L’enseignement supérieur : nouvelle cible du gouvernement Raffarin

Les attaques par le gouvernement Raffarin contre l’Education nationale sont loin d’être terminées. Après avoir réduit le budget de l’Education, le nombre de postes, développé la précarité des personnels (CES, vacataires, et maintenant assistants d’éducation) et commencé des débuts de privatisation (notamment via des réformes) des lycées professionnels, Luc Ferry, ministre de l’Education, s’en prend à l’enseignement supérieur avec son projet de loi d’autonomie des universités.

Article paru dans l’Egalité n°102

Ce projet de loi, visant à renforcer l’autonomie des universités aggravera encore plus les inégalités entre les universités et donc entre les étudiants et les diplômes.

Avec cette loi, Ferry ne fait que poursuivre les réformes libérales des gouvernements précédents qui visent à détruire le service public d’enseignement supérieur.

Rappelons nous de l’ECTS (European credits transfer System) mis en place grâce à la réforme LMD (Licence, master, doctorat) qui fait disparaître la référence aux diplômes universitaires à bac + 2 et bac + 4. Ceci a été voté par la gauche plurielle, et finalisé au sommet de Barcelone en 2001, et mettra en concurrence les universités européennes entre elles et avec celles des Etats-Unis. Ferry poursuit cette réforme qui empêche en fait de nombreux étudiants de faire les études qu’ils souhaitent car celles ci ne correspondent pas aux normes européennes de rentabilité.

Ce système, harmonisé à l’échelle européenne pour soi-disant permettre aux étudiants d’étudier à l’étranger comporte beaucoup d’inconvénients :
Cela ne favorisera qu’une minorité d’étudiants qui ont les moyens de voyager. Ensuite, ECTS va permettre d’augmenter les frais d’inscription et assujettir nos formations aux exigences du marché.

Enfin, le principal objectif de ce nouveau système est de renforcer l’autonomie d’une partie de l’éducation. Ce que Raffarin, Ferry et Cie appellent la décentralisation c’est chercher à renforcer l’autonomie des universités pour en fait les rapprocher des collectivités locales et surtout des entreprises privées !

En effet, les universités, poussées à être de plus en plus autonomes financièrement auront à faire appel à d’autres sources. Pour cela, elles concluront des accords de coopération et de partenariat entre les universités et les collectivités territoriales, qui concerneront la formation professionnelle, l’information et l’orientation des étudiants, la vie universitaire, la gestion de locaux, du personnel et du matériel.

A cet effet, les collectivités locales et les présidents d’Université géreront tout à leur profit et au détriment des étudiants et du personnel universitaire.

Ils privilégieront les filières les plus rentables, supprimant les services non rentables…

De plus, les présidents pourront être élus pour 10 ans, assez de temps pour qu’ils installent leur clique. Par ailleurs, l’inégalité entre régions accentuera encore plus l’inégalité entre universités et par conséquent entre étudiants.

Il est vrai qu’une région “ riche ” n’assurera pas obligatoirement un large budget pour les universités mais il est évident qu’une région pauvre ne pourra pas financer les services nécessaires à une université ouverte à tous. Elles devront faire automatiquement appel aux entreprises privées qui auront un poids énorme sur la vie des étudiants.

Et en échange d’un tel partenariat, il sera certainement demandé à ces étudiants de faire des stages non rémunérés !

Par ailleurs, les Crous (centre régional des oeuvres universitaires et scolaires) deviennent de la compétence des régions. Même logique : plus les régions sont pauvres, plus il y aura des dangers pour les bourses et autres aspects de l’aide sociale (restauration, logement…). A moyen terme, les bourses seront directement payées par les régions et celles-ci en profiteront pour exiger une contrepartie aux étudiants boursiers : travail le week-end ou vacances scolaires (comme cela existe déjà dans certaines municipalités).

Ferry veut à terme supprimer les bourses sur critères sociaux et les remplacer par des prêts bancaires ou des bourses au mérite. Cela se fait en Grande Bretagne, après la suppression des bourses par le gouvernement Blair, où des milliers d’étudiants se retrouvent à la fin de leurs études avec des dettes et sans aucune garantie de trouver un emploi.

De plus, les universités seront propriétaires de leurs locaux. Celles avec des bâtiments prestigieux pourront les louer et les autres possédant des bâtiments délabrés utiliseront plus de moyens pour les restaurer.

Mais Ferry ne s’arrête pas là. Il s’attaque aussi, comme l’a fait son prédécesseur Lang, aux statuts d’enseignant chercheur et aux budgets de recherche, en les diminuant.

Il est évident que la décentralisation vise à casser l’enseignement supérieur et l’Education en général. Si le gouvernement renforce l’autonomie des universités, l’Etat continuera d’en contrôler la gestion mais en donnant plus de moyens aux plus méritantes et compte tenu de leurs programmes et d’autres critères nationaux.

L’objectif du gouvernement et du patronat est de rentabiliser l’enseignement supérieur et d’en faire une source de profit. Ils veulent également former des étudiants qui seraient immédiatement employables dans n’importe quelles conditions, obligés d’accepter des emplois précaires (Mac Do et Cie) pour financer leurs études.

Face à ces attaques majeures sur l’enseignement supérieur nous devons préparer une mobilisation massive, en informant un maximum d’étudiants, en faisant des journées d’actions, des réunions de sensibilisation dans les facs et les lycées pour avancer vers une grève dans les universités.

Il faut par ailleurs lutter avec les emplois-jeunes qui verront leurs emplois supprimés dès la rentrée 2003.

Nous ne voulons pas que l’éducation soit soumise à la dictature des marché. Unifions nos luttes pour une éducation publique, gratuite, laïque et accessible à tous et à toutes !

Disponible sur la plupart des sites Internet y compris du ministère, les différents projets de loi. Vous verrez qu’on n’invente rien !

Par Fatimah Ouadah