Nigeria : Grève générale contre la hausse du prix du carburant

Le 30 juin, une grève générale a été déclenchée pour protester contre la hausse massive du prix des carburants, décrétée par le président récemment réélu Obasanjo.

Article paru dans l’Egalité n°102

Le 20 juin, l’administration Obasanjo a augmenté une fois de plus le prix des produits pétroliers, et ceci de 54% ! C’est la troisième fois depuis la fin du régime militaire en 1999 que le régime augmente le prix de ces produits. Cette hausse a encore une fois pour conséquence l’augmentation du prix des transports. Ceux des autres services et marchandises ne vont pas manquer de suivre et cela entraînera une détérioration encore plus grave des conditions de vie des travailleurs. Entre 1974 et 2002, les 13 augmentations successives des prix des produits pétroliers ont représenté un pourcentage de 29 445,46%, alors que le salaire minimum a lui augmenté de 9 666, 67% (Par comparaison, aux Etats-Unis, le litre d’essence valait 35 cents en 1981 et 31 cents en janvier 2002) !

Le prétexte invoqué par le gouvernement est la nécessité de supprimer les “subventions” gouvernementales sur ces produits. Il prétend que celles-ci coûtent 250 millions de dollars annuels et que l’argent ainsi économisé serait alloué à l’amélioratrion de l’éducation, de la santé, des infrastructures et des services sociaux. Son autre argument est que cela va encourager les investissements privés dans l’industrie pétrolière et éliminer la pénurie récurrente de carburant (un comble pour un des plus gros producteurs de pétrole !). Mais ce sont les mêmes raisons qui ont été données depuis qu’en 1986 la junte du général Babangida a commencé à augmenter les prix du carburant. En réalité, cette hausse n’est que la poursuite des attaques capitalistes néo-libérales contre les travailleurs et les pauvres et les services publics ne se sont évidemment pas « améliorés »…

La principale raison de la pénurie de carburant est la faillite des quatre raffineries de pétrole du pays, malgré les 700 millions de dollars dépensés par le gouvernement depuis 4 ans. Les besoins du pays en pétrole raffiné sont avant tout assurés par l’importation ! Et des millions de dollars de profit sont engrangés au passage par un cartel d’importateurs issus de la classe dirigeante.

C’est ainsi qu’une grève nationale illimitée a été décidée pour le lundi 30 juin. Un comité d’action rassemblant partis d’opposition, syndicats et associations en a été l’initiateur. Nos camarades du Democratic Socialist Movement (DSM) y prennent une part active, se méfiant de l’attitude du Nigeria Labour Congress ( NLC) qui, s’il a appelé à la grève, a aussi été l’organisation qui a cassé les précédentes grèves de juin 2000 et janvier 2002.

La grève du 30 a été un succès massif et a été reconduite pendant toute la semaine. Mais les provocations des jaunes et les violences policières sont vite arrivées. Des tirs de la police ont fait plusieurs blessés. Le régime soi-disant démocratique d’Obasanjo montre son vrai visage à chaque fois qu’il s’agit de réprimer les travailleurs. Alors que Bush devait rendre visite à Obsanjo dans les prochains jours, celui-ci a commencé à négocier avec les organisations syndicales, car la grève menace d’entraîner déjà l’arrêt complet des exportations de pétrole brut. Rappelons les revendications des grévistes :

Annulation totale et immédiate de l’augmentation

Réactivation immédiate et complète des raffineries du pays

Guerre immédiate et réelle contre la corruption dans le pétrole et les autres secteurs économiques

Résistance de masse contre l’augmentation inique et injustifiable

Démission immédiate d’Obasanjo et Atiku, de tous les gouverneurs et fonctionnaires soutenant la hausse des prix des produits pétroliers

Convocation immédiate d’une Conférence Nationale Souveraine démocratiquement élue

On voit que ces revendications opposent une contradiction radicale au gouvernement d’Obasanjo et que des “négociations” ne suffiront pas à résoudre les difficultés du pays et à contrer les attaques contre son peuple.

Par Pascal Grimbert