Brève Irak

Les Etats-Unis dirigent l’occupation de l’Irak en faisant face à une opposition montante. Leurs forces d’occupation tentant d’ouvrir le pays à  » la libre économie de marché ». Les Etats-Unis veulent plus de privatisations et pouvoir réaffecter les ressources et le personnel du secteur public vers le privé, espérant ainsi générer le maximum de profit.

Article paru dans l’Egalité n°102

Paul Bremer, l’administrateur civil américain, reconnaît que ces transferts exacerbent les tensions avec la population locale. Il a néanmoins fait de vagues promesses sur le fait que les bénéfices du pétrole paieraient « la reconstruction sociale du pays ». Mais qui, dans cette histoire, va y gagner? Certainement les compagnies pétrolières américaines en premier, d’autres grandes entreprises de reconstruction et quelques irakiens qui saisiront l’opportunité… Face à l’échec de cette reconstruction monopolisée jusqu’alors par les Etats-Unis, les américains confient, peu à peu, leur rôle à l’ONU tentant ainsi de relégitimer leur occupation. Cet échec a été reconnu par Timothy Carney, un officiel américain : « la coalition avait annoncé que cela ne coûterait que 10 à 20 millions de dollars, mais dans la réalité cela coûtera des milliards de dollars afin de reconstruire le pays ». Paul Bremer, l’administrateur officiel américain, espère donc une aide de l’ONU et de ses agences dans cette tâche impossible de réparer les dommages de la guerre et d’établir un gouvernement civil irakien. Mais dans un élan d’optimisme « très généreux » lorsqu’on est capitaliste, Sergio Viera de Mello, envoyé spécial de l’ONU, disait que si « l’économie va mieux, si le secteur privé va mieux donc il n’y aura plus de chômage ».

Or, avec la privatisation du secteur public notamment la compagnie pétrolière et la dissolution de l’armée irakienne, le pays atteint un taux jamais égalé de chômeurs qui grossissent le flot des manifestants. Des millions d’irakiens de plus, étaient dépendants depuis 12 ans de l’aide humanitaire de l’ONU. Mais avec des infrastructures détruites et un gouvernement moribond, ses aides n’arrivent plus. Sous la coalition US, on continue à mourir de faim et de soif. Les irakiens pro-coalition qui ont été installés sont donc assis sur une véritable poudrière. Le vide politique dans lequel s’engouffre diverses factions religieuses et politiques renforce le cauchemar. Quelque soit le futur gouvernement irakien, il devra de toute façon rembourser la dette du pays contractée par Saddam. Elle s’élève à 128 milliards de dollars (112 milliards d’euros) soit 5 années d’exportations pétrolières du pays.

Par Arnaud Benoist