Les petits pas vers un nouveau parti des travailleurs

La grève générale contre le plan de casse des retraites n’a pas eu lieu. Les travailleurs du privé ne sont pas partis en grève, hormis quelques entreprises les jours de grandes mobilisations.

Article paru dans l’Egalité n°102

L’un des points d’achoppement est que les salariés du privé, mais aussi du public, manquaient de perspectives, c’est-à-dire d’un programme clair de défense intransigeante de leurs intérêts et qui propose une alternative au capitalisme. Mais ce programme n’aurait pas été suffisant, car il manque toujours un parti qui permette de mettre en avant un tel programme et qui organise les travailleurs pour cela.

Depuis 1995, il est devenu évident que les forces pour construire un tel parti existent : militants syndicaux, associatifs ou politiques combatifs et surtout tous les travailleurs et jeunes qui ne supportent plus que de laisser casser tous les acquis sociaux par un patronat et des gouvernements arrogants.

Un tel parti aurait eu pour tâche de mettre tout son poids pour faire partir les travailleurs du privé en grève reconductible, en particulier dans les secteurs centraux que sont le transport ou l’énergie. Il aurait permis aussi de proposer à tous les travailleurs une ligne et une stratégie commune à chaque étape de la grève. Le quasi-silence du PCF durant ces deux mois de conflit montre que les dirigeants de ce parti ne veulent plus remplir ce rôle, après les années d’expérience de participation aux gouvernements de Gauche plurielle et de tentatives d’aménagement du capitalisme.

Faire des pas vers sa construction

Après l’élection de Chirac en 2002, déjà des organisations politiques soulignaient la nécessité de construire un tel parti. Cette question aurait dû jalonner l’ensemble de la lutte. Pour notre part, durant la grève, nous avons organisé des réunions publiques proposant de discuter des perspectives de la lutte, de l’alternative anticapitaliste et de la construction du parti. De nombreux grévistes ont expérimenté l’action politique lors du mouvement, grâce aux structures d’auto-organisation de la lutte. Ces structures leurs ont permis, non seulement d’analyser la situation et d’élaborer des réponses, mais aussi d’aller défendre leurs revendications et la nécessité de la grève auprès d’autres salariés. Cette expérience est positive. La construction d’une nouvelle force devra s’appuyer sur de telles expériences, les coordonner tout en regroupant et fédérant aussi des courants et organisations politiques aux côtés des salariés inorganisés précédemment.

Il est évident cependant, qu’une grève n’est pas suffisante. Mais des pas auraient pu être effectués dans le sens de sa construction, car c’est malgré tout lors des mouvements sociaux que la lutte de classe s’exprime de façon plus aiguë et que par conséquent la conscience des travailleurs progresse le plus rapidement. C’est lors des luttes que les travailleurs prennent conscience de la réalité du système et de la classe sociale qui les exploite, mais aussi et surtout de leur force collective. Malheureusement parfois des outils nous font défaut pour nous défendre et changer le rapport de force dans la société. Le parti des travailleurs aura pourtant toutes les chances de naître des luttes !

Cependant, pour qu’un véritable parti des travailleurs et des jeunes émerge, il lui faudra plus qu’une coordination d’expériences et de revendications. Un nouveau parti des travailleurs doit élaborer un véritable programme de combat en rupture avec le capitalisme, dans l’action commune pour la mise en œuvre de ce programme.

Par Leïla Messaoudi et Yann Venier