Lise de Luca