Un an après l’échec de la Gauche plurielle…

Aujourd’hui, alors que le gouvernement Raffarin redouble d’attaques qui prolongent celles commencées par le gouvernement Jospin, les principaux partis d’opposition de la Gauche plurielle que sont tout d’abord le PS puis dans une moindre mesure le PCF semblent la tête dans le sac.

Article paru dans l’Egalité n°101

Coincés entre leurs accords de fond sur certaines réformes notamment sécuritaires et la nécessité d’apparaître pour survivre en tant que forces, ils réorganisent leur vie interne. Au mois d’avril, le PC a tenu son congrès national, en mai, c’est celui du PS qui est à l’ordre du jour. Que se passe t’il dans les anciens partis qui étaient au pouvoir il y a un an ?

le PCF : l’alternative imaginaire

En pleine lutte contre la guerre, le PCF a tenu son congrès national. Nombreux de ses militants étaient fortement présents lors des manifestations contre la guerre en province comme à Paris. Mais dans cette lutte, la direction du PCF a été le meilleur soutien de Chirac, l’interpellant sans cesse, s’en remettant à lui pour intervenir auprès de l’ONU. On est loin du pacifisme militant et plus près du nationalisme chauvin! Comment mener la bagarre contre les représentants de la bourgeoisie au pouvoir et dans le même temps s’en remettre à eux pour défendre les intérêts des populations d’Irak et d’Europe ?

Dans la même logique, le congrès a montré ce qu’est le PCF aujourd’hui. C’est un peu un médecin qui diagnostique une maladie grave et qui, quand vous lui demandez comment traiter cette maladie, vous répond: « je la condamne violemment, je la dénonce et je vous soutiens dans votre épreuve  » puis vous laisse repartir sans soins ! Une condamnation incantatoire du capitalisme sauvage mais aucune conclusion pertinente sur la lutte contre ce système et les moyens d’en finir.

Le « plus » de démocratie s’est traduit par l’éventualité de proposer une liste alternative à celle pour le conseil national, ce qui n’a rien donné faute de réelles propositions alternatives à l’orientation portée par Marie-Georges Buffet. Les propositions de construction de la lutte contre la politique de Raffarin et Chirac se cantonnent à répéter que la politique est au service du patronat mais sans propositions concrètes d’actions, sans appel à l’action et à la grève sur les lieux de travail et dans les quartiers. Ce regain d’activisme pendant la guerre contre l’Irak ne suffit pas à convaincre les militants et sympathisants sans projet de société alternatif.

Le PS convalescent

Le PS réunit son congrès mi-mai. Les batailles de tendances tiennent le haut de l’affiche médiatique. Cependant, les militants montrent un désarroi sans précédent. Les courants politiques traditionnels sont en stand-by. Ils se sont un temps rangés derrière Hollande et la direction sortante pour sauver les meubles autour du texte « pour un grand Parti Socialiste : clarifier, rénover, rassembler ». En fait, le titre pompe à lui seul les tendances qui se dessinent dans les cinq textes en lice au congrès.

Clarifier : en effet, le PS a des effectifs qui ont beaucoup changé. 15 000 personnes ont adhéré après le 21 avril 2002 et 1/5ème des membres ne l’était pas en novembre 2000 lors du dernier congrès. Ceci fait beaucoup d’inconnues et rend les votes incertains. Le « Nouveau Monde » de Emmanueli cherche à y répondre en posant des « ruptures » pour « déporter à gauche le centre de gravité du PS » Rénover : Le « Nouveau Parti Socialiste » de Peillon et Montebourg semble être vu comme un coup de viagra pour un parti en mal de projet. Si les objectifs politiques de ce courant sont insaisissables, les ambitions de ses dirigeants sont beaucoup plus visibles : être calife à la place du calife !

Rassembler : Le responsable de la fédération du Nord, Marc Dolez se veut porteur de la parole de la base : « pour que vive la gauche ! »

La direction sortante a tenté de ménager ces aspirations militantes par un rassemblement tactique allant de Fabius à Dray. En tout état de cause, les possibilités offertes par ces textes alternatifs n’ouvrent pas de perspective nouvelle au PS. Clarifier, rénover et rassembler pour les militants sincères ce serait réaliser que la direction ne souhaite qu’une chose, un retour rapide aux affaires après une période de convalescence.

Construire un nouveau parti pour les travailleurs et les jeunes

Un parti qui soit au côté des travailleurs, qui soutienne leurs revendications face aux licenciements, c’est un parti qui a compris qu’ il faut rompre avec le capitalisme. Les dirigeants du PS et du PCF ont fait depuis longtemps le choix de gérer ce système en acceptant d’assommer les travailleurs sous les coups, en privatisant plus que la droite. Les réelles questions posées sont : Le PS est-il un parti qui défend les travailleurs et les jeunes ? Non, il a accru la précarité dans le privé (avec les loi Aubry) et dans les services publics… Le PS est-il un parti alternatif à la droite ? Non, comme le dit Devedjian, lui même (UMP), « il est obligé d’approuver la politique de Chirac », ou bien encore comme Ferry l’explique, la politique de décentralisation dans l’Education est une continuité. Quant au PCF, il a choisi d’être à la remorque du PS…

Par Leila Messaoudi