PCF : Entre désir de révolution et frénésie de mutation

Alors que, l’annèe dernière, la faible affluence à la Fête de l’Humanité laissait craindre l’accélération du déclin de cette grande manifestation populaire, l’édition 2001 a connu un succès beaucoup plus grand, particulièrement sensible aux abords de la Grande scène. Difficile de dire si c’était dû d’abord à la gravité de la situation internationale, à l’actualité sociale française (avec les LU de Calais et d’autres boîtes en lutte), aux échéances internes du PCF (choix du candidat pour les présidentielles et préparation du 31ème congrès) ou tout simplement à des têtes d’affiche plus porteuses (Patrick Bruel, Manu Chao et Compay Segundo).

Article paru dans l’Egalité n°90

Le grand forum sur les attentats aux USA et les menaces de guerre a naturellement rassemblé beaucoup de monde et on a pu logiquement y constater que les troupes ne suivaient pas sans hésitation ni murmures les appels de Robert Hue à la solidarité avec  » les dirigeants que les Américains se sont donnés « .

Gayssot l’illusionniste ?

Toujours entouré de ses PDG préférés, Gayssot a encore montré ses talents de manipulateur de chiffres : il a une fois de plus comparé les embauches qu’il a programmées à la SNCF avec les suppressions d’emplois des décennies précédentes alors que la plus grande partie de ces nouveaux cheminots servira à remplacer ceux qui partent en retraite. La courbe des effectifs s’infléchit dans le bon sens mais pas autant que le Ministre veut nous le faire croire. De même quand il se glorifie de doubler le trafic ferroviaire de fret en oubliant de préciser que, sur la même période, on prévoit aussi un doublement du tonnage de marchandises transportées par la route…

A l’un de nos camarades qui se plaignait que la carte orange continue à augmenter plus vite que l’inflation alors qu’il faudrait aller vers la gratuité, notre illusionniste a répondu qu’en moyenne, les tarifs baissent puisqu’il ne faut plus qu’un ticket pour toute une ligne de bus de banlieue, au lieu de plusieurs autrefois, ce qui est vrai mais ne concerne qu’une infime partie des déplacements en Ile-de-France. Et il plaide pour le maintien de la détaxation du kérozène et pour la reprise des vols de Concorde, le plus pollueur des avions et donc de tous les moyens de transport.

Patrick Le Hyaric ne se dope pas

Dans le prolongement d’une intéressante série d’articles parue dans l’Huma sur le thème  » Désir de révolution « , un débat avec certains des auteurs a permis de voir combien l’idée restait présente mais aussi combien, pour certains, le terme évoquait d’abord la violence, comme si, en l’absence de révolution, nous ne connaissions que le lait de la tendresse humaine. Le problème, c’est que, quelques minutes plus tôt, dans son grand discours, le directeur du journal, Patrick Le Hyaric, avait déclaré, entre autres marques de satisfaction :  » Depuis 97, la politique menée n’est pas non plus celle conduite sous la direction de socialistes ou de sociaux-démocrates dans les pays voisins. Nous avons la faiblesse de penser que nous y sommes pour quelque chose « . En fait de faiblesse, c’est celle des ambitions qu’il faut relever. La lutte de Marie-George Buffet contre le dopage des sportifs est peut-être exaltante, mais le PCF devrait songer à doper ses dirigeants.

Alors que l’idée de gratuité du logement, relancée elle aussi dans l’Humanité, notamment par le député-maire de Bobigny Bernard Birsinger, rencontre de nombreuses objections dans le Parti, les opposants ne se sont guère manifestés dans le débat organisé sur ce thème. Même si, dans le détail du projet, il ne s’agit pas exactement de gratuité absolue, voilà une utopie bien sympathique pour s’évader de la gestion besogneuse du système à quoi se résume souvent le  » communisme municipal « .

Débat interne

Pendant ce temps, les candidat(e)s à la candidature continuent à produire quelques paragraphes dans chaque supplément hebdomadaire de l’Huma. Partis à 10, ils ne sont plus que 8 : Pierre Lévy, que l’on savait déjà proche du MDC, a tiré prétexte de la solidarité de Hue avec Bush pour se rallier à la candidature de Chevènement…au moment même où celui-ci s’alignait un peu plus que prévu sur Chirac et Jospin, alliés presque inconditionnels des USA. Quant au prétendant de la Gauche Communiste, René Le Bris, il se retire parce qu’il juge la partie avec Robert Hue par trop inégale.

Malgré un certain nombre d’actions communes menées par les différents courants oppositionnels (les Rouges Vifs étant les plus visibles), aucun des candidats restant en lice ne fait figure de candidat commun.

Nous verrons bientôt si, dans la préparation du prochain congrès, ils unissent leurs forces pour faire échec à la frénésie de mutation social-démocrate de la fraction dirigeante. Avis aux amateurs, les contributions des militants commencent à paraître dans les pages « CommunisteS » du mercredi…

Par Jacques Capet